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Liban - Partis

Geagea : Le mandat Aoun n’a pas été à la hauteur de nos attentes

Le chef des Forces libanaises tire à boulets rouges sur le directoire du Courant patriotique libre (CPL), l’accusant d’avoir violé l’accord de Meerab.

Les familles des combattants FL tombés durant la guerre serrant contre leur poitrine la photo de leur fils. Photo Aldo Ayoub

Quelque 5 500 personnes étaient rassemblées dimanche à Meerab pour la traditionnelle messe annuelle à la mémoire des combattants des Forces libanaises (FL) tombés durant la guerre civile. Leurs noms, écrits en caractères noirs sur un énorme fond blanc, se détachaient sur un pan de montagne, alors que leurs familles brandissaient le drapeau des Forces libanaises.

Tous les âges étaient représentés : les enfants étaient juchés sur les épaules de leurs pères, des vieux étaient soutenus par quelques jeunes hommes afin de se trouver une place au cœur de la foule. Les mères des victimes, quant à elles, serraient la photo de leur fils contre leur poitrine. D’anciennes photos jaunies par le temps, mais immanquablement dépoussiérées et parsemées de colliers de fleurs, s’élevaient au-dessus des têtes.


(Lire aussi : Conseil Constitutionnel : le CPL nie avoir promis un siège maronite aux FL)


La goutte d’eau…
Dans un discours prononcé au terme de l’office divin présidé par le vicaire patriarcal de Jounieh, Mgr Antoine Nabil Andari, représentant le patriarche maronite Mgr Béchara Raï, le leader des FL, Samir Geagea, a salué « les martyrs du Liban, de la résistance chrétienne, des Forces libanaises sans lesquels nous ne serions pas ici ». Rendant hommage aux présidents Camille Chamoun, Fouad Chéhab et Bachir Gemayel pour leurs qualités de véritables hommes d’État, M. Geagea a insisté : « N’étaient-ce nos martyrs, il n’y aurait pas eu de Meerab, ni de Baabda, ni d’État libanais. » D’emblée, le leader des FL a tiré à boulets rouges sur le régime Aoun, sur le président lui-même et sur le chef du Courant patriotique libre (CPL), Gebran Bassil, mais sans le nommer. Notons que la messe s’est déroulée en l’absence de représentants du président de la République et du CPL.

Dans une volonté de mettre les points sur les « i », M. Geagea a rappelé que « les Forces libanaises ont appuyé la candidature de Michel Aoun à la magistrature suprême, en dépit du conflit historique qui opposait les deux parties, en vue de mettre fin à deux ans de vacance présidentielle et de blocage des institutions et d’assurer un équilibre réel au niveau des institutions constitutionnelles par le biais de l’élection d’un président de la République bénéficiant d’une large représentation populaire ». Le leader chrétien a ensuite accusé le CPL d’avoir renié l’accord conclu avec les FL à Meerab : « L’accord de Meerab a été attaqué et renié, comme si l’autre partie ne voulait qu’obtenir la présidence et après cela, le déluge. »

« Nous sommes, par ailleurs, attachés à la réconciliation historique entre les FL et le CPL jusqu’à la fin », a cependant nuancé le leader des FL dont les propos faisaient suite à la polémique qui avait opposé les FL au CPL, la semaine dernière, lors de l’élection en Conseil des ministres des membres du Conseil constitutionnel. En cause, la nomination du candidat maronite, Élias Bou Eid, soutenu par le CPL, contre lequel ont voté les ministres FL et PSP. Certains responsables ont estimé que ce développement met à mal l’accord de Meerab et que cette dernière polémique était la goutte d’eau qui a fait déborder le vase.

Samir Geagea s’est en outre attaqué au régime. « Nous avons voulu – et nous voulons encore – que ce mandat soit celui de la réappropriation par l’État de sa souveraineté des mains des milices, de la prospérité et du développement, a-t-il déclaré. Malheureusement, ce mandat ne s’est pas montré jusqu’à présent à la hauteur de ces attentes. » « Nous sommes fiers qu’un président de la République, appartenant à nos rangs, ait gouverné pendant vingt-et-un jours seulement et que son mandat soit, depuis trente-sept ans et jusqu’à aujourd’hui, regretté par les Libanais », a poursuivi le leader des FL, en faisant référence à Bachir Gemayel. Avant qu’il ne puisse terminer sa phrase, il a été interrompu par la foule des partisans qui criaient : « Bachir est vivant en nous. »

Et Samir Geagea de poursuivre, en référence à ses opposants politiques : « Nous avons notre Liban et ils ont le leur. Nous avons notre République du cèdre et ses couronnes de lauriers et ils ont leur république bananière et ses trônes de déshonneur. Nous avons le parti des mille martyrs, ils ont le parti des milliards de contrats douteux qui leur ont rapporté des milliards. »


Le prestige de l’État
Évoquant dans son discours la situation régionale, M. Geagea a appelé le chef de l’État à prendre une position « claire et décisive » concernant les décisions stratégiques du Liban, quitte à ne pas permettre au Hezbollah de prendre ces décisions au nom de l’État libanais.

« Si l’engagement du Liban vis-à-vis du conflit israélo-palestinien va de soi et se base notamment sur la solidarité arabe et la nécessité de défendre la cause palestinienne, nous ne comprenons pas sur quels principes et critères une partie libanaise veut entraîner le Liban et son peuple dans les affres de la confrontation entre les États-Unis et l’Iran », a déclaré le leader des FL. Et M. Geagea de poursuivre : « Il est inacceptable d’imposer aux Libanais une situation dangereuse dans laquelle ils ne sont aucunement partie prenante et de placer le Liban devant l’éventualité d’une nouvelle guerre. »

Appelant le président de la République à prendre une position claire, décisive et transparente au sujet des décisions stratégiques nationales, M. Geagea s’est finalement interrogé : « Que reste-t-il du prestige de l’État et des composantes du mandat fort si toutes les décisions stratégiques se trouvent aux mains de parties extérieures aux institutions officielles ? »


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Quelque 5 500 personnes étaient rassemblées dimanche à Meerab pour la traditionnelle messe annuelle à la mémoire des combattants des Forces libanaises (FL) tombés durant la guerre civile. Leurs noms, écrits en caractères noirs sur un énorme fond blanc, se détachaient sur un pan de montagne, alors que leurs familles brandissaient le drapeau des Forces libanaises.Tous les âges...

commentaires (3)

Il est dedans pourtant. L'art de manger à tous les râteliers.

FRIK-A-FRAK

17 h 48, le 03 septembre 2019

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Commentaires (3)

  • Il est dedans pourtant. L'art de manger à tous les râteliers.

    FRIK-A-FRAK

    17 h 48, le 03 septembre 2019

  • LA DESULLISION EST GRANDE... ET LE PAYS LIVRE AU BON PLAISIR DES AYATOLLAHS.

    LA LIBRE EXPRESSION

    09 h 12, le 03 septembre 2019

  • "Le mandat Aoun n’a pas été à la hauteur de nos attentes". Parce que certains en attendaient quelque chose?

    Yves Prevost

    06 h 40, le 03 septembre 2019

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