Le ministre libanais des Affaires étrangères et chef du Courant patriotique libre, Gebran Bassil. Capture d'écran Euronews
Le ministre libanais des Affaires étrangères, Gebran Bassil, a affirmé que le Hezbollah n'était pas "un groupe armé, mais une composante du peuple" libanais dans un entretien diffusé lundi sur le site de la chaîne Euronews au cours duquel le chef du Courant patriotique libre a évoqué la crise des réfugiés syriens et la situation économique du pays.
"Notre partenariat avec le Hezbollah a eu un prix, aussi bien sur le plan populaire que sur le plan de nos relations avec l'Occident. Mais grâce à ce partenariat, le Liban a gagné une stabilité interne qui a nous permis de préserver l'unité nationale", a déclaré M. Bassil. "Le Hezbollah est une composante politique essentielle du pays. Ce n'est pas un groupe armé ou politique, il est une composante du peuple. On ne peut pas considérer qu'un tiers du peuple libanais est terroriste", a ajouté le leader du CPL. "Tout le monde est partenaire du Hezbollah au sein du gouvernement. Nous n'avons pas d'autre choix, ou alors c'est la guerre civile", a-t-il souligné, indiquant qu'il œuvrait "à ce que le Hezbollah ne soit pas considéré comme terroriste, et à régler la question des sanctions le visant".
Le Hezbollah est classé comme "organisation terroriste" par les États-Unis et plusieurs autres pays occidentaux et arabes et a été accusé d'attentats. Il est l'un des principaux alliés du régime syrien dans sa guerre contre les rebelles en Syrie.
Le 9 juillet, l'administration américaine avait en outre élargi sa campagne de "pression maximale" contre l'Iran et ses alliés en imposant pour la première fois des sanctions contre Mohammad Raad, le chef du bloc parlementaire du Hezbollah, le député Amine Cherri et le responsable de l'appareil sécuritaire du parti, Wafic Safa.
(Lire aussi : Des sociétés proches du Hezbollah pourraient être prochainement visées par les sanctions US)
Interrogé sur le dossier des réfugiés syriens installés au Liban, M. Bassil a assuré qu'il n'était pas "en faveur d'un retour forcé des Syriens dans leur pays", affirmant son attachement à "la sécurité et la dignité des Syriens". "Nous sommes en faveur du retour des ressortissants syriens souhaitant revenir dans des zones sûres et stabilisées, auxquels ni le régime syrien ou autre ne portera atteinte, et qui peuvent à nouveau habiter chez eux, dans des conditions plus favorables que dans les tentes au Liban", a affirmé le chef de la diplomatie libanaise, appelant la communauté internationale "qui n'encourage pas leur retour de le permettre". "Si la situation venait à s'aggraver, les Syriens ont deux options : revenir dans leur pays ou prendre la mer pour l'Europe. Nous souhaitons qu'ils reviennent chez eux", a déclaré le chef du CPL.
Le Liban accueille plus de 900 000 réfugiés syriens ayant fui depuis 2011 la guerre dans leur pays. Ce chiffre, qui représente le nombre officiel de réfugiés inscrit par l'ONU, est sujet à controverse, les autorités libanaises faisant état de plus d'un million de Syriens réfugiés au Liban. Régulièrement, les autorités libanaises appellent au retour de ces réfugiés vers les territoires syriens "sécurisés", alors que la communauté internationale estime que les opérations de rapatriement nécessitent d'abord une solution politique à la crise syrienne.
Le ministre des AE a également rejeté le plan de paix américain pour le Proche-Orient et l'implantation des réfugiés palestiniens dans leur pays d'accueil, dont le Liban est l'un des principaux. "Dans un pays comme le Liban, il ne peut y avoir d'implantation, que notre Constitution rejette, car cela menacerait l'essence de la présence du Liban. Non seulement, l'implantation aurait des conséquences démographiques ou économiques, mais sur le plan sécuritaire. Si elle porte ce projet, le deal du siècle échouera", a affirmé M. Bassil.
Par ailleurs, le chef du CPL a déclaré que "le Liban vit une crise économique difficile mais a les capacités économiques et financières d'en sortir", affirmant que la trajectoire de baisse des déficits, amorcée dans le texte du budget 2019, va se poursuivre en 2020.
Interrogé sur la crise régionale, M. Bassil a assuré que "l'Iran, les pays du Golfe, les Etats-Unis et l'Europe ne veulent de guerre dans la région car le prix à payer serait trop lourd". "Le Liban n'appartient à aucun axe. Notre politique, c'est la distanciation des problèmes de la région. Le Liban ne s'ingère pas dans les affaires intérieures des autres afin que d'autres ne s'ingèrent pas dans nos affaires et afin de nous protéger", a-t-il ajouté, et de souligner que "le Liban doit être un territoire de paix, de dialogue, d'ouverture et de tolérance, dont nous avons besoin contre le terrorisme". "Ce que nous faisons au Liban protège l'Europe du terrorisme. Nous sommes un barrage à sa propagation".
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commentaires (17)
Quelle loque!
Christine KHALIL
21 h 39, le 06 août 2019