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Liban - initiative

Le projet de l’« Académie de l’homme pour la rencontre et le dialogue », vendredi devant l’Assemblée générale de l’ONU

Le président Michel Aoun à l’Assemblée générale de l’ONU, en 2017. Photo Dalati et Nohra

Sauf changement de dernière minute, l’Assemblée générale des Nations unies devrait examiner, vendredi 13 septembre, le projet présenté par le Liban pour la création d’une « Académie de l’homme pour la rencontre et le dialogue » qui serait l’équivalent d’un centre international permanent pour répandre les valeurs de tolérance et d’acceptation de l’autre. Ce projet avait été lancé en septembre 2017 par le président de la République, Michel Aoun, dans le cadre de son discours devant cette même Assemblée. Il avait alors expliqué que le monde actuel a plus que jamais besoin de dialogue et de rencontres entre les différents protagonistes. Car, en dépit de la mondialisation qui est censée rapprocher les pays et rendre la planète aussi petite qu’un village, l’on assiste depuis quelques années à une montée des extrémismes et des fanatismes. Comme si cette mondialisation avait eu un effet contraire sur la plupart des pays de la planète en renforçant les replis communautaires et identitaires et, bien sûr, la violence.

Selon Michel Aoun, qui avait prédit il y a longtemps déjà l’émergence des extrémismes et des fanatismes religieux, notamment islamique, il fallait donc à tout prix lancer une nouvelle initiative, dans le cadre de l’ONU, pour permettre aux peuples, avec leurs différentes cultures, religions et races, de se retrouver, ou en tout cas d’apprendre à se connaître, car la violence et l’extrémisme sont souvent le résultat d’un réflexe de peur face à ce que l’on ne connaît pas.


Le Liban, un modèle unique
Michel Aoun a bien réfléchi à cette question et abouti à la conclusion suivante : la Société des nations (SDN), fondée après la Première Guerre mondiale en principe pour consolider la paix, n’a pas été en mesure d’empêcher la Seconde Guerre mondiale. Elle l’a peut-être même favorisée. L’Organisation des Nations unies (ONU) qui a été créée sur les cendres de la SDN, à la fin de la Seconde Guerre mondiale, n’a pas non plus réussi à empêcher l’éclatement de guerres dans de nombreux coins de la planète, et, souvent, n’a même pas réussi non plus à les arrêter. C’est pourquoi il faut trouver une nouvelle formule, voire une nouvelle structure, destinée à permettre aux différents peuples de se retrouver ou, tout du moins, de se rencontrer et d’apprendre à se connaître.

Pour Michel Aoun, le Liban est le lieu idéal pour servir d’espace de rencontre, de dialogue et de familiarisation des uns avec les autres. Car le Liban est à la croisée de plusieurs mondes, l’Occident et l’Orient, l’islam et le christianisme dans leurs diversités, et même le judaïsme. En dépit de leurs conflits, parfois violents, les Libanais sont habitués à se fréquenter et à nouer des alliances, et même dans leurs divergences demeure un fond d’acceptation de l’autre. Dès sa naissance, le Libanais reçoit en héritage cette diversité, et même s’il ne s’en rend pas toujours compte, elle constitue en grande partie cette spécificité qui le distingue de tous les autres peuples du monde et lui permet de s’adapter aux autres cultures. Le Liban et les Libanais constituent donc un modèle unique qu’il faut préserver et qui, s’il se généralise, pourrait nettement réduire la violence et les conflits dans le monde, surtout ceux qui sont provoqués par le fanatisme, l’autre visage de l’ignorance.

Une initiative en outre d’autant plus urgente que la région est menacée par les extrémismes religieux, et ce surtout depuis qu’Israël, avec l’appui de certains pays, veut devenir officiellement un État juif avec Jérusalem pour capitale.



(Lire aussi : Le Liban, seul pays au monde doté d'une Journée nationale pour le dialogue islamo-chrétien)



Vote sans droit de veto
En élaborant ce projet qui lui tient énormément à cœur, le chef de l’État souhaite donc donner au Liban une reconnaissance internationale de sa spécificité et de son utilité pour répandre les valeurs de tolérance et de dialogue. Une telle reconnaissance devrait forcément s’accompagner d’une protection internationale qui se concrétise à travers un statut particulier.

Dans son esprit, le projet comporte deux volets : une mission diplomatique et politique pour lancer ce qu’il appelle « la diplomatie préventive » pour éviter les conflits, et un volet académique de formation et de rencontres, à travers lequel les représentants de tous les peuples, races et religions du monde seraient invités à raconter leur expérience particulière aux jeunes, dans une tentative de briser les murs de l’intolérance, de l’ignorance et de la haine. Le projet est certes ambitieux. Mais non seulement le chef de l’État y croit, mais il estime qu’il est devenu indispensable en cette période particulière. Depuis qu’il l’a lancé dans son discours devant l’Assemblée générale des Nations unies en septembre 2017, il n’a cessé d’y travailler. Il en a ainsi parlé avec les dirigeants du monde lors de tous ses voyages à l’étranger et avec tous les visiteurs étrangers venus au Liban.

Le ministre Salim Jreissati s’est aussi rendu en France en mars dernier dans ce but, tandis que l’ambassadrice du Liban aux Nations unies, Amale Moudallali, assure un suivi permanent auprès des diplomates accrédités à l’ONU. Après deux ans d’efforts, de contacts et d’explications, l’Assemblée générale devrait donc examiner le projet qui sera ensuite soumis au vote. Il faut préciser que dans cette structure, aucun pays n’a de droit de veto, et chaque pays membre de l’ONU dispose d’une voix.

Michel Aoun sait que beaucoup de parties sont hostiles à ce projet pour différentes raisons, certaines politiques et régionales, d’autres idéologiques et d’autres encore d’intérêt pur. Mais il ne désespère pas d’obtenir gain de cause, car sa longue expérience le pousse à continuer à croire en l’homme. Et ce projet, s’il est adopté, ne sera pas seulement un pas important pour le Liban, il pourrait (et devrait) être bénéfique pour tous.



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commentaires (2)

FAUT COMMENCER A L,APPLIQUER A LA MAISON. LES ENCENSEMENTS VIDES NE TROMPENT PERSONNE ! SURTOUT PAS L,ETRANGER...

LA LIBRE EXPRESSION

09 h 57, le 09 septembre 2019

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Commentaires (2)

  • FAUT COMMENCER A L,APPLIQUER A LA MAISON. LES ENCENSEMENTS VIDES NE TROMPENT PERSONNE ! SURTOUT PAS L,ETRANGER...

    LA LIBRE EXPRESSION

    09 h 57, le 09 septembre 2019

  • Pour Michel Aoun, "...le Liban est le lieu idéal pour servir d'espace de rencontre, de dialogue et de familiarisation des uns avec les autres..." Magnifique, cette idée ! Il peut déjà consacrer un espace dans son palais et y inviter nos coqs célèbres maronites,druzes, sans oublier ceux à crête noire et blanche. Et commencer le travail intensif en toute urgence. Ainsi il pourra clamer devant l'Assemblée générale de l'ONU: "vous voyez, chez nous au Liban c'est le paradis des rencontres et du dialogue, prenez exemple !" Irène Saïd

    Irene Said

    08 h 42, le 09 septembre 2019

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