Après l’annonce de l’annulation du concert de Mashrou’ Leila, le groupe a rendu public un communiqué pour mettre les points sur les « i » et répondre ainsi à la campagne de diabolisation dont il a été victime de la part de certaines instances religieuses, et certains hommes politiques et internautes.
D’emblée, le groupe annonce qu’il tire sa « fierté » de la diversité de ses membres « dans un pays où les projets monochromes sont nombreux » et que son « projet à lui est fondé sur le droit à la différence, au respect et la tolérance mutuels, des valeurs auxquelles nous restons attachés ». « La semaine dernière, on a dit beaucoup de choses sur nous et sur des projets occultes que nous servons en secret. Tout ce que nous voulons dire, c’est que nous portons à notre pays, le Liban, et son peuple un grand amour. Nous, comme d’autres, avons nos avis sur ce pays, comment il pourrait être plus beau et meilleur », indique le groupe avant d’ajouter : « C’est cela, Mashrou’ Leila, avec comme but ce qui est beau et créatif. Ce n’est ni un groupe satanique ni un groupe maçonnique, et il n’a aucun but ou projet secret. »
Il rappelle ensuite l’évolution de la campagne « qui a commencé par une vidéo, partagée sur internet, dans laquelle des choses horribles et infondées ont été dites ». « Nous nous sommes enquis au sujet du prêtre qui a produit la vidéo et nous avons appris qu’il y avait un jugement disciplinaire émis à son encontre par l’Église, mais qu’il ne s’y est pas conformé », précise le groupe qui se dit « choqué par l’ampleur des mensonges, de la déformation du sens des chansons, du montage de photos et des menaces de mort ».
Bien qu’entendu par la justice au sujet de deux de ses chansons pointées du doigt par ses détracteurs, « sans qu’aucune mesure ne soit prise pour nous protéger alors qu’il est apparu que nous n’avions commis aucun crime », Mashrou’ Leila « est resté sous le feu roulant des attaques ». « Nous avons été jugés et condamnés dans la rue où chaque individu s’est transformé en juge lançant des verdicts dont il exigeait l’application à notre encontre, ce qui est en contradiction totale avec la logique de l’État », poursuit le groupe qui explique de nouveau que les deux chansons « jugées blasphématoires sur un répertoire qui en comprend 50 avaient été présentées la première fois en 2015 au Liban, sans que personne ne s’y oppose ». « Nous nous contentons de préciser à ce sujet que le sens porté par une œuvre artistique diffère le plus souvent du sens syntaxique propre, surtout lorsque celle-ci est arrachée de son contexte », indique Mashrou’ Leila qui se dit « sincèrement désolé vis-à-vis de toute personne qui aura considéré qu’une atteinte a été portée à ses croyances dans l’une de nos chansons ». Il insiste sur le fait qu’« aucune d’elles ne dévalorise les croyances », et que si certains les ont considérées comme telles, c’est essentiellement « en raison des campagnes diffamatoires et des accusations infondées dont nous avons été les premières victimes, et dont il serait injuste de nous attribuer la responsabilité ». « Notre respect des croyances des autres est aussi fort que notre attachement au droit à la différence », souligne encore le groupe qui affirme que « les circonstances difficiles et oppressantes qui ont débouché sur la décision du comité du Festival de Byblos d’annuler le concert » lui ont permis de « réaliser à quel point la situation au Liban est fragile ».
Lire aussi
commentaires (4)
LES REPENTANCES N,EFFACENT PAS L,INSULTE FAITE A PLUS DE DEUX MILLIARDS DE CHRETIENS. IL FAUT EN PAYER LE PRIX.
LA LIBRE EXPRESSION
16 h 21, le 01 août 2019