Le groupe libanais Mashrou' Leila lors d'un concert, le 8 avril 2017, à Dubai. AFP / KARIM SAHIB
L'annulation par le comité organisateur du Festival international de Byblos du concert du groupe de rock alternatif libanais Mashrou' Leila, programmé le 9 août, a provoqué mercredi de nombreuses réactions, notamment parmi les diplomates en poste au Liban, qui dénoncent une atteinte à la liberté d'expression.
La voix "étouffée" de la jeunesse
La représentation diplomatique de l'Union européenne au Liban a notamment pris position, via son compte Facebook, en faveur de la liberté d'expression et d'opinion, sans toutefois mentionner la polémique entourant l'annulation du concert. "La liberté d'expression est la pierre angulaire de toutes les démocraties. L'Union européenne soutient fermement le droit de chacun a la liberté d'opinion et d'expression".
L'ambassadeur des Pays-Bas à Beyrouth, Jan Waltmans, s'est également exprimé à ce sujet. "La liberté d'expression est la clé pour toutes les sociétés qui veulent maintenir ou renforcer la démocratie, la transparence et la bonne gouvernance".
L'ambassadrice du Canada au Liban, Emmanuelle Lamoureux, a elle aussi dénoncé la décision d'annuler le concert de Mashrou' Leila. "L'annulation du concert étouffe la voix d'une grande partie de la jeunesse libanaise. La liberté d'expression est une composante essentielle des sociétés démocratiques. Il est sain de se retrouver exposé aux points de vue, opinions et croyances des autres, y compris ceux avec lesquelles on est en désaccord", a-t-elle twitté. Elle a accompagné son message d'une publication qu'elle avait précédemment postée, dans laquelle elle annonçait "être impatiente" d'assister au concert du 9 août, soulignant que le groupe libanais a "de nombreux fans au Canada".
The decision to cancel @mashrou3leila 's show muffles the voice of a significant portion of Lebanon's #youth. #FreedomOfExpression = key component of democratic societies. Being exposed to the views, opinions & beliefs of others, including those we disagree with, is healthy. https://t.co/xVD1y1uztH
— Emmanuelle Lamoureux (@lamourem) July 31, 2019
"Droit inaliénable"
La polémique concernant le concert du groupe à Jbeil avait éclaté il y a quelques jours sur les réseaux sociaux en raison d'une atteinte présumée à la religion chrétienne due à une photo représentant une icône de la Vierge dont le visage a été remplacé par celui de la chanteuse Madonna, accolée à un article partagé par le chanteur du groupe, Hamed Sinno, en 2015. Deux des titres du groupe sont également pointés du doigt. Sur un plan plus implicite, l’homosexualité affichée du chanteur semble également déranger.
Mardi, le comité organisateur du festival a finalement annoncé avoir été "obligé d'annuler le concert" du groupe "pour éviter une effusion de sang et préserver la sécurité et la stabilité". Dans un communiqué publié plus tard dans la nuit de mardi à mercredi, le comité organisateur a appelé les autorités libanaises à œuvrer pour que la liberté d'expression reste au Liban "un droit inaliénable", soulignant que la décision d'annuler le concert avait été prise "avec colère et tristesse". "Nous avons coopéré sans relâche avec les autorités compétentes afin que le concert puisse avoir lieu, comme ce fut le cas en 2010 et 2016, mais, en accord avec le groupe, nous avons fini par trancher sur le fait que la sécurité des artistes et du public devait être notre première priorité", ajoutent les organisateurs, qui précisent que le comité organisateur est constitué de "citoyens multi-confessionnels et non-affiliés politiquement". "Le Festival fait appel à sa communauté de soutien, afin qu'elle fasse entendre sa voix et demande à l’État libanais d'agir pour assurer que l'expression de Mashrou' Leila et de tous les autres artistes reste un droit inaliénable", ajoute le communiqué. Et d'ajouter : "La liberté doit être, avant toute autre chose, la liberté de ne pas vivre dans la peur".
Le groupe avait de son côté réagi mardi dans un long communiqué publié sur sa page Facebook. Il a condamné la campagne à son encontre, fondée selon lui sur de fausses accusations et une distorsion des paroles de certaines de ses chansons. Il a précisé que le poste qui a fait polémique avait été partagé sur Facebook en 2015 et supprimé un an plus tard et que les deux chansons incriminées sont connues depuis 2015.
Enfin, onze ONG et associations libanaises avaient annoncé mardi avoir saisi le procureur général pour que des poursuites judiciaires soient engagées "contre les personnes et les acteurs politiques ayant publiquement incité à la violence contre le groupe".
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commentaires (7)
A l'OLJ : Stop à vos promos / propagandes pour un groupe non francophone. Ce groupe ne semble pas interesser grand monde ( je vois autour de moi, les personnes francophones libanaises , sont même contentes qu'on n'en parle plus) Faut militer pour autre chose..défendre la chanson française par ex. c'est aussi défendre l'existence de la presse francophone. Ce groupe Leila et ses rares fans ne sont pas, à mon avis lecteurs de l'OLJ et ne parlent certainement pas la langue de Molière.
radiosatellite.co
22 h 32, le 31 juillet 2019