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Lifestyle - Papilles

Richard Rostom et Fady el-Hout : la rôtisserie, une passion commune


De gauche à droite, Richard Rostom, Ramzi el-Far et Fady el-Hout. Photo DR

Ingénieur reconverti en chef et rôtisseur, Richard Rostom raconte sa passion (évidente) pour la cuisine et le début d’un itinéraire qui l’a mené derrière les fourneaux. « J’étais en classe de brevet, mon père a ouvert une boulangerie et un snack-bar, juste au-dessous de la maison. Je rentrais de l’école, j’allais directement à la boulangerie et je me mettais au travailler avec le chef. Puis je mangeais ! J’ai échoué à l’école, et mon père, pour que je ne perde pas ma concentration et que je me remette à étudier, a préféré fermer la boulangerie. »Son premier plat, il l’a préparé à l’âge de 12 ans. «C était un poulet rôti au four avec des pommes de terre », se souvient-il. Richard Rostom, 30 ans aujourd’hui, n’a jamais vraiment aimé l’école, et il l’avoue d’emblée, même s’il était brillant en mathématiques et physique. Après avoir opté pour une spécialisation dans cette matière, arrivé au niveau des études supérieures, il réalise qu’il n’aime pas la recherche et change de cap pour devenir ingénieur mécanique.

« Je n’ai jamais arrêté de faire la cuisine à la maison, surtout que j’ai habité seul dès l’âge de18 ans. Je tentais de nouvelles recettes et j’invitais des amis à les essayer », dit-il, le regard et l’air gourmands. « Pour m’inciter à rentrer à la maison, ma mère m’envoie des photos de marmites, remplies de plats que j’aime, comme les « warak inab » et la « mloukhiyé ». Elle sait que la nourriture me ramène toujours chez elle ! » avoue-t-il.

Son diplôme en poche, il décroche rapidement un job. Les choses changent en 2015 quand il participe au premier Beyrouth Street Festival où il vend des sandwiches à la saucisse, qui seront en rupture de stock au bout de quelques heures. Quelques semaines plus tard, les organisatrices de l’évènement, Zeina Halaoui et Youmna Metni, le mettent en contact avec Fady el-Hout, également rôtisseur, qui participait au festival et qui, comme lui, vient d’un background étranger à la cuisine.


De la mécanique à la rôtisserie

Après un diplôme en marketing, Fady el-Hout, 40 ans, a travaillé dans le car tuning, à savoir la modification des moteurs de voiture, pour le propriétaire du groupe al-Madina, qui possédait une collection de 300 automobiles. Il quitte ensuite le Liban et reste dans le même domaine auprès de General Motors au Koweït. Il se déplace dans plusieurs pays arabes avant de rentrer au pays pour travailler avec des membres de la famille proche dans… les assurances.

Depuis qu’il a vécu à l’étranger, Fady invite ses amis à des barbecues. De retour au pays, l’un d’eux, partenaire dans The Gärten, une boîte de nuit située au BIEL, l’encourage à ouvrir un kiosque de sandwiches où il proposerait diverses viandes rôties pour les noctambules. L’initiative connait un franc succès.

Évidemment, le courant passe tout de suite quand les deux hommes se rencontrent. Ils mettent en place une boîte de restauration (catering) qui opère à partir de la cuisine de Fady el-Hout à Mazraa. Rapidement, le duo prend en charge d’importantes réceptions.

« Quand j’ai voulu acheter un congélateur, un grill et un salamandre professionnels, je me suis rendu auprès d’un fournisseur et j’ai proposé de payer cash. L’homme m’a regardé avec des yeux tout ronds en me demandant «Tu es casse-cou ?». Il m’a expliqué que les restaurateurs normalement paient la moitié du prix à l’achat et le reste du paiement à crédit. Je ne savais clairement pas, nous étions des amateurs ! » explique Fady el-Hout.

Richard Rostom renchérit : « Que de fois je prenais des commandes dont j’ignorais la recette. L’hôte me demandait, «Tu sais faire telle ou telle chose?», je répondais toujours par l’affirmative. Et j’essayais ensuite la recette. Je n’ai jamais eu de mauvaises surprises. Une fois, j’ai même conçu un brasero couvert pour rôtir un mouton que j’ai fait faire par un forgeron. »

Les mois passant, Richard Rostom s’ennuie de plus en plus au travail. « J’aime l’ingénierie, mais pas le travail en entreprise. Le fait de collaborer avec des gens, d’aller tous les jours au bureau… Avec la cuisine, le plaisir est instantané. Un client essaie une recette et le sourire se dessine tout de suite sur son visage », explique-t-il.

Il y a deux ans, son patron lui proposant un poste dans un pays arabe, Richard Rostom refuse pour ne plus mettre en veilleuse sa passion pour la cuisine. « Plus tard, j’ai su qu’il avait fait cela car j’étais de plus en plus dissipé au travail et qu’il ne voulait pas me perdre à cause de mon potentiel en ingénierie. Il voulait tout simplement m’éloigner du Liban. Le lendemain de ma démission, j’étais l’homme le plus heureux du monde », avoue-t-il.

Il y a trois mois, Richard Rostom et Fady el-Hout, avec un troisième partenaire, Ramzi el-Far, qui a toujours travaillé dans l’hôtellerie, ont ouvert un « mini-diner » à la rue Pasteur, qu’ils ont baptisé Husk Beirut. Le lieu, qui contient 35 places, sert des sandwiches, des dips, des salades et des burgers, ainsi qu’une sélection de bières artisanales venues de plusieurs pays du monde. Richard s’est également lancé dans une nouvelle aventure en tant que chef consultant. L’endroit, qui vient d’ouvrir à Badaro, s’appelle Vagabond. À suivre…


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