Le gouverneur de la Banque du Liban Riad Salamé a publié mardi matin une circulaire définissant le mécanisme réglementant le financement des importations de blé, de médicaments et de carburant, qui sont réglés en devise, au lendemain d'un entretien avec le président Michel Aoun. La circulaire est signée par M. Salamé et datée du 30 septembre.
Le mécanisme consiste à constituer des "provisions" en dollar au taux officiel, ce qui permet aux banques de "sécuriser" le financement de ces importations. Dans les détails, pour une transaction, un importateur se rend à sa banque commerciale, où il doit constituer une lettre de crédit, c'est-à-dire un dossier avec les justificatifs nécessaires, qui est transmis à la Banque du Liban. Après vérification, la BDL et la banque commerciale ouvrent un compte pour la transaction, provisionné par le montant de la somme en livres libanaises, et un dépôt de garantie en dollars américains équivalent à 15% minimum du montant. En contrepartie, la BDL provisionne ce compte avec le montant de la somme en dollars au taux de conversation en vigueur. La banque commerciale récupère cette somme pour la donner à l'importateur. En contrepartie, la Banque centrale perçoit "une commission de 0,5% sur chaque opération".
Selon la chaîne locale LBCI, des mesures vont en outre être prises pour s'assurer que les bureaux de change se conforment au taux de change livre/dollar tout en préservant leurs bénéfices, en fixant un seuil et un plafond.
La publication de cette circulaire intervient dans un contexte tendu lié à la dégradation de la situation économique du pays, combinée à un resserrement de la circulation de dollars sur le marché local, où le billet vert cohabite avec la livre libanaise. Le taux de change entre les deux monnaies est fixé par la BDL depuis 1997 à 1.507,5 livres pour un dollar. Si officiellement la BDL et le secteur bancaire rejettent le scénario d’une "crise du dollar", les retraits de billets verts à travers les distributeurs automatiques et les guichets ont été fortement limités ces derniers jours, tandis que le prix demandé par les changeurs, et depuis peu même par certains commerçants, a récemment dépassé le seuil des 1.600 livres. Cette situation a provoqué la grogne de certains professionnels, comme les distributeurs de carburant ou les minotiers, qui payent leurs marchandises en dollar mais encaissent tout ou partie de leurs recettes en livres.
Dimanche, des centaines de Libanais, excédés par les difficultés économiques et l’inanité des politiques gouvernementales, avaient manifesté sur l’ensemble du territoire. La plupart des manifestants exprimaient des revendications à caractère social, mais certains n’ont pas hésité à réclamer "la chute du régime". Le mouvement de contestation avait été marqué par une série de débordements.
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QUE CES IMPORTATIONS SOIENT UNIQUEMENT POUR LE MARCHE LOCAL ET NON POUR LA SYRIE AUSSI CE QUI SAIGNERAIT LES RESERVES EN DEVISES DU PAYS. UN STRICT CONTROLE Y EST NECESSAIRE.
LA LIBRE EXPRESSION
16 h 12, le 01 octobre 2019