Entre le Courant patriotique libre et les Forces libanaises, rien ne va plus. Le discours virulent du chef des FL Samir Geagea, le 1er septembre dernier, a montré que les relations entre les deux parties traversent la crise la plus grave depuis l’accord de Meerab qu’elles ont conclu le 18 janvier 2016, et qui devait être une réconciliation interchrétienne visant à panser les plaies du passé. Aujourd’hui, les responsables des deux formations ne semblent converger que sur une seule chose : l’accord de Meerab est fini.
Il est vrai que les rapports entre les deux partis sont perturbés depuis des mois en raison de divergences sur les questions stratégiques, telles que le monopole de la violence légitime, ou encore tactiques, comme les nominations judiciaires et administratives attendues prochainement en Conseil des ministres. Et pour cause : les FL dénoncent ce qu’elles perçoivent comme une tentative de les encercler politiquement. En témoignent notamment les nominations des nouveaux membres du Conseil constitutionnel, contestées par les FL qui se sont considérées « exclues », en dépit de l’entente conclue à ce sujet avec le CPL. D’ailleurs, la formation de Samir Geagea accuse ouvertement celle de Gebran Bassil de tenter de monopoliser la représentation chrétienne. Des accusations que les aounistes réfutent naturellement, stigmatisant l’attitude des FL en Conseil des ministres, qui vise selon eux à mettre des bâtons dans les roues de la présidence Aoun. Il ne manquait à ce tableau que la violente diatribe à laquelle le chef des FL Samir Geagea s’est livré, lors de son discours prononcé dimanche dernier en marge de la messe célébrée à Meerab à l’intention des victimes de la résistance chrétienne tombées durant la guerre civile. L’occasion pour M. Geagea de tirer à boulets rouges sur le ministre des Affaires étrangères Gebran Bassil, mais aussi et surtout sur le régime. « Le mandat que nous voulions, celui de la récupération de l’État des mains du mini-État (en allusion au Hezbollah), un sexennat de prospérité, n’a pas été à la hauteur de nos attentes », a déclaré le leader chrétien, avant de déplorer le fait que les notions d’État de droit et de prestige de l’État ont été bafouées. Samir Geagea s’en était également pris, quoique implicitement, au leader du CPL, l’accusant d’avoir « anéanti l’accord de Meerab ». « Comme si l’autre partie n’en voulait que pour obtenir la présidence et après cela, le déluge », a-t-il tonné.
(Lire aussi : Geagea : Le mandat Aoun n’a pas été à la hauteur de nos attentes)
Gebran Bassil, passage obligé
Les propos de Samir Geagea ont déclenché la plus grave des crises entre les deux partis, depuis la mise sur pied de leur entente en 2016. D’autant que le leader des FL semble avoir rompu avec sa volonté de garder le chef de l’État, Michel Aoun, à l’écart de son conflit avec le parti conduit par son gendre. Et ce même s’il s’était rendu lundi dernier (soit au lendemain de son discours incendiaire) au palais de Baabda pour prendre part au dialogue économique élargi, sous la houlette de Michel Aoun. Mais en dépit de cette ouverture de Samir Geagea en direction tant du pensionnaire de Baabda que du leader du CPL, le plus dur reste à faire pour normaliser les rapports entre les deux partis.
Contacté par L’Orient-Le Jour, un responsable FL confirme ce constat en pointant un doigt accusateur en direction du ministre des Affaires étrangères. « Si l’entente de Meerab est finie, c’est la faute de Gebran Bassil », lance-t-il, accusant le chef du CPL d’avoir entravé, à titre d’exemple, la mise sur pied d’un comité conjoint des deux partis chargé de l’examen de l’ordre du jour du Conseil des ministres, conformément aux dispositions de l’accord. « Si le président de la République avait exercé des pressions sur M. Bassil, nous n’en serions pas là », ajoute le cadre FL. Et de faire valoir qu’au lieu d’opter pour des choix à même de renforcer le partenariat et la réconciliation interchrétienne, « M. Bassil a adopté une logique principalement axée sur une volonté manifeste de porter atteinte aux FL ». « Ce qui lui importe le plus, c’est son accession à la présidence de la République, et il estime que nous entravons cette ambition », explique le cadre FL, tout en laissant entendre qu’une coordination au cas par cas entre les deux partis reste envisageable.
(Pour mémoire : Pour les FL, la campagne présidentielle a commencé)
À une question portant sur une éventuelle rencontre entre MM. Geagea et Bassil, le cadre FL est catégorique : « Il n’en est pas question actuellement. » « Il en est de même pour tout entretien entre Michel Aoun et Samir Geagea », ajoute-t-il.
Du côté du CPL, on est tout aussi catégorique : un retour à la normale avec les FL est pour le moment exclu. C’est ce constat que dresse pour L’OLJ Eddy Maalouf, député du Metn. « Il n’est pas évident de normaliser les relations avec une formation politique qui n’en finit pas de nous accuser de corruption, et qui s’oppose sciemment à tout ce que nous proposons et faisons », souligne-t-il, assurant que « si l’entente de Meerab ne tient plus, c’est parce que les FL l’ont violée à plusieurs reprises. D’ailleurs, elles sont les seules à ne pas avoir tissé une alliance avec nous lors des législatives de mai 2018 ». Pour ce qui est d’une possible rencontre entre Michel Aoun et Samir Geagea, Eddy Maalouf assure que « Gebran Bassil est le passage obligé de M. Geagea à Baabda ».
Pour mémoire
Rixe entre partisans CPL et FL
commentaires (6)
Quel gadpillage de gâteau! Quel gaspillge pour la patrie! Qu'allons nous célébré pour le centenaire.. ?
Wlek Sanferlou
15 h 44, le 07 septembre 2019