Tout a été dit. Des vérités, mais trop de mensonges. Trop de fake news, de rumeurs infondées, de menaces, d’insultes. Vous avez été jetés en pâture sur les réseaux sociaux, décriés par des gens qui ne connaissent pas votre musique. Par des gens haineux et ignorants. Des gens à la petitesse d’esprit et au QI d’une huître. Vous avez été diabolisés, vous quatre artistes (que l’on aime ou pas votre musique) qui n’avez fait que du bien au Liban. En nous exposant à l’international. En montrant que le Liban porte, malgré tout, une jeunesse libre, soucieuse de son avenir, une jeunesse que vous représentez depuis 10 ans maintenant.
Vous devez être blessés comme jamais par tout ce qui a été colporté à votre sujet. Par cette haine venue du Moyen Âge. Vous devez être blessés au plus profond de vous-mêmes, parce que après la Jordanie et l’Égypte, voilà qu’une fois de plus, on vous « bannit ». On vous censure sans même connaître la signification de vos paroles, leur beauté et le message qu’elles portent. Vous devez être blessés, parce que lorsqu’une partie de propre pays vous assène un coup aussi bas, vous devez peut-être vous demander s’il vaut encore la peine de se battre pour lui.
Beaucoup de jeunes se posent la même question. Beaucoup de jeunes ont envie de déserter ce pays qui n’est plus le leur. Beaucoup de jeunes rêvent d’horizons meilleurs, horizons que vous avez bercés de votre musique. Ces horizons qui voient en vous l’étendard d’une jeunesse arabe qui ne demande qu’à être libre. Libre de ses choix. Beaucoup de jeunes se reconnaissent en vous, en vos combats contre le système politique, pour le respect et les droits de la communauté LGBT, pour la liberté d’expression. Vos combats jetés aujourd’hui sur le bûcher de la vanité d’hommes politiques et religieux qui n’ont rien trouvé de mieux à faire que de vous faire monter à l’échafaud. Rien de mieux à faire que de vous juger sans preuves, au lieu de s’occuper des affaires courantes du pays.
Ils ont peut-être gagné une bataille. Minable bataille dans laquelle vous avez refusé d’entrer. Mais ils n’ont pas gagné la guerre. Enfin, on l’espère. Parce que si l’obscurantisme, l’ignorance et la bêtise s’abattent définitivement sur le Liban, il sera jamais irrécupérable. Et Dieu – au nom de qui tous vos détracteurs ont jugé bon de s’exprimer – seul sait combien notre pays a sombré au plus bas. Mais s’il reste encore une chance, aussi minime soit-elle, de faire quelque chose, alors le moment de faire entendre notre voix est arrivé, après de nombreuses années de silence concernant les dégâts irréversibles qu’ont causés nos dirigeants.
Si la résignation et la rage vous ont gagnés, on vous en supplie, ne cédez pas. Ne nous lâchez pas, même si comme vous, on n’a qu’une envie, c’est de quitter ce pays qui n’appartient plus qu’à une poignée de corrompus. Ne partez pas. Ne nous laissez pas seuls face à ces criminels et ces idiots. Ne nous abandonnez pas parce que aujourd’hui, plus que jamais, nous avons besoin de vous. Besoin de votre musique, de vos mélodies, de vos mots. Nous avons besoin de votre énergie. Et sachez qu’on ne vous laissera pas partir même si vous n’y avez pas pensé (encore).
Si on ne pourra pas (plus) vous écouter et vous entendre en live le 9 août, ce doit être à nous de le faire. Il est de notre devoir de nous mobiliser. D’organiser une immense soirée et ne passer que vos morceaux. Faire un grand concert virtuel sur les réseaux sociaux, ces mêmes réseaux sociaux qui ont été à la base de cette chasse aux sorcières, en postant la même vidéo d’une de vos chansons (Djin tant qu’à faire), au même moment et inonder de votre musique Instagram, Facebook ou Twitter. Parce qu’à travers cette interdiction de vous laisser jouer, c’est tout un pays qu’on muselle. Parce que c’est la goutte qui fait déborder le vase. Parce qu’avec la vie misérable qu’ils nous offrent, il ne manquait plus qu’on nous retire notre liberté d’expression. Et le pire reste à venir.
Si vous ne le faites pas pour vous, faites-le pour nous.
QI d’une huître préhistorique. Tout est dit. Je n’aime pas cette musique, je suis straight, je respecte les valeurs chretiennes et celles d’autres religions et courants philosophiques, y compris les detracteurs de celles-ci. J’apprecie la liberté d’expression qui nous est donnée dans ces forums, liberté absolue dans le respect des libertés des autres. Libre à moi d’aller ou pas voir ce groupe, mais de quel droit m’interdit-on mon choix? Que la foi doit être faible si elle se brise sur des images! La libre pensée n’a pas de frontières, et son seul ennemi est l’obscurantisme qui déploie à nouveau ses étendards.
14 h 48, le 03 août 2019