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Liban - Commémoration du 13 octobre 1990

Y-a-t-il désormais deux courants aounistes en lice ?

Le souvenir du 13 octobre 1990 donnera lieu à deux cérémonies rivales, l’une célébrée samedi et l’autre dimanche.

Commémoration du 13 octobre par le Courant patriotique libre en 2017. Photo d’archives « OLJ »

Date symbolique, le 13 octobre 1990 s’est désormais transformé en un enjeu de taille aussi bien pour les partisans du Courant patriotique libre que pour le courant dissident baptisé « Tayyar– ligne historique ». C’est précisément la paternité de cette « ligne historique » incarnée par les débuts du courant aouniste que se disputent aujourd’hui les deux mouvances, qui ont décidé de commémorer séparément cet épisode douloureux et fondateur.

À l’appel des compagnons d’armes des militaires décédés le 13 octobre– date à laquelle le général Michel Aoun, chef du « gouvernement de militaires », fut délogé du palais de Baabda à la suite d’une invasion syrienne des régions sous son contrôle–, une messe sera célébrée le samedi soir à Dbayé. Prendra notamment part à cet événement le député Chamel Roukoz, membre du groupe parlementaire du Liban fort mais non affilié au CPL, et dont la contestation de la politique du chef de ce courant, Gebran Bassil, n’est plus dissimulée.

Plusieurs dissidents, membres radiés du CPL, officiers et anciens militaires à l’origine du mouvement de contestation « Tayyar – ligne historique », appuyé par la suite par le député du Kesrouan, seront présents à cette manifestation. Bien que placé sous le signe du recueillement à la mémoire des soldats tombés sur le champ d’honneur, le rassemblement des dissidents n’en porte pas moins un message politique fort à l’adresse de M. Bassil.

Le CPL, qui entend également porter le flambeau de cette date symbolique, organise quant à lui un grand rassemblement le lendemain sur la place de Hadath, « une place emblématique ne serait-ce que par sa proximité avec le palais de Baabda », devait dire hier Gebran Bassil à l’issue de la réunion du groupe Liban fort. « Après tout, c’est nous qui portons la cause depuis le premier jour », devait encore rappeler le chef du CPL.

Pour de nombreux observateurs, cette double commémoration vient confirmer la vive rivalité entre les deux camps qui chercheront, chacun à sa manière, à récupérer la symbolique de l’événement. Une thèse que l’on tend néanmoins à relativiser dans les milieux des dissidents, où l’on rappelle que la messe sera placée sous le signe exclusif de l’hommage rendu à la mémoire des soldats tués, même si le caractère politique n’est pas à ignorer.

« Ce n’est pas un meeting oratoire ou une opération de marketing. C’est une messe destinée à marquer un moment historique et fort en symboles, dont le général Michel Aoun était l’acteur principal », confie à L’Orient-Le Jour le député Chamel Roukoz qui se trouvait au cœur des événements tragiques du 13 octobre.

Une source au sein du groupe des dissidents va dans le même sens et refuse de placer l’événement sous le label d’un bras de fer politique qui a lieu depuis quelque temps entre les deux ailes du courant aouniste.

Cette même source reconnaît toutefois que ce n’est pas une coïncidence si plusieurs officiers ayant activement pris part à la bataille du 13 octobre se retrouveront samedi, aux côtés des activistes qui relèvent de la ligne politique incarnée par Michel Aoun dans les années 90. Elle évoque à ce propos la participation du général Hanna Makdissi, commandant d’une unité de l’armée dont 60 éléments avaient été liquidés par l’armée syrienne à Souk el-Gharb à l’époque et dont les familles seront présentes.

Ancien dissident, Antoine Nasrallah dresse la liste des divergences avec le CPL, que partage le « Tayyar » avec Chamel Roukoz et un grand nombre de militaires et d’anciens officiers de l’armée. Ils reprochent notamment au patron du CPL de « bafouer les principes démocratiques au sein de sa formation, imposant sa vision et ses décisions », et le fait d’avoir fait « dévier les idéaux et principes brandis par la première génération de aounistes, notamment les réformes et la lutte contre la corruption ». « Nous aspirions à un parti politique efficace promettant un avenir meilleur. Ce que nous constatons, c’est que l’actuel chef du CPL a simplement réussi à diviser la rue chrétienne, à entretenir une relation d’intérêt avec les sunnites, ponctuée d’attaques ciblées par intermittence, et de compromis autour de marchandages négociés dans certains secteurs », dit-il.

Selon lui, les relations que M. Bassil entretient avec la communauté chiite, marquées par « le chantage, n’est pas plus saine » que celle qu’il a tenté de tisser avec la communauté druze, « tentant de la scinder », allusion faite aux derniers incidents qui ont secoué la localité de Qabr Chmoun.

Autre critique majeure adressée au CPL, la question des armes du Hezbollah qui, selon Chamel Roukoz et nombre de dissidents, devrait être résolue par le biais de la reprise d’un dialogue national consacré à la stratégie de défense, un rendez-vous maintes fois reporté par le chef de l’État.


(Lire aussi : Roukoz-CPL : les signes d’un divorce se multiplient...)


Rassemblement massif

Dans les milieux du CPL, on occulte totalement l’événement organisé par les dissidents, ainsi que leurs critiques, un peu comme si ces derniers n’existaient pas.

Une source proche de Gebran Bassil rappelle que, contrairement à ce qu’affirment les membres du Tayyar, la célébration de dimanche prochain n’a pas été décidée « en réaction » à l’annonce de la messe des dissidents, mais représente une date historique traditionnellement célébrée par le CPL « depuis des années ».

« La particularité de la manifestation de dimanche est qu’elle sera marquée par une participation populaire massive et qu’elle comportera plusieurs messages politiques adressés à tous les détracteurs politiques du chef du CPL et non pas aux dissidents », confie une source proche de M. Bassil. Elle précise que le discours que prononcera dimanche ce dernier constituera une véritable feuille de route qu’il compte mettre en œuvre. M. Bassil entend ainsi reprendre les grands thèmes déjà évoqués hier soir après la réunion de son groupe parlementaire et signifier notamment son opposition au projet de budget de 2020 que son bloc refusera d’avaliser « si le plan de l’électricité n’est pas exécuté ».

M. Bassil a appelé hier les partisans du CPL à se mobiliser pour le rassemblement du 13 octobre. « Il n’y aura pas de 13 octobre économique. Si jamais un plan pareil venait à être fomenté, alors il serait mis en échec », a-t-il indiqué en réponse aux mouvements de rue qui réclament la chute du régime du président Michel Aoun. « Nous aussi, nous avons une rue », a-t-il lancé en guise de défi à l’adresse de tous les pourfendeurs du CPL qui contestent la politique du régime, y compris depuis peu les opposants comptés dans les rangs de la société civile.


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Date symbolique, le 13 octobre 1990 s’est désormais transformé en un enjeu de taille aussi bien pour les partisans du Courant patriotique libre que pour le courant dissident baptisé « Tayyar– ligne historique ». C’est précisément la paternité de cette « ligne historique » incarnée par les débuts du courant aouniste que se disputent aujourd’hui les deux...

commentaires (8)

CELEBRATIONS: DEPUIS QUAND ON CELEBRE LA PLUS GRANDE DEFAITE D'UN PAYS QUI A A SA TETE CELUI QUI A ETE LA CAUSE DIRECTE DE CETTE DEFAITE? (peut etre pour faire oublier ce point) ON CELEBRERA UNIQUEMENT QUAND LES PRISONNIERS OU LES CORPS DE SES KIDNAPPES CIVILS ET MILITAIRES SERONT RETOURNES AU LIBAN HONTE AU PARTI QUI CELEBRE CETTE JOURNEE NEFASTE DANS L'HISTOIRE DU PAYS ET CAUSEE PAR SON EX PRESIDENT HEUREUSEMENT IL Y A UNE AUTRE MANIFESTATION TRES CORRECTE CELLE CI ET QUI REND HOMMAGE AUX MARTYS DE CE PAYS ET J'ESPERE QUE LE CRI SERA " RENDEZ NOUS NOS DISPARUS " PLUTOT QU'UN DISCOURS DE POLITIQUE OU ON ANNONCE DEJA QUE SI ON NE FAIT PAS CE QUE LE GENDRE VEUT AVEC L'ELECTICITE , IL NE VOTERA PAS LE BUDGET. CHANTAGE A LA ARSLAN? NON MESSIEURS DU CPL NOS MARTYRS NE SONT PAS MORTS OU EMPRISONNES POUR QUE M BASSIL DEVIENNE PRESIDENT DU LIBAN ALORS QUE SON BEAU PERE N'A PAS REUSSI A RAMENER UN DE SES HOMMES AU PAYS,

LA VERITE

00 h 14, le 10 octobre 2019

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Commentaires (8)

  • CELEBRATIONS: DEPUIS QUAND ON CELEBRE LA PLUS GRANDE DEFAITE D'UN PAYS QUI A A SA TETE CELUI QUI A ETE LA CAUSE DIRECTE DE CETTE DEFAITE? (peut etre pour faire oublier ce point) ON CELEBRERA UNIQUEMENT QUAND LES PRISONNIERS OU LES CORPS DE SES KIDNAPPES CIVILS ET MILITAIRES SERONT RETOURNES AU LIBAN HONTE AU PARTI QUI CELEBRE CETTE JOURNEE NEFASTE DANS L'HISTOIRE DU PAYS ET CAUSEE PAR SON EX PRESIDENT HEUREUSEMENT IL Y A UNE AUTRE MANIFESTATION TRES CORRECTE CELLE CI ET QUI REND HOMMAGE AUX MARTYS DE CE PAYS ET J'ESPERE QUE LE CRI SERA " RENDEZ NOUS NOS DISPARUS " PLUTOT QU'UN DISCOURS DE POLITIQUE OU ON ANNONCE DEJA QUE SI ON NE FAIT PAS CE QUE LE GENDRE VEUT AVEC L'ELECTICITE , IL NE VOTERA PAS LE BUDGET. CHANTAGE A LA ARSLAN? NON MESSIEURS DU CPL NOS MARTYRS NE SONT PAS MORTS OU EMPRISONNES POUR QUE M BASSIL DEVIENNE PRESIDENT DU LIBAN ALORS QUE SON BEAU PERE N'A PAS REUSSI A RAMENER UN DE SES HOMMES AU PAYS,

    LA VERITE

    00 h 14, le 10 octobre 2019

  • CETTE CELEBRATION, QUICONQUE en est l'instigateur / C du toupet , de l'arrogance doubles incoherence !

    Gaby SIOUFI

    13 h 39, le 09 octobre 2019

  • L'expression libano70 disait : bi tayyir fioulés wa tméssihs ... On dirait que le tayyar se divise pour se spécialiser entre fioulés-philes et tméssihs-philes. Et nous??? Coincés dans cette débandade...

    Wlek Sanferlou

    13 h 32, le 09 octobre 2019

  • Vous la connaissez l'histoire du cheval qui rit et du cheval qui pleure ?

    FRIK-A-FRAK

    11 h 31, le 09 octobre 2019

  • Il est tres difficile de raisonner des populistes primaires. CPL / Tayyar c est du pareil au meme.

    paznavour

    09 h 42, le 09 octobre 2019

  • Good.

    Christine KHALIL

    08 h 04, le 09 octobre 2019

  • Il est étrange pour le courant aouniste de célébrer chaque année le 13 octobre. C'es un peu comme si la France célébrait Waterloo! Par ailleurs, ce devrait être l'occasion de s'inquiéter du sort des centaines de militaires déportés en Syrie et dont on n'a plus aucune nouvelle.

    Yves Prevost

    07 h 14, le 09 octobre 2019

  • C,EST DEVENU UN FAIT ET C,EST PRINCIPALEMENT DU GRACE AUX BULLES DE GAZ METHANE DE L,ECHAPPEMENT GENDRISSIMAL !

    LA LIBRE EXPRESSION

    00 h 39, le 09 octobre 2019

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