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À La Une - Liban

"Révolution !", "on a faim !" : des centaines de Libanais dans la rue pour crier leur colère contre la classe politique

Plusieurs routes bloquées par des manifestants à l'aide de pneus brûlés. 

Des centaines de manifestants rassemblés place des Martyrs, au centre-ville de Beyrouth, pour protester contre le gouvernement, le 29 septembre 2019. Photo An-Nahar

Des centaines de Libanais se sont rassemblés dimanche dans le centre-ville de Beyrouth pour crier leur colère contre la classe politique qu'ils accusent de corruption et de dilapidation des fonds publics, dans un contexte de crise économique et financière qui se fait de plus en plus pesante.

Des jeunes et moins jeunes, ainsi que des familles se sont rassemblés peu avant midi sur la place des Martyrs, en réponse à des appels à manifester lancés quelques jours plus tôt sur les réseaux sociaux. Interrogés par la LBCI, certains d'entre eux insistaient sur le fait qu'ils n'étaient pas affiliés à des formations politiques. Un groupe de manifestants criaient "révolution !", devant les caméras. D'autres lançaient "On a faim !".


"Le cancer est partout"
"Les Libanais n’ont plus de quoi s’acheter à manger ; ils ne peuvent plus payer leurs soins de santé. Où est le pouvoir fort ?", criait une femme d’âge mûr, Hoda Chartouni, qui a perdu son emploi. "J’appelle le père de tous (le président Michel Aoun, NDLR) à respecter ses promesses", ajoutait-elle. La plupart des manifestants affirment être venus seuls ou par petits groupes, en réponse aux appels sur les réseaux sociaux. Comme André Zakhia, un médecin de soixante ans, père de deux garçons partis à l’étranger. "Je suis venu seul, et je pense que chaque Libanais devrait descendre dans la rue, affirme-t-il à l’OLJ. On en a assez des slogans ! Le Liban vert ? Le cancer est partout, notre pays est foutu. Où les dirigeants nous emmènent-ils ? Ce n’est pas le Liban que nous voulons".

En début d'après-midi, les rangs des manifestants ont grossi, notamment avec la venue de militants du parti Sabaa, qui se réclame de la société civile. La foule était diverse, les manifestants affirmant venir de différentes régions du pays. Certains réclamaient la "chute du régime", d'autres "l'instauration d'un régime militaire". Des protestataires partageaient également leur frustration en affirmant être au chômage depuis des mois. Certains n'hésitaient pas à apostropher le chef de l’État Michel Aoun, lui demandant d'appliquer une politique d'austérité aux dirigeants sans toucher à la classe populaire. 



(Lire aussi : « Sans les émigrés qui envoient de l’argent au Liban, que deviendrait-on ? »)



Échauffourées au bas du Grand Sérail
Un groupe de manifestants s'est ensuite dirigé vers la place Riad Solh, via la rue des Banques. Quelques protestataires ont tenté de franchir les barrières de sécurité érigées au bas du Grand Sérail, siège de la présidence du Conseil, mais ont été repoussés par les policiers de la brigade anti-émeute déployés sur les lieux. Ces échauffourées ont fait un blessé côté manifestants, quatre côté forces de l'ordre. Au moins un militant de la société civile a été arrêté.

Plusieurs routes ont été bloquées en cours d'après-midi par des manifestants à l'aide de pneus brûlés, notamment l'autoroute du "Ring", le tunnel Salim Salam, ou encore l'avenue Béchara el-Khoury.


AFP / ANWAR AMRO


Vers 16 heures, les forces de l'ordre se sont déployées dans le centre-ville de Beyrouth pour déloger les manifestants qui bloquaient les routes dans ce secteur. Les principaux axes de la capitale ont été rouvertes en fin d'après-midi.

Des manifestations de moindre ampleur ont également eu lieu à Tripoli, au Liban-Nord, où des protestataires ont brûlé des affiches à l'effigie du Premier ministre Saad Hariri, ainsi qu'à Saïda, au Liban-Sud, à Baalbeck, dans la Békaa, et dans d'autres localités dans plusieurs régions libanaises jusque dans la nuit, où des protestataires ont bloqué des routes.

Dans la soirée, la ministre libanaise de l'Intérieur, Rayya el-Hassan, a réagi à cette journée de manifestations. "Je comprends que les gens se plaignent de la situation économique et financière difficile. Je suis évidemment en faveur de la liberté de manifester et d'expression. Ce que je ne comprends pas, ce sont les pneus brûlés, les dégradations et les insultes", a écrit Mme el-Hassan sur son compte Twitter.



De leur côté, les Forces de sécurité intérieure (FSI) ont déclaré dans un communiqué avoir "accompli leur devoir pour faire respecter le principe de la liberté d'expression conformément à la loi", alors qu'une vidéo circulant sur les réseaux sociaux montre une charge violente contre un manifestant à Beyrouth.

Les inquiétudes des Libanais concernant l'économie se sont intensifiées depuis plusieurs jours, de nombreux clients de banques ne pouvant plus retirer d'argent en dollars de leurs comptes. Plusieurs sources bancaires ont dans ce cadre indiqué à L’Orient-Le Jour que la majorité des établissements avaient limité depuis plusieurs semaines les plafonds et conditions de retrait de billets verts. Ces sources ont évoqué une volonté, imposée par la Banque du Liban dans un contexte de situation financière fragile, de limiter autant que possible la circulation de devises lorsqu’elle semble inutile ou suspecte. Le gouverneur de la Banque du Liban Riad Salamé avait pourtant assuré lundi qu’il n’y avait pas de pénurie de dollars et que les banques pouvaient répondre aux besoins de leurs clients. 

Le Parlement a adopté en juillet un budget d'austérité pour 2019 pour réduire le déficit public. La dette publique culmine à 86 milliards de dollars, soit plus de 150% du PIB, troisième taux le plus élevé au monde après le Japon et la Grèce.



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commentaires (15)

Assez de mettre le blame toujours sur les "autres". Ou nous sommes maitres de notre destin. Ou nous continuerons a vivre comme des zombies!

sancrainte

23 h 44, le 29 septembre 2019

Tous les commentaires

Commentaires (15)

  • Assez de mettre le blame toujours sur les "autres". Ou nous sommes maitres de notre destin. Ou nous continuerons a vivre comme des zombies!

    sancrainte

    23 h 44, le 29 septembre 2019

  • Dommage que ce soit juste des centaines de personnes... à quand les dizaines de milliers de personnes dans la rue?? Faut croire que ceux qui n’ont pas participé à cette manif n’ont pas particulièrement faim et ne se sentent pas concernés ... Ces manifestations devront se répéter chaque semaine, et nous nous devons d’être de plus en plus nombreux et persistants car c’est comme ça que nous réussirons à déclencher une révolution, EN PERSÉVÉRANT !

    T Myriam

    21 h 27, le 29 septembre 2019

  • Malheureusement le peuple a élu nos dirigeants. S’il y avait des élections demain matin, les 128 ou la grande majorité d’entre eux vont être réélus… Nous avons eu l’occasion, au cours des dernières élections, de faire autrement avec les candidats de la société civile, mais le peuple libanais ne les voulait pas. Je vis au Canada depuis 30 ans. En 1984, le parti conservateur a fait élire 211 députés (sur 282) et ils ont formé le gouvernement. En 1988 leur nombre passe à 169 et ils ont encore formé le gouvernement. Il y a eu tellement de corruption au sein du gouvernement conservateur qu’aux élections de 1993, le nombre des députés conservateurs a passé de 169 à 2, oui deux députés seulement!!! Le peuple a foutu à la porte, et avec force, les députés corrompus ... Peut-être un jour au Liban ?

    Algebrix

    21 h 21, le 29 septembre 2019

  • "Révolution !", "on a faim !" : des centaines de Libanais dans la rue pour crier leur colère contre la classe politique Ce n’est pas mal mais cela servira à quoi ? les Zaïms s’en moquent des regroupements puisqu’ils sont réélus depuis des décennies. C’est quand même la faute aux électeurs qui les reconduisent au parlement pour voter les lois, en échange de certains avantages inaccessibles aux communs des mortels. Le Libanais est patient, mais la question est jusqu’à quand ? Aujourd’hui le peuple a Faim ! Que faire ? la révolution ? Cela ne servira que les puissants et les hommes politiques de tous bords. On a vu le résultat des révolutions des pays Arabes, ils ont mené, à la destruction des pays avec leur économie, qui ont rendu encore plus pauvre les peuples et ont conduit à la guerre civile et à l’émigration sauvage que l’on constate tous les jours. Campez devant les domiciles des Zaïms pour lesquels vous avez voté, réclamez du pain du travail et une vraie liberté. Sans casser, sans violence, sans haine, réclamez votre dû qu’ils vous ont promis aux élections depuis l’indépendance … On mérite les dirigeants que l’on a. Alors votons chacun en son âme et conscience pour le Liban et pour le peuple qui n’aspire qu’à vivre en Paix et dignement !

    Le Point du Jour.

    21 h 01, le 29 septembre 2019

  • Vous pensez pas que c'est l'Amerique qui punit le Liban à cause du Hezbollah '

    Eleni Caridopoulou

    20 h 29, le 29 septembre 2019

  • Il est grand temps de jeter a la poubelle nos 128 +1 . Pauvre peuple libanais. Tu as amene tes propres souffrances en votant et continu a voter pour les memes "zaims". La faute n'est pas aux ricains. Ils ont raison d'imposer leurs sanctions. Nous sommes manges par une gangrene interieur. Notre misere est sans fin!

    sancrainte

    18 h 37, le 29 septembre 2019

  • Tout va bien dans ce pays qui s'appelle encore le Liban... Une délégation de 65 personnes à l'ONU à laquelle s'est joint le minuscule ministre des Affaires étrangères en tournée électorale personnelle aux Etats-Unis... Cela fait travailler les avions aux frais des contribuables qui manifestent en criant "On a faim" à la Place des Martyrs. Y a-t-il des limites au mépris du peuple ?

    Un Libanais

    18 h 29, le 29 septembre 2019

  • Heureusement qu'existe le fourre-tout bien pratique, dans lequel on peut cacher les vraies causes des catastrophes qui détruisent notre malheureux pays ! Irène Saïd

    Irene Said

    17 h 28, le 29 septembre 2019

  • Ces amerloques affameurs des peuples par leurs sanctions idiotes et stériles.

    FRIK-A-FRAK

    16 h 23, le 29 septembre 2019

  • Un peu trop tard pour ca

    Khalil S.

    15 h 21, le 29 septembre 2019

  • Est-ce ceux là que gibran mentionnait comme étant les comploteurs internes???

    Wlek Sanferlou

    15 h 11, le 29 septembre 2019

  • Le "cancer" est surtout à la tête de l'Etat.

    Christine KHALIL

    14 h 11, le 29 septembre 2019

  • TARD ET PETIT NOMBRE. MAIS IL N,EST JAMAIS TROP TARD. MALHEUREUSEMENT LES MESURES D,AUSTERITE ET LES REFORMES... TROP TIMIDES... NE CHANGERONT RIEN A LA SITUATION. IL FAUT DES MESURES D,AUSTERITE ET DES REFORMES SERIEUSES ET CONCRETES POUR SAUVER L,ECONOMIE ET LES FINANCES ET TOUS DOIVENT Y PARTICIPER. PARALLELEMENT IL FAUT COMBATTRE REELLEMENT LA CORRUPTION DES GRANDS REQUINS ET ESSAYER DE RECUPERER LES MONTANTS VOLES OU LES BOUCLER TOUS EN PRISON. EDL, AEROPORT, PORTS, PASSAGES CLANDESTINS AUX FRONTIERES AVEC LA SYRIE, NOMBRE EXTRAVAGANT D,EMPLOYES FAINEANTS DANS LE SECTEUR PULICS, COMBINES SUR LES PROJETS, TOUT DOIT ETRE CONTROLE SANS RETARD. POUR EVITER LE PIRE !

    MON CLAIR MOT A GEAGEA CENSURE

    14 h 02, le 29 septembre 2019

  • Plus de 60 guignols en voyage "officiel" à NY, la honte la plus absolue!

    Christine KHALIL

    13 h 37, le 29 septembre 2019

  • OU ESR CE QU ILS NOUS EMMENENT XES SOI DISANTS DIRIGRANTS? QU ILS VIDENT LEURS POCHES!!! TROP C EST TROP!!! PAUVRE PEUPLE LIBANAIS QUI AVAIT LE PLUS BEAU PAYS DU MONDE ??

    Hoda Chehab

    13 h 20, le 29 septembre 2019

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