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Liban - Liban-États-Unis

L’USS Ramage au port de Beyrouth : un double message politique

« L’armée américaine est capable d’amener un tel navire dans le port de Beyrouth, même au milieu de tous les défis et des tensions maritimes qui sévissent actuellement dans le monde », affirme Elizabeth Richard.

L’ambassadrice Elizabeth Richard et le vice-amiral James Malloy à bord du destroyer. Photo fournie par l’ambassade US

Pour la première fois depuis 36 ans, un bâtiment de guerre américain, l’USS Ramage (DDG-61) de la classe Arleigh Burke, a jeté l’ancre samedi au port de Beyrouth pour une visite « de bonne volonté » d’une journée, dont l’objectif est tout autant de réaffirmer l’engagement de Washington en faveur de la stabilité du Liban que d’adresser un « message politique » ferme à l’Iran et à ses alliés au Liban.

Durant cette journée, une réception a été organisée à bord du destroyer par le vice-amiral James Malloy et ce sont des représentants de tous les groupes parlementaires qui y ont été conviés, à l’exception bien entendu du Hezbollah.

Dans un contexte de crise régionale et plus particulièrement du bras de fer entre Téhéran et Washington, qui se traduit au Liban par un durcissement des sanctions américaines contre le Hezbollah, l’arrivée du bâtiment de guerre américain à Beyrouth, pour la première fois depuis l’attentat à la bombe contre le poste des marines à l’aéroport de Beyrouth le 23 octobre 1983 – qui avait coûté la vie à 241 personnes, dont 220 marines américains –, ne peut donc être considérée que dans sa dimension politique. Une dimension qu’Elizabeth Richard a relevée au tout début de son discours à bord du Ramage, en faisant état d’un « message politique ». Pour Washington, il s’agit tout d’abord de rappeler sa présence en Méditerranée où cinq bâtiments de guerre américains, dont le Ramage, avaient été déployés en août 2013 dans la foulée de la guerre en Syrie, au large de ce pays. Il s’agit aussi de rappeler que les États-Unis ont un intérêt vital au Liban.

Pour l’analyste politique Sami Nader, la visite de l’USS Ramage ne peut être dissociée du conflit militaire et politique américain avec l’Iran, qui a culminé hier avec le bombardement – revendiqué par les houthis, les rebelles yéménites pro-iraniens – des installations pétrolières d’Aramco en Arabie saoudite. « L’Iran s’agite pour démontrer sa capacité de déstabilisation dans la région. Cela a commencé avec l’affaire de l’interception de pétroliers dans le golfe Persique, en même temps que le ton montait avec les États-Unis et que les houthis multipliaient les lancements de missiles contre le territoire saoudien. Téhéran a aussi essayé de changer les règles d’engagement avec Israël. Il existait donc une crainte qu’il n’utilise la scène libanaise pour parvenir à ses desseins, d’autant que sa marge de manœuvre en Syrie est devenue excessivement limitée à cause de la présence russe », explique l’analyste.


La stabilité en Méditerranée

L’escale beyrouthine de l’USS Ramage tend ainsi à faire comprendre aux Iraniens que la présence des États-Unis aux côtés du Liban, dont ils soutiennent la stabilité à travers un large éventail d’initiatives, n’est pas seulement politique, mais peut être militaire au besoin.

Le destroyer, qui compte environ 300 militaires de la marine, fait partie de la 5e flotte américaine, et il est doté de capacités d’autodéfense très sophistiquées qui lui permettent d’intervenir dans les conflits aériens, terrestres et sous-marins et d’opérer dans un environnement pouvant présenter des menaces multiples.

« Cette présence militaire américaine d’un jour à Beyrouth tend aussi à montrer que les États-Unis considèrent la Méditerranée comme une zone stratégique dont la stabilité est primordiale à leurs yeux, dans la perspective des prospections pétrolières et gazières à venir », relève Sami Nader, qui rappelle dans ce contexte la réunion que le secrétaire d’État américain Marc Pompeo avait tenue en mars dernier en Israël, en présence du Premier ministre Benjamin Netanyahu, de son homologue grec Alexis Tsipras et du président chypriote Nikos Anastasiades, afin de discuter de la construction du gazoduc EastMed, reliant l’État hébreu à l’Europe. En aucun cas Washington ne permettra de mettre en danger ce projet ou de compromettre les projets futurs de prospection pétrolière offshore auxquels le Liban devrait s’associer dans ses zones économiques exclusives, une fois que le litige frontalier maritime avec Israël sera réglé. On sait que les États-Unis sont engagés à fond auprès du Liban pour contribuer à un règlement pacifique de ce conflit au moment où le Hezbollah revendique le droit de défendre « par tous les moyens » celui du Liban à explorer ses fonds marins.

L’engagement américain à promouvoir la sécurité et la stabilité dans la région a été souligné par l’ambassadrice US et le vice-amiral de la marine américaine durant la réception à bord du Ramage. « Ce navire américain amarré dans cette ville libanaise en dit long sur le partenariat entre les forces armées américaines et libanaises », a déclaré Elizabeth Richard. « Lorsque nous évoquons nos relations avec les forces armées libanaises, les gens se concentrent souvent sur l’équipement militaire spécifique que nous leur fournissons. Cependant, nos relations militaires vont bien au-delà de l’équipement. Cette visite du navire est une merveilleuse occasion de réfléchir aux progrès de notre partenariat », a-t-elle affirmé, en insistant sur le fait que « l’armée américaine est capable d’amener un tel navire dans le port de Beyrouth, même au milieu de tous les défis et des tensions maritimes qui sévissent actuellement dans le monde ».

Mme Richard a annoncé que « la sécurité maritime ne fera que gagner en importance, maintenant que les ressources gazières de la Méditerranée orientale sont développées par les pays de la région et, espérons-le, bientôt par le Liban lui-même ».


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commentaires (9)

Heureusement qu'il ya les américains qui nous protègent dès ayatollah

Eleni Caridopoulou

20 h 39, le 16 septembre 2019

Tous les commentaires

Commentaires (9)

  • Heureusement qu'il ya les américains qui nous protègent dès ayatollah

    Eleni Caridopoulou

    20 h 39, le 16 septembre 2019

  • Allez comme tout le monde est gentil ce matin on va tout vous dire . CE DESTROYER N'EST LÀ QUE POUR SURVEILLER LES MISSILES DE LA RÉSISTANCE DU HEZB LIBANAIS QUI POURRAIENT ENVOYER PAR LE FOND LES NAVIRES USURPATEURS COMME CE FUT LE CAS EN 2006 ET récemment après l'histoire des drones , AUSSI BIEN QUE LEURS INSTALLATIONS PÉTROLIÈRES. COMPRIS ? Merci .

    FRIK-A-FRAK

    12 h 35, le 16 septembre 2019

  • Tout comme les yankys ont cherché la stabilité de l'Afghanistan, de l'Irak, de la lybie , du Pakistan, du venezualla , de Cuba, de l'Iran du chah . ...etc.......etc...... Je me taperai bien un hot dog , la liste m'a donné faim .

    FRIK-A-FRAK

    12 h 18, le 16 septembre 2019

  • Les USA cherchent certainement plus la stabilite du Liban que le Hezbollah .

    HABIBI FRANCAIS

    11 h 45, le 16 septembre 2019

  • ' "SI VOTRE RAMAGE SE RAPPORTE À VOTRE PLUMAGE , VOUS ÊTES LE PHÉNIX DES HÔTES DE CE BOIS " DOIVENT LUI DIRE LES RENARDS QUI LORGNENT VERS LE FROMAGE DU CORBEAU .

    FRIK-A-FRAK

    10 h 22, le 16 septembre 2019

  • Y en qui commencent à c.....dans leurs frocs.

    Tabet Karim

    09 h 14, le 16 septembre 2019

  • Qui peut encore se fier aux américains , qui sont toujours prompts à tourner casaque ? Ils on toujours tout perdu au Moyen-Orient , et la seule chose qu'ils ont réussi à faire , c'est de laisser détruire toute la région .

    Chucri Abboud

    09 h 09, le 16 septembre 2019

  • Le navire a pu avancer malgre toutes nos poubelles flottantes? Bravo !

    Marie-Hélène

    07 h 01, le 16 septembre 2019

  • OBJECTIF ENGAGEMENT SUR LA STABILITE DU LIBAN ET AFFIRMATION DE LA PRESENCE EN TEMPS DU DE SES AMIS.

    LA LIBRE EXPRESSION

    00 h 53, le 16 septembre 2019

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