Le gouvernement syrien a appelé les Kurdes à revenir dans son giron, a rapporté mardi un quotidien pro-régime, au moment où la minorité soutenue par Washington est menacée par une offensive de la Turquie voisine. Cette dernière a annoncé mardi avoir achevé les préparatifs en vue d'une opération contre les forces kurdes dans le Nord syrien, au lendemain d'un redéploiement de militaires américains qui ont quitté certaines zones à la frontière entre les deux pays.
"Nous défendrons l'ensemble du territoire syrien et nous n'accepterons aucune occupation" étrangère, a déclaré le vice-ministre des Affaires étrangères Fayçal Moqdad au quotidien al-Watan. "Celui qui se jette dans les bras de l'étranger, l'étranger finit par le jeter (...) et c'est ce qui s'est passé", a estimé le responsable syrien, en référence au soutien de Washington aux Kurdes."La Syrie est une et indivisible, nous conseillons à ceux qui se sont égarés de revenir vers la nation", a déclaré M. Moqdad, soulignant que "la patrie accueille tous ses enfants".
Les forces kurdes ont annoncé lundi un retrait des militaires américains de certains secteurs situés directement à la frontière. Plus tard, un haut responsable américain à Washington a parlé d'un simple redéploiement vers d'autres zones. Dimanche, la Maison Blanche avait créé la surprise en annonçant le retrait des forces américaines stationnées dans le Nord syrien, avant de faire marche arrière lundi, sous la pression de la communauté internationale et de son propre camp, mettant la Turquie en garde contre tout excès.
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Damas ou Moscou
De son côté, l'administration kurde en place a menacé d'ouvrir des discussions avec Damas et Moscou dans le but d'assurer la sécurité de la région face à une offensive turque si les forces américaines évacuent totalement la zone frontalière. "Si l'Amérique évacue la zone et particulièrement la zone frontalière, nous serons contraints, en tant qu'administration autonome et en tant que Forces démocratiques syriennes (FDS, alliance de combattants kurdes et arabes), d'étudier toutes les options disponibles", a prévenu mardi Badran Jia Kurd, un haut responsable kurde syrien. "Nous pourrions discuter avec Damas ou la partie russe pour combler ce vide ou bloquer l'attaque turque. Cela pourrait donc évoluer et il pourrait y avoir des réunions et des contacts en cas de vide sécuritaire", a-t-il ajouté.
Longtemps marginalisés et victimes de discriminations par les autorités centrales de Damas, les Kurdes ont instauré une autonomie de facto dans le nord du pays, à la faveur du conflit déclenché en 2011. Damas refuse cette autonomie et, par le passé, le pouvoir est même allé jusqu'à qualifier de "traîtres" les combattants de la minorité pour leur alliance avec Washington. Craignant une offensive turque, les Kurdes avaient déjà amorcé l'an dernier des pourparlers avec Damas sur l'avenir de leurs régions, mais ces négociations sont restées sans suite.
La Turquie qualifie de "terroriste" les Unités de protection du peuple (YPG), principale milice kurde de Syrie, même si cette dernière est alliée à Washington dans la lutte contre le groupe Etat islamique (EI). Ankara a déjà mené deux offensives en Syrie, dont une début 2018 qui a permis à l'armée turque et des supplétifs syriens de prendre le contrôle de l'enclave kurde d'Afrine (nord-ouest).
Le conflit syrien, déclenché avec la répression de manifestations prodémocratie, s'est transformé en une guerre complexe qui a fait plus de 370.000 morts.
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commentaires (4)
Les Kurdes n'ont d'autre alternative que de montrer patte blanche à Vladimir Poutine , lui seul pourra les sauver
Chucri Abboud
22 h 13, le 08 octobre 2019