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Liban - Liban-Israël

La désescalade se précise : la riposte du Hezbollah resterait orpheline

D’intenses pressions diplomatiques exercées sur l’Iran et Israël auraient contribué à éloigner le risque de guerre.


Le drapeau du Hezbollah flotte sur la plaine de Khiam, face à Israël. Mahmoud Zayyat/AFP

Les récents développements à la frontière, survenus après une semaine de tension et de menaces échangées entre Israël et le Hezbollah, sont les plus graves depuis la guerre de 2006, mais conduiront-ils pour autant à une nouvelle guerre ?

L’attaque du Hezbollah contre un blindé israélien dimanche et les bombardements de représailles sur le Liban-Sud, survenus après l’attaque des drones qui ont visé le fief du Hezbollah dans la banlieue sud, ont fait craindre le pire. D’autant que l’expérience passée, notamment en 2006, avait clairement démontré que la situation pouvait dégénérer même si le contexte général ne s’y prêtait pas. Mais la retombée presque subite de la tension entre les deux camps ennemis s’est avérée être proportionnellement inverse à l’ampleur des inquiétudes manifestées et la crainte de voir cet affrontement dégénérer en confrontation ouverte. Les deux parties ont clairement affiché, à tour de rôle, leur volonté de ne pas s’engager dans une guerre, aucun des deux protagonistes n’ayant intérêt à l’escalade.

Le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, qui s’est exprimé de nouveau hier, a laissé entendre qu’après l’opération de dimanche, le match est désormais nul, sa formation ayant fait parvenir son message en matière de violation de la souveraineté libanaise.



Annoncée à cor et à cri par le parti chiite, l’opération menée dimanche dernier a finalement été « minutieusement calculée », comme le relèvent les analystes, certains ayant été jusqu’à évoquer « une opération théâtrale » destinée à sauver la face de part et d’autre.

Le secrétaire général adjoint du Hezbollah, le cheikh Naïm Kassem, ainsi que plusieurs responsables avant lui au sein du parti avaient préparé en amont le terrain, en indiquant que la riposte à l’agression aura lieu inéluctablement, mais ne déclenchera pas pour autant la guerre.

Dans les milieux du parti chiite on justifie cette position par le fait que le Hezbollah avait pour objectif de consacrer « les règles d’engagement », qui prévalaient avant l’attaque des drones, et que cet objectif a été atteint, « précisément pour éviter la guerre ». Ayant violé la souveraineté libanaise, Israël à son tour aura ainsi été rappelé à l’ordre par une attaque sur son territoire et contraint à respecter « les lignes rouges », comme l’a souligné hier Hassan Nasrallah.

Du côté israélien, on développe une rhétorique similaire en assurant, comme l’a déclaré hier le ministre israélien de la Sécurité intérieure, Guilad Erdan, que l’État hébreu n’a « pas l’intention d’aller vers un conflit plus large ». « Si nous nous engageons dans une vaste confrontation militaire, cela se produira à un moment qui nous convient du point sécuritaire. Les forces de sécurité israéliennes sont préparées à tout scénario », a-t-il ajouté.


(Lire aussi : Dans les villages frontaliers, au Liban-sud, la peur du dimanche soir)



Personne ne veut la guerre
Tout le monde en convient : personne n’est prêt à la guerre et l’escalade est pour le moment écartée, « du moins jusqu’au lendemain des élections israéliennes », prévues le 17 septembre, estiment certains analystes.

Dans les milieux proches du parti chiite, on laisse toutefois entendre que la riposte, prévue en deux volets, ne s’arrêtera pas à cette première opération dont l’objectif était de répliquer à la frappe d’Israël en Syrie qui a tué deux membres du Hezbollah et dont l’attaque de dimanche portait les noms.

« La seconde frappe que le Hezbollah envisage, en réaction aux drones qui ont survolé la banlieue sud, sera dans le même style. Elle ne sera pas nécessairement conduite à partir du Liban », commente Kassem Kassir, un journaliste proche des milieux du parti chiite, laissant entendre que le Golan syrien pourrait être un terrain probable pour orchestrer une telle attaque. Un scénario que Hassan Nasrallah a toutefois implicitement écarté hier.

« Si vous attaquez, sachez que vos frontières et vos soldats, même en profondeur dans votre territoire, sont dans notre ligne de mire, et que vous vous exposez inévitablement à une riposte », a-t-il dit, soulignant toutefois qu’une nouvelle phase a débuté à partir du 1er septembre 2019. Cela revient à dire qu’il n’y aura pas de seconde riposte à moins que l’État hébreu ne soit tenté à l’avenir de réitérer le scénario de la banlieue sud.

Une interprétation que confirme une source proche du courant du Futur, qui indique à L’Orient-Le Jour qu’un second round de violence est peu probable, d’autant que la communauté internationale a été mobilisée depuis plus d’une semaine, puis hier de nouveau, par le Premier ministre Saad Hariri pour contenir les débordements. Dès l’annonce par le Hezbollah de sa volonté de riposter, M. Hariri a multiplié les contacts auprès de ses interlocuteurs internationaux, les exhortant à intervenir pour calmer le jeu et « faire assumer à Israël la responsabilité de la violation perpétrée par l’opération des drones qui a remis en cause le statu quo et la trêve de facto en place ». La source précise que les contacts ont été effectués avec tous les États susceptibles de faire pression « en même temps sur Israël et sur l’Iran », allusion faite à une intervention auprès de Téhéran du ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, avec qui le Premier ministre a pris contact, ainsi qu’avec son homologue américain, Mike Pompeo, avec qui M. Hariri s’est entretenu à plusieurs reprises.


(Lire aussi : Baabda ne craint pas une guerre avec Israëlle décryptage de Scarlett HADDAD)


Bassil « rassuré »
C’est le même son de cloche – celui de la désescalade – que l’on répercute dans les milieux proches du palais Bustros, où le ministre des Affaires étrangères, Gebran Bassil, a entrepris hier une série de contacts autant au Liban qu’à l’étranger, afin d’assurer le suivi des derniers incidents. M. Bassil, qui s’est notamment entretenu avec son homologue allemand Heiko Maas, a assuré à toutes les parties que les tirs lancés par le Hezbollah sur un véhicule militaire étaient « étudiés et proportionnés » et s’est dit « rassuré que la situation revienne à l’équilibre qui protège le Liban depuis 2006 ».

Selon de nombreux analystes, les négociations qui ont actuellement lieu entre les États-Unis et l’Iran, via une médiation française, auraient vraisemblablement contribué à pousser le Hezbollah à réduire l’ampleur de sa réaction, une thèse que l’on réfute dans les milieux du parti chiite où l’on estime que les deux processus sont à distinguer.

« Il est difficile de dire quel est l’élément qui a le plus pesé dans la balance et conduit à la baisse de la tension. Il y a certes une volonté interne chez le Hezbollah aussi bien que chez les Israéliens de ne pas aggraver la situation. Le marchandage en cours entre Washington et Téhéran a probablement aidé, tout comme la détermination de la communauté internationale à éviter la guerre », conclut la source proche du Premier ministre.


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Les récents développements à la frontière, survenus après une semaine de tension et de menaces échangées entre Israël et le Hezbollah, sont les plus graves depuis la guerre de 2006, mais conduiront-ils pour autant à une nouvelle guerre ? L’attaque du Hezbollah contre un blindé israélien dimanche et les bombardements de représailles sur le Liban-Sud, survenus après l’attaque des...

commentaires (13)

1. Israel attaque le Hez en Syrie ET a Dahya ou il detruit 2 camions chages de materiel strategique 2. Nasrallah fulmine car le Mossad l'a infiltre, sinon comment savoir des camions 3 Nasrallah promet vengeance. Rebelotte les Israelien a travers du Mossad connaissent l'heure et le lieu de la riposte 4 Nasrallah envoi 3 missiles et recoit en retour 100...Belle riposte Nasrahllah annule la 1701 et le Liban officiel se tait et devient une chiffe molle. Bravo. ya chabeb l'heure de la victoire a sonne

IMB a SPO

16 h 09, le 04 septembre 2019

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Commentaires (13)

  • 1. Israel attaque le Hez en Syrie ET a Dahya ou il detruit 2 camions chages de materiel strategique 2. Nasrallah fulmine car le Mossad l'a infiltre, sinon comment savoir des camions 3 Nasrallah promet vengeance. Rebelotte les Israelien a travers du Mossad connaissent l'heure et le lieu de la riposte 4 Nasrallah envoi 3 missiles et recoit en retour 100...Belle riposte Nasrahllah annule la 1701 et le Liban officiel se tait et devient une chiffe molle. Bravo. ya chabeb l'heure de la victoire a sonne

    IMB a SPO

    16 h 09, le 04 septembre 2019

  • je ne pense pas que le hezb fera son round 2

    Bery tus

    02 h 14, le 04 septembre 2019

  • Arrêtez de vous disputer. C’est finit fin du “spectacle”, circulez, rentrez chez vous. De guerre il n’y a pas eut, tant mieux pour tout le monde, soyez donc pas si aigris. Vous voyez toujours la moitié vide du putain de verre, toujours celle à laquelle vous ne pouvez rien. De vrais rabat-joie...

    Chady

    23 h 46, le 03 septembre 2019

  • Orpheline? Heureusement...sinon des orphelins au sud on en aurait plein les bras.

    Wlek Sanferlou

    21 h 15, le 03 septembre 2019

  • Tout le monde dit tout haut que la resistance a donne une lecon a Israel en repliquant a la mort en Syrie de deux combatant du HB qui s'appretait a lancer un drone explosive sur Israel et qu'a partir d'aujourdh'ui la resistance fait peur aux israeliens POURQUOI PERSONNE NE DIT QUE SANS LA RESITANCE IL N'Y AURAIT PAS EU UNE SEULE RAISON POUR ISRAEL D'ATTAQUER LE LIBAN ET C'EST JUSTEMENT LA PRESENCE AU LIBAN D'UNE FORCE PRO IRANIENNE QUI VEUT LA DESTRUCTION D'ISRAEL CONTRE LAQUELLE ISRAEL LUTTE ET PAS DU TOUT CONTRE LE LIBAN LUI MEME TOUT COMME L'INVASION DE 1982 ETAIT POUR LIQIDER LA PRESENCE DE ARAFAT ET SES MILICES ARMEES AU LIBAN ET PAS POUR ATTAQUER LES LIBANAIS ( je dirai meme pour sauver les Chretiens de la morts certaine avec le fameux " la route de Jerusalem pass par Jounieh " alors calmons nous, que HB donne ses armes a l'armee Libanaise et le Liban sera en paix eternelle avec " l'usurpateur de 1948 ??? " tout comme l"egypte et la Jordanie

    LA VERITE

    12 h 17, le 03 septembre 2019

  • Désescalade Israël-Hezbollah, En logique militaire dans les conflits frontaliers, quand on reçoit un coup de main on répond avec un coup de pied. Si les forces en présence ont plus ou moins les mêmes capacités de nuisance militaires et diplomatiques.

    DAMMOUS Hanna

    10 h 57, le 03 septembre 2019

  • Orpheline? la pauvre, mais nous l'avions déjà oubliée.

    Christine KHALIL

    10 h 22, le 03 septembre 2019

  • L'inconscience et la vantardise...maladies incurables chez nous...dommage ! Irène Saïd

    Irene Said

    09 h 18, le 03 septembre 2019

  • C'est bien la 1ère fois que le terme "orpheline" me fait profondément plaisir, même que j'ai un sourire de satisfaction et surtout de fierté :)

    Tina Chamoun

    08 h 54, le 03 septembre 2019

  • UNE ACCALMIE ! LE LIBAN SORT PERDANT CAR L,ETAT FUT BAFOUE PAR LES ACTIONS UNILATERALES DE LA MILICE IRANIENNE. L,ETAT LIBANAIS N,EXISTE PLUS CAR REMPLACE PAR LA MILICE.

    LA LIBRE EXPRESSION

    08 h 42, le 03 septembre 2019

  • J'adore ce titre. Rien que parce que la gravité de la riposte a été avalée toute honte bue pour avoir voulu faire croire à un théâtre d'ombre. On en arrive même à avoir pitié des agresseurs. Pouffffff...

    FRIK-A-FRAK

    07 h 29, le 03 septembre 2019

  • "LIBAN-ISRAËL D’intenses pressions diplomatiques exercées sur l’Iran et Israël auraient contribué à éloigner le risque de guerre." Tout est dit dans cette phrase, ce n’est pas notre guéguerre...

    Gros Gnon

    07 h 16, le 03 septembre 2019

  • Le Liban, dorénavant est un pays fort avec qui il faut compter. Depuis quand les usurpateurs de la Palestine donnaient de l'importance à nos avertissements ? Le liban est dorénavant un pays libre. Depuis quand les décisions de représailles étaient prises au sérieux par le front des prédateurs ? Le Liban est dorénavant un pays indépendant, on a bien vu que H.N, Saad et le phare Aoun étaient en 1ère ligne pour accuser l'usurpateur , d'une seule voix. MAIS QU'EST-CE QUI A FAIT CELA ??? LA RÉSISTANCE DU HEZB LIBANAIS DE LA RESISTANCE PARDI ! DÉSOLÉ DE CASSER LE MORAL À CEUX QUI SONT DÉÇUS DE LE VOIR AUSSI FORT, LIBRE ET INDÉPENDANT.

    FRIK-A-FRAK

    07 h 14, le 03 septembre 2019

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