Photo d'illustration AFP
Le ministre libanais des Télécoms, Mohammad Choucair, a annoncé jeudi soir sur les chaînes locales avoir décidé de retirer sa décision de taxer l'utilisation des applications de messagerie instantanée comme WhatsApp, Skype ou Viber, une mesure rendue publique jeudi matin et qui n'avait pas tardé à pousser des milliers de manifestants dans les rues de la capitale et dans les grandes villes du pays.
"Le Premier ministre Saad Hariri m'a demandé de retirer la décision d'imposer une taxe de 20 centimes sur (les appels) WhatsApp", a annoncé le ministre à la chaîne MTV, avant de confirmer cela dans un appel à la chaîne LBCI.
Jeudi matin, le ministre libanais de l'Information, Jamal Jarrah, avait confirmé que le gouvernement avait approuvé l'imposition d'une nouvelle taxe sur l'utilisation des applications de messagerie instantanée comme Whatsapp, Skype ou Viber. "Une taxe de 20 centimes de dollar par jour sur les appels via les services de messagerie tels que Whatsapp et Viber a été approuvée et nous commencerons à appliquer cette mesure à partir du 1er janvier 2020", avait annoncé M. Jarrah, à son arrivée au Conseil des ministres. Il avait précisé plus tard que cette augmentation générerait environ 200 millions de dollars de recettes par an.
Le ministre des Finances Ali Hassan Khalil avait expliqué que cette taxe n'est pas une mesure inclue dans le projet de budget pour l'exercice 2020, mais une décision du ministre des Télécommunications . "Je suis engagé à ne pas imposer de nouvelles taxes aux Libanais", avait-il ajouté à l'issue d'une réunion consultative avec le Premier ministre, Saad Hariri, et d'autres ministres, à l'issue de la réunion du gouvernement. Et de poursuivre : "Nous n'avons toujours pas abouti à accord concernant un panier de mesures fiscales".
(Pour mémoire : Les réformes-clés du budget 2020 toujours en suspens)
Conseil des ministres à Baabda vendredi
La décision d'imposer une taxe aux utilisateurs de WhatsApp, Viber, Facebook Call, Skype, Face Time et toutes les applications similaires, normalement gratuites, avait été approuvée dans un premier temps alors que le ministère des Télécoms a connu ces deux dernières années une diminution de ses recettes. La cause de cette baisse des rentrées financières a été identifiée comme étant l'utilisation des applications permettant de passer des appels sur base du principe du VoIP (Voice Over Internet Protocol). Ce service permet la diffusion du flux de la voix sur les réseaux Internet, au lieu des réseaux téléphoniques traditionnels.
La décision d'imposer cette nouvelle taxe a été dénoncée par de nombreuses ONG et a poussé jeudi soir dans les rues des milliers de Libanais qui ne semblaient pas décolérer, même après le retrait de la décision du ministre des Télécoms.
Dans ce contexte, notre correspondante Hoda Chedid a rapporté que le président de la République, Michel Aoun, a contacté le chef du gouvernement et a évoqué avec lui les derniers développements. Il a ensuite été décidé de tenir la Conseil des ministres prévu demain au sein du palais présidentiel de Baabda et non au Grand Sérail.
Les tarifs les plus élevés de la région
L'ONG SMEX (Social Media Exchange), basée au Liban et préconisant l’autorégulation de l’information sur les réseaux Internet au Proche-Orient, avait dénoncé sur son compte Twitter la décision d'imposer de nouvelles taxes sur ces messageries, alors que "le Liban pratique des tarifs de téléphonie mobile déjà parmi les plus élevés de la région". "Cette politique viole techniquement les conditions d'utilisation (des applications visées)", avait ajouté SMEX, qui nuance toutefois en précisant que le gouvernement pourrait intégrer les frais d'utilisation comme une "condition de ces plans d'utilisation de données". L'ONG rappelle que le Conseil des ministres avait déjà annoncé, plus tôt cette année, son intention de mettre en œuvre la technologie de "Deep Packet Inspection" (DPI), un système d'analyses des flux de données, qui "restreindrait les services de VoIP et donnerait aux responsables un plus grand accès aux données des utilisateurs". SMEX avait ajouté que dans d'autres pays ayant restreint ou interdit les services de VoIP, l’État a par la suite mis sur pied son propre service à des coûts moins élevés que les taxes en vigueur, ce qui motive "les utilisateurs les plus pauvres à s'abonner à ces services, et les expose à plus de surveillance" de la part des autorités.
De son côté, la députée Paula Yacoubian (issue de la société civile) s'était offusquée de cette mesure. "Pas une livre ne sera payée pour utiliser WhatsApp", avait-elle écrit sur son compte Twitter. "Revenez vite sur votre décision, récupérez des fonds en mettant un terme aux contrats douteux que vous appelez +projets", avait-elle ajouté.
Le ministre de la Jeunesse et des Sports, Mohammad Fneich, membre du Hezbollah, avait de son côté affirmé à son arrivée au Grand Sérail qu'il a "exprimé des réserves sur la taxe sur l'utilisation de WhatsApp", le parti chiite ne souhaitant "que des taxes sur les produits de luxe".
Mi-septembre, Mohammad Choucair avait démenti des informations circulant sur les réseaux sociaux concernant "la présence au Liban d'experts étrangers chargés d'étudier les modalités d'une suppression de la fonction d'appels sur la messagerie instantanée WhatsApp". "Le ministère veut continuer à offrir ce service important à tous les utilisateurs des réseaux de téléphonie mobile du Liban", avait-il assuré.
Pour mémoire
Budget 2020 : la possible suppression du Conseil des droits de l'Homme fait polémique
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commentaires (11)
MR LE MINISTRE CHOUCAIR L'IMPROVISATION ET LES DECLARATIONS RIDICULES QUE VOUS ETES OBLIGE QUELQUES HEURES PLUS TARD D'ANNULER FONT QUE VOUS N'AVEZ PAS VOTRE PLACE EN TEMPS QUE MINISTRE DEMISSIONNEZ ET QU'ON EN FINISSE DE CES MARIONETTES QUI PRENNENT DES DECISIONS SANS AUCUNE PENSEE POUR LE PEUPLE ET A LA VA VITE SANS AUCUNE ETUDE REFLECHIE DES CONSEQUENCES POUR LA POPULATION UNE HONTE POUR CE GOUVERNEMENT LE PLUS FAIBLE QUE LE LIBAN A CONNU DEPUIS SON INDEPENDANCE FAITES PAYER TOUS LES FONCTIONNAIRES, ET POLITICIENS ET MEME AUX MINISTRES ET A LA PRESIDENCE LEURS FACTURES DE TELEPHONE ET VOS RENTREES SERONT ENORME SANS TOUCHER LA POPULATION QUI EN A MARRE DE VOUS TOUS
LA VERITE
23 h 59, le 17 octobre 2019