Rechercher
Rechercher

Liban - Manifestations

Comment expliquer le silence radio du chef de l’État ?

Pour le CPL, Michel Aoun sortira de son mutisme au moment opportun. Dans le camp opposé, on évoque « le déni » et déplore une « politique de l’autruche ».

Le président de la République Michel Aoun. Photo Dalati et Nohra

Jusqu’à ce mercredi 19h, sept jours après le début du soulèvement populaire, le président de la République Michel Aoun ne s’était toujours pas adressé au peuple libanais. Le mutisme dans lequel il s’est enfermé est tel que la présidence s’est vue contrainte, mardi, de démentir les rumeurs selon lesquelles l’état de santé de M. Aoun se serait détérioré. Malgré les appels répétés du peuple qui demande au « père de tous » de s’adresser à ses « enfants » et malgré les slogans appelant au départ du chef de l’État et les plaisanteries parfois virulentes à son encontre, comment expliquer ce silence radio de la présidence ?

Eddy Maalouf, député du CPL, assure que le président de la République « observe et étudie la situation de près ». « Il s’adressera au peuple lorsqu’il jugera le moment opportun, insiste-t-il. S’il va s’adresser au peuple c’est pour dire des choses déterminantes. Les idées dans ce sens sont en train de mûrir. » Sortira-t-il de son silence dans l’immédiat ? « Le général Aoun sait à quel moment il doit parler. Il ne faut croire dans ce sens que les sources présidentielles. »

« C’est le déni total et la pire forme d’irresponsabilité », s’indigne de son côté Élias Hankache, député Kataëb du Metn. « Deux millions de personnes sont descendues dans la rue pour dire à la classe politique qu’elles ne veulent plus d’elle, qu’elles ne la croient plus et qu’elles n’ont rien à faire de son plan de réformes parce qu’elle est incapable et incompétente, ajoute-t-il. Que veulent de plus les responsables pour se désister ? Est-il possible qu’après sept jours de manifestations continues, ils n’ont pas encore compris ? »

« C’est cette classe politique qui a fait sombrer le pays dans cette crise socio-économique, ajoute M. Hankache. Elle est incapable de l’en tirer. D’ailleurs, elle ne peut pas opter pour de vraies réformes parce que celles-ci vont à l’encontre de ses propres intérêts. Prennent-ils les gens pour des idiots ? La solution c’est que ce gouvernement démissionne et qu’un cabinet d’experts soit formé pour une période transitoire avec pour mission principale d’organiser des législatives anticipées. »


(Lire aussi : L’aveul'éditorial de Issa GORAIEB)


Gagner du temps

Depuis le déclenchement des manifestations, l’armée a sécurisé le périmètre du palais présidentiel. Les activités du président Aoun se sont limitées à recevoir quelques visiteurs, outre une délégation représentant les manifestants, à laquelle il a assuré vendredi soir: « Je vous comprends. Vos souffrances sont les miennes et je ferai de mon mieux pour les alléger. »

« Nous attendons que le président agisse plutôt que de parler, affirme Georges Okais, député Forces libanaises de Zahlé. Le Liban a à son actif cent ans de démocratie et c’est le seul pays démocratique de la région. Il n’y a pas plus beau que ce peuple qui a investi les rues réclamant ses droits, sans que des heurts n’aient lieu – mis à part bien sûr, les deux premières nuits. C’est la révolution la plus pacifique qui ait jamais eu lieu. Après trente années de désespoir, les gens peuvent enfin espérer de nouveau. Face à cela, les responsables continuent à pratiquer la politique de l’autruche. » Le député estime que la classe politique mise sur « la fatigue des gens, sur les affrontements entre le peuple et l’armée, sur la politisation du mouvement de protestation ou essaient de détourner les regards vers des conflits internes, comme le conflit FL-CPL ». « Je vous assure que les gens dans la rue sont au-delà de tout cela, affirme M. Okais. Chercher à provoquer l’opinion publique ne sert à rien. C’est la plus belle révolution contre le pouvoir le plus exécrable. »

M. Okais estime que le mutisme des responsables n’a pour objectif que de « gagner du temps ». « Les responsables sont contents que la communauté internationale n’a pas encore réagi de manière vive, explique-t-il. C’est à leur avantage. Par ailleurs, en recevant hier (mardi) les ambassadeurs du groupe international de soutien au Liban, le Premier ministre (Saad Hariri) fait croire aux gens que la communauté internationale le soutient. Or les gens n’ont pas attendu l’avis de la communauté internationale pour descendre dans la rue. C’était spontané. »

Même le chef du CPL, Gebran Bassil, qui était prolifique dans ses tweets, ne s’est pas manifesté sur son compte ni en public depuis vendredi soir, date à laquelle il s’était adressé aux Libanais à partir du palais de Baabda.




Lire aussi

Le remaniement ministériel, premier pas sur la voie d’une solution ?

Législatives anticipées : beaucoup de pour...et quelques contre

Pourquoi Bassil est-il la cible n° 1 des mécontents ?

Le chef de l’État s’entretient au téléphone avec le propriétaire de la MTV

Quand les Libanais commentent avec humour le mouvement de contestation


Jusqu’à ce mercredi 19h, sept jours après le début du soulèvement populaire, le président de la République Michel Aoun ne s’était toujours pas adressé au peuple libanais. Le mutisme dans lequel il s’est enfermé est tel que la présidence s’est vue contrainte, mardi, de démentir les rumeurs selon lesquelles l’état de santé de M. Aoun se serait détérioré. Malgré les...

commentaires (7)

PAS SORCIER A DEVINER : 1- il espere tres fortement que les citoyens se fatiguent, que qq chose leur tombe du ciel qui fasse QU'ILS retournent chez eux etc...... 2-il espere une formule miraculeuse qui renflouerait sa position, celle de jobran ET celle de Hassan nasrallah sans les egratigner ou presque pas les compromissions/compromis/accords passes avec les associes au ( aux ) pouvoir (s ), excepte l'armee libanaise TOUT MAIS PAS perdre leurs positions . TOUT MAIS PAS pour le bien de la nation .

Gaby SIOUFI

11 h 40, le 24 octobre 2019

Tous les commentaires

Commentaires (7)

  • PAS SORCIER A DEVINER : 1- il espere tres fortement que les citoyens se fatiguent, que qq chose leur tombe du ciel qui fasse QU'ILS retournent chez eux etc...... 2-il espere une formule miraculeuse qui renflouerait sa position, celle de jobran ET celle de Hassan nasrallah sans les egratigner ou presque pas les compromissions/compromis/accords passes avec les associes au ( aux ) pouvoir (s ), excepte l'armee libanaise TOUT MAIS PAS perdre leurs positions . TOUT MAIS PAS pour le bien de la nation .

    Gaby SIOUFI

    11 h 40, le 24 octobre 2019

  • Par le fait qu'il n'est pas réellement chef de l'Etat Libanais ! Qu'il a les mains liées par ceux qui lui ont permis d'accéder au fauteuil présidentiel le 31 oct. 2016, mais à leurs conditions qu'il applique à la lettre ! Et qu'à son âge...on n'a plus la même énergie nécessaire pour cette fonction ! A part dans certains pays au régime totalement corrompu et dictatorial, combien de chefs d'état ont largement dépassé les 80 ans d'âge ? Irène Saïd

    Irene Said

    09 h 09, le 24 octobre 2019

  • Vous ne pensez pas que le Président est totalement dépassé par les événements et encore en état de choc! Lui qui se prenait pour le « père de tous », qui promettait monts et merveilles à ses suiveurs ébahis, qui avait son propre plan de sauvetage du pays (surtout les chrétiens), qui n’écoutait personne et déléguait son gendre un peu partout avec une arrogance et un bagout sans pareils... Et paf, réveil brutal, inattendu, insulté par tant d’ingrattitude de la part de cette racaille de moutons de Panurge qui n’ont rien compris à son programme salvateur et qui descendent dans la rue pour réclamer le départ de tout le monde et aussi lui-même et son gendre? Là, c’en est trop et il ne comprend plus, la déception est énorme, son ego démesuré en prend un gros coup et il se sent un peu paralysé par cette situation! Ça expliquerait donc très bien le silence radio du chef de l’état... Mais, gare au réveil: pourvu qu’il ne soit pas brutal!

    Saliba Nouhad

    02 h 15, le 24 octobre 2019

  • Les choses ne doivent pas continuer ainsi pour éviter l'imprévisible.

    Antoine Sabbagha

    22 h 39, le 23 octobre 2019

  • The political class is out of touch with the people. Lebanon has one of the worst rates of income inequality and lack of affordability in the world. A large proportion of the population can no longer afford basic needs. 10% of the population gets a salary, +/- benefits, from the government, and are living at the expense of the other 90%. A large proportion of taxes collected go toward servicing the debt - paying interest without principal, and paying government employees, many of whom do not enough work. Each entrenched leader has maneuvered to hire more of its clan into government positions in order to preserve his power. Most the money in the banks is used to finance government debt and salaries, without much money left to invest in the private sector or create jobs. Economic growth has languished at 0-1%, exacerbated by the Syrian civil war. The new salary grid with the tax increases has eroded further the purchasing power of the poor and the middle class sending the country into economic recession. Interest rates are too high, due to the high government debt, and the downgrade of the credit rating, which disincentives any private sector investment. To add insult to injury, this government has significantly reduced subsidies to the housing sector, which have been hijacked by the uber-rich, instead to helping the middle class to purchase homes. Meanwhile, the government and parliament have been dragging their feet on implementing any meaningful reforms.

    Mireille Kang

    20 h 17, le 23 octobre 2019

  • Encore un indice supplementaire de cette classe completement deconnecté de la realité, qui ne comprend plus le peuple et n’arrive plus a gérer une situation qui les submerge. Que dire d’un president qui a cet age, devrait prendre sa retraite et laisser la place a quelquun plus représentatif du peuple, de ses aspirations et de ses ambitions. If failure was an image, this is it

    Thawra-LB

    19 h 44, le 23 octobre 2019

  • I FELLOU KELLON. LE PEUPLE N,EN VEUT PLUS. QU,ATTENDENT-ILS ? N,ONT-ILS PAS UN GRAMME D,AMOUR PROPRE ? OUST ! DEGAGEZ TOUS ! KELKON YE3NE KELKON ! C,EST LA VOLONTE DU PEUPLE.

    LA LIBRE EXPRESSION

    19 h 30, le 23 octobre 2019

Retour en haut