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Liban - Crise politique

Bassil chez Hariri, une petite brèche dans l’immobilisme ambiant

Le Premier ministre sortant refuse une nomination assortie de conditions pour diriger la nouvelle équipe ministérielle.

Le Premier ministre sortant, Saad Hariri (à dr.), recevant en décembre 2018 à la Maison du Centre le ministre sortant des Affaires étrangères, Gebran Bassil. Photo d’archives

L’entretien du Premier ministre sortant, Saad Hariri, avec le chef du CPL, Gebran Bassil, le premier depuis le début du soulèvement le 17 octobre, a constitué hier une petite brèche dans l’immobilisme politique qui n’a que trop duré.

La réunion de près de quatre heures, entrecoupée d’un déjeuner, s’est tenue loin des feux de la rampe. Elle a été rendue possible grâce à une médiation du directeur de la Sûreté générale, le général Abbas Ibrahim, qui aurait convaincu Gebran Bassil de se rendre lui-même à la Maison du Centre, alors que ce dernier prévoyait de dépêcher une délégation du CPL auprès du Premier ministre sortant.

De sources proches du chef du CPL, on s’est contenté de mettre l’accent sur le caractère « positif » des échanges, dont les résultats devraient apparaître « dans les heures à venir ». Les tractations sont cependant loin d’être finies, bien que les concertations officieuses sur les différents scénarios de sortie de crise – qui ne feraient pas perdre leurs acquis aux principales parties politiques, désavouées par une foule qui appelle à la chute d’un système politique verrouillé et sclérosé – se soient intensifiées avec la démission de Saad Hariri, il y a une semaine.


(Lire aussi : La contestation de gauche face au Hezbollah)


Ces concertations devraient normalement déboucher sur le lancement des consultations parlementaires contraignantes pour la nomination d’un nouveau Premier ministre qui sera chargé de former un gouvernement dont la nature reste encore à définir. Le principe d’un recours à des spécialistes dans la nouvelle équipe ministérielle est acquis, mais on en est toujours à discuter de la place qu’il faudra leur accorder dans un cabinet dont on continue à dire qu’il sera techno-politique, c’est-à-dire composé de personnalités qui veilleront au maintien des orientations politiques de l’exécutif aux côtés de celles qui seront chargées des dossiers techniques. Devant Gebran Bassil, Saad Hariri a répété hier qu’il reste déterminé, si jamais il est nommé pour diriger la nouvelle équipe ministérielle, à former un gouvernement neutre, sans figures parlementaires, de nature à inspirer confiance au peuple et à la communauté internationale, dont les vœux se recoupent finalement, et qu’il n’est pas question pour lui d’accepter d’être nommé sous conditions.

L’argumentation du chef du CPL reste la même, à savoir que la conjoncture actuelle commande la présence de politiques, voire de députés au sein du gouvernement, étant donné que des décisions engageant le sort du pays devraient être prises. Mais pour M. Hariri, cet argument ne tient pas la route, puisque ce genre de décisions est de toute façon pris au Parlement.


(Lire aussi : « Nous n’avons plus rien à perdre, nous n’avons plus que la rue »)


Un décalage énorme
Entre la foule massive de contestataires – au nom desquels Saad Hariri s’exprime paradoxalement – et le pouvoir en place, le décalage reste ainsi énorme, la majorité que représente le tandem CPL-Hezbollah étant apparemment déterminée à concéder aux manifestants juste de quoi, selon le tandem, apaiser leur colère, sans que son emprise sur la vie politique n’en soit ébranlée.

À Baabda où l’on continue de miser sur le facteur temps, arguant de l’absence de textes constitutionnels fixant un délai déterminé au chef de l’État pour engager les consultations parlementaires contraignantes, on indique, de sources politiques, que le président Michel Aoun soutient toute formule fédératrice devant favoriser la naissance d’une nouvelle équipe ministérielle. Par ailleurs, Baabda justifie le retard dans le lancement des consultations parlementaires par la nécessité d’assurer « un climat politique propice » afin de garantir le succès des consultations en cours.

En d’autres termes, il faut qu’un consensus se dégage sur la nature et la composition de la nouvelle équipe ministérielle avant que Michel Aoun ne convoque les députés pour les consultations d’usage qui seraient de pure forme.

De sources politiques proches de Baabda, on confirme cette tendance en soulignant que la personnalité qui sera chargée de former la nouvelle équipe ministérielle sera elle-même un signe indicateur de la nature du nouveau gouvernement. Concrètement, cela signifie que la nomination de Saad Hariri pour diriger le deuxième gouvernement du mandat Aoun reste tributaire de sa volonté de « retrouver le CPL et le Hezbollah à mi-chemin » et de s’engager à suivre une politique étant, au plan stratégique, dans le prolongement de celle du gouvernement démissionnaire, qui assurait au Hezbollah la couverture politique dont il a besoin face aux pressions internationales croissantes.


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L’entretien du Premier ministre sortant, Saad Hariri, avec le chef du CPL, Gebran Bassil, le premier depuis le début du soulèvement le 17 octobre, a constitué hier une petite brèche dans l’immobilisme politique qui n’a que trop duré.La réunion de près de quatre heures, entrecoupée d’un déjeuner, s’est tenue loin des feux de la rampe. Elle a été rendue possible grâce à une...

commentaires (17)

QUAND CERTAINS PIEDS-NUS SONT -NOMMES- MINISTRES, OBTIENNENT DE CERTAINS PAYS DES CONTRATS DE PETROLE AU NOMS DE SOCIETES OFSHORE DIVERSES, DEVIENNENT DES PROPRIETAIRES DE VILLAS, DE TERRES, DE YACHTS, D,AVIONS PRIVES ETC... IL NE FAUT PAS TROP CHERCHER ! LA CORRUPTION ET LA POURRITURE CRIENT A HAUTE VOIX.

LA LIBRE EXPRESSION

20 h 50, le 05 novembre 2019

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Commentaires (17)

  • QUAND CERTAINS PIEDS-NUS SONT -NOMMES- MINISTRES, OBTIENNENT DE CERTAINS PAYS DES CONTRATS DE PETROLE AU NOMS DE SOCIETES OFSHORE DIVERSES, DEVIENNENT DES PROPRIETAIRES DE VILLAS, DE TERRES, DE YACHTS, D,AVIONS PRIVES ETC... IL NE FAUT PAS TROP CHERCHER ! LA CORRUPTION ET LA POURRITURE CRIENT A HAUTE VOIX.

    LA LIBRE EXPRESSION

    20 h 50, le 05 novembre 2019

  • Les deux protagonistes feront mieux de laisser la place à d'autres acteurs , au moins pour un gouvernement transitoire qui essaiera de donner un nouveau souffle à la vie politique.. On a tellement besoin de changement, notamment pour ceux qui sont dans la rue. Pour un changement utile, la nouvelle équipe devrait jouir de pouvoirs exeptionnels de légiférer, notamment en matière de corruption et de récupération de fonds, etc... Autrement, le pays continuera de souffrir des mêmes maux sans remède valable. Tout nouveau consensus à l'ancienne , est à déplorer.

    Esber

    17 h 36, le 05 novembre 2019

  • "Elle a été rendue possible grâce à une médiation du directeur de la Sûreté générale, le général Abbas Ibrahim" ... Abbas Ibrahim semble être le seul sur qui on peut compter... Un ministère d'une dizaine de Abbas Ibrahim, voilà ce qu'il nous faut. Une équipe sérieuse, efficace, concentrée qui resout et travaille sans fanfare pour la gloir du Liban ey le bien du oeuple libanais. Keep dreaming

    Wlek Sanferlou

    13 h 47, le 05 novembre 2019

  • Bassil chez Hariri, une petite brèche dans l’immobilisme ambient J'AURAI PREFERE UNE PHOTO ACTUELLE DE LA RENCONTRE ON AURAIT VU LES VRAIS VISAGES D'AUJOURDH'UI A TOUT CEUX QUI CRITIQUENT LA "REVOLUTION", PARTIS ET INDIVIDUELS, JE DEMMANDE SINCEREMENT LA QUESTION SUIVANTE VOULEZ VOUS QUE LE PAYS CONTINUE COMME IL A ETE GOUVERNE DEPUIS 1990 OU MEME DEPUIS 3 ANS SEULEMENT OU VOULEZ VOUS DU CHANGEMENT? SI VOUS VOULEZ CONTINUER A L'IDENTIQUE C'EST QUE VOUS ETES UN MOUTON QUI SUIT SON LEADER AVEUGLEMENT MEME SI C'EST UN VOLEUR OU UN NUL SI VOUS VOULEZ UN CHANGEMENT , POUVEZ VOUS NOUS EXPLIQUER COMMENT L'OBTENIR SANS CES MANIFESTATIONS DE RUE? JE PART DU PRINCIPE QUE TOUTE PERSONNE DE BONNE VOLONTE VEUT LE CHANGEMENT ET NE PEUT PLUS ACCEPTER CETTE SITUATION DONC POURQUOI AUCUN POLITICIEN NE PROPOSE UNE SOLUTION RAISONNABLE A PART DES SLOGANS STYLE JE NE SUIIS PAS UN VOLEUR MAIS LES AUTRES LE SONT ALORS QUE NOUS SAVONS QUE TOUS SONT DANS LE BAIN CAR C'EST LA BASE DE LA MOUHSSASSA? LA CONFIANCE DANS CES PERSONNES QUI NOUS DIRIGENT EST COMPLETEMENT PERDUE FAISONS UN NOUVEAU GOUVERNEMENT DE PERSONNES NON POLITIQUE ET SPECIALISES DANS LEURS DOMAINES ET LA CHAMBRE CAD LES POLITICIENS POURRONT TOUJOURS AVOIR LEUR MOT A DIRE SI LEURS DECISIONS SONT CONTRAIRE A L'INTERET DU PAYS QUE PERDONS NOUS A ESSAYER ? REPONDEZ SINCEREMENT CAR PIRE QUE CE QUE NOUS AVONS EST PRESQUE IMPOSSIBLE EN TOUTE SINCERITE ET SANS AUCUN PARTIPRIS

    LA VERITE

    13 h 09, le 05 novembre 2019

  • AU LIEU DE DISCUTER DE LA CRISE EXISTENTIELLE AVEC HARIRI LE CHEF DE L,ETAT LUI DELEGUE LE GENDRE REFUSE PAR LES MANIFESTANTS.

    LA LIBRE EXPRESSION

    13 h 06, le 05 novembre 2019

  • De toutes façons les réfugiés syriens et palestiniens nous dépasserons bientôt en grand nombre pendant que nous rêvons d'une révolution ! Il y aura peu de place pour nous originaires de ce pays ... Et pour moi une révolution sans leaders n'est guère rassurante : Pour pasticher Georges Naccache je dirais : Une cacophonie ne fait pas une symphonie ...c'est du desordre

    Chucri Abboud

    11 h 43, le 05 novembre 2019

  • Les " révolutionnaires " à la noix de petit cola , je vous rassure ça existe, doivent se dire " si on avait su ...." ... Hahahaha... Allez les enfants, rentrez chez vous, on apprend pas au vieux singe à faire la " soupe" à la grimace, made in usurpation.

    FRIK-A-FRAK

    11 h 10, le 05 novembre 2019

  • Des milliers de Libanais demandent depuis une vingtaine de jours un changement radical dans la façon de diriger le Liban...mais nos responsables continuent de préparer en douce la même mixture qu'avant, avec juste quelques "retouches" du maquillage, persuadés que cela marchera auprès des protestataires. Pendant ce temps, la situation financière, économique et sociale continue de se détériorer. Mais l'essentiel...reste de contenter: 1) le parti iranien Hezbollah "résistant" autant qu'il peut à la souveraineté du Liban sur ordre du BIG BOSS à Téhéran, infatigable promoteur de paix au Proche Orient 2) son allié, phare brillant de patriotisme le CPL et ses deux chefs, l'ancien et le nouveau Donc nous attendons...quoi au juste ? Irène Saïd

    Irene Said

    10 h 44, le 05 novembre 2019

  • L’ensemble de la classe politique tous bords confondus a prouvé depuis des années son incompétence totale dans tous les domaines. Il est donc grand temps qu’ils rentrent chez eux et soient remplacés par des personnes apolitiques et techniquement compétentes issues de la société civile.

    Lecteur excédé par la censure

    10 h 16, le 05 novembre 2019

  • La désorganisation de la rue , le mécontentement généralisé des citoyens vis-à-vis de la fermeture des routes qui empoisonne ces journées n'est pas fait pour aider ces pseudo-révolutionnaires à la noix !

    Chucri Abboud

    10 h 09, le 05 novembre 2019

  • Notre président pour montrer sa bonne foi vis à vis des citoyens devrait demander le gel de tous les comptes des responsables politiques dans le monde. Le peuple doit exercer son droit de désobéissance civile en refusant de payer leurs factures d’eau, d’électricité, de téléphone et des impôts jusqu’au déblocage politique. On travaille on touche son salaire mais on ne verse pas un centime à l’etat. Ce sera l’arroseur arrosé. Le pourrissement de la situation devrait toucher la classe politique en premier. Mais pour cela il ne faut pas trembler. Ils agitent l’épouvantail de la guerre civile pour échapper au jugement et à la prison., et quelques un y croient. C’est pas le moment de flancher. Si le Liban fait faillite ce sera la responsabilité des responsables politiques en premier. Et si notre pays ne doit plus exister politiquement et se transformer en jungle, Les lions ne seront plus les politiciens mais les citoyens. Tant méprisé

    Sissi zayyat

    10 h 08, le 05 novembre 2019

  • "À Baabda, l’on continue de miser sur le facteur temps". Eh oui! On laisse pourrir la situation. Le temps joue contre les contestataires,certes, mais aussi contre le Liban! "la majorité que représente le tandem CPL-Hezbollah étant apparemment déterminée à concéder aux manifestants juste de quoi, selon le tandem, apaiser leur colère, sans que son emprise sur la vie politique n’en soit ébranlée." Je ne vois pas comment cela serait possible. Si l'emprise du Hezbollah et du CPL n'est pas entamée, rien n'apaisera la colère des manifestants. "il faut qu’un consensus se dégage sur la nature et la composition de la nouvelle équipe ministérielle avant que Michel Aoun ne convoque les députés pour les consultations d’usage qui seraient de pure forme." Même méthode que pour l'élection présidentielle. Est-ce ainsi que l'on prétend respecter laa Constitution?

    Yves Prevost

    07 h 54, le 05 novembre 2019

  • en fait je viens de lire sous la photo qu'elle date de decembre 2018.... mea culpa ! mais rien ne dit qu'ils n'etait pas aussi souriants hier.

    Le Herisson

    07 h 36, le 05 novembre 2019

  • quels beaux sourires!!! ils posent pour une pub de dentifrice ou quoi? en fait ils doivent se moquer de nous.... le peuple. ils vivent dans un autre monde et n'ont que faire des problemes des gens..... mais c'est peut etre notre faute puisque nous les avons elus helas!

    Le Herisson

    07 h 35, le 05 novembre 2019

  • Et rebelote .... quand est ce qu’ils vont comprendre qu’on en a marre de payer pour les autres ?!?!?!iran Syrie etc

    Bery tus

    06 h 46, le 05 novembre 2019

  • La rencontre entre Hariri et Bassil est une perte de temps car la "Révolte" ne veut pas d'eux. Bassil insiste à se repositionner en dépit du fait qu'il est rejeté par les protestataires et par tous les partis politiques. À l'exception du Hezbollah. Il éclipse le Président et prend sa place dans la nomination du premier ministre et la composition du prochain gouvernement. Il se caractérise par une obsession maladive de devenir Président mais aussi un besoin excessif d'être admiré et un manque d'empathie. Derrière lui c'est toute la "moumanaa" qui tergiverse et rejette l'idée d'un gouvernement apolitique car elle anticipe des répercussions négatives : - L’anxiété a déjà gagné la majorité des dirigeants et administrateurs qui craignent d’être trainés dans les tribunaux. - L’affaiblissement du système politique communautaire réduirait les acquis des clergés et des partis communautaires tels que le CPL, le Hezbollah, et d'autres aussi. - Le risque d'un dérapage du master plan régional du Hezbollah qui est bâti sur une force armée, une milice para-militaire a usage interne, un contrôle des positions clés de l'État, une majorité parlementaire, et un mandat qui lui est favorable.

    Zovighian Michel

    04 h 28, le 05 novembre 2019

  • Mais ce jeu mesquin que le Président veut jouer avec son gendre, avec en coulisses le Hezbollah qui tire les ficelles devient très évident et assez dangereux! On mise encore sur l’essoufflement de ce mouvement populaire, on fait croire que rien ne sera fait tant que le CPL et le Hezbollah ne feront pas partie du nouveau gouvernement, se considérant les maîtres du terrain et n’ayant rien à se reprocher! Ce mouvement populaire d’ingratitude, suspect de par ses origines, doit être étouffé dans l’oeuf, voire canalisé par des petits remaniements bidon pour rassurer la populace: c’ est de toute évidence le programme envisagé! Donc, où ce projet passe où ça casse avec le pourrissement de la situation, le chaos, le retour de la violence dans les rues: ce sera le suicide collectif et, après moi le déluge, car ils s’en laveraient les mains et joueront aux victimes d’un complot machiavélique imperialo-sioniste... Scénario fort vraisemblable, quand on pense à l’ego démesurée de ces gens-là qui auront tout à perdre s’ils acceptent le diktat des foules! Pourvu qu’on se trompe et qu’une étincelle d’humanité,d’honnêteté et de modestie puisse toucher leurs cerveaux sclérosés!

    Saliba Nouhad

    03 h 15, le 05 novembre 2019

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