La ministre de l’Énergie et de l’Eau, Nada Boustani, a rappelé hier que le Liban poursuivait les discussions avec Chypre en vue d’établir un « accord-cadre » pour organiser les opérations de forage dans les « réservoirs communs », selon un communiqué publié hier. Elle a en outre évoqué les pourparlers avec l’Égypte, qui est un des pays partenaires, avec Chypre, la Grèce et Israël du projet de gazoduc EastMed, qui doit relier l’État hébreu à l’Europe. Mme Boustani s’exprimait lors d’un atelier organisé par le ministère et l’Autorité de l’énergie (LPA) au Crowne Plaza, à Beyrouth, et consacré à la promotion du second round d’attribution des licences d’exploration et de production d’hydrocarbures offshore.
La découverte de gisements au large de plusieurs pays de Méditerranée orientale ces dernières années a donné lieu à des tensions entre divers pays de la région sur les droits et les frontières maritimes.
Le Liban a octroyé en février 2018 ses premières licences d’exploration et de production des hydrocarbures offshore pour deux blocs sur les dix que compte sa ZEE (n° 4, centre-Est et n° 9, Sud-Est) au consortium Total-Eni-Novatek. Le forage du premier puits, qui doit permettre de confirmer le potentiel du pays, est programmé pour la fin d’année. Entre-temps, le Liban a lancé un second round d’attribution, mettant cette fois en jeu cinq nouveaux blocs (n° 1, nord-ouest ; n° 2, nord-est ; n° 5, centre-ouest ; n° 8, sud-est ; et n° 10, sud-ouest). Les compagnies intéressées ont jusqu’au 31 janvier 2020 pour préparer et présenter leurs dossiers.
(Lire aussi : Hydrocarbures : Russes et Européens intéressés par le Liban, selon Boustani)
« Pierre angulaire »
Or, Israël revendique une partie du bloc 9, où les opérations de forage doivent démarrer en 2020. Au printemps, le dossier a bénéficié de la médiation du diplomate américain David Satterfield qui a fait la navette pendant plusieurs semaines entre Beyrouth et Tel-Aviv, sans toutefois réussir à dégager un compromis. Lundi, le Premier ministre Saad Hariri a assuré qu’il œuvrait « sans relâche » pour lancer les négociations sur les frontières maritimes avec Israël. En avril, le président Michel Aoun avait déclaré que le Liban refusait de se joindre à toute alliance internationale dont ferait partie Israël – que le pays du Cèdre ne reconnaît pas –, notamment en ce qui concerne l’exploitation d’hydrocarbures offshore. Mme Boustani a en outre souligné que la découverte de réserves supposées d’hydrocarbures situées dans la zone économique exclusive (ZEE) libanaise constituait la « pierre angulaire » du plan de réforme du secteur de l’électricité approuvé début avril par le gouvernement.
(Lire aussi : Projet du gazoduc EastMed reliant Israël à l'Europe : quel impact sur le Liban ?)
Cette réforme est un des principaux engagements pris par les dirigeants libanais lors de la Conférence de Paris d’avril 2018 (la CEDRE). Près de 2 milliards de dollars d’avances du Trésor ont été accordées à EDL en 2018 pour lui permettre notamment d’acheter le carburant nécessaire à la production de courant, alors que ses capacités ne lui permettent pas d’alimenter tous les foyers libanais 24 heures sur 24, obligeant la quasi-totalité d’entre eux à s’abonner à des générateurs privés. Pour remédier à cette situation qui dure depuis plusieurs décennies, le plan prévoit notamment la construction, dans les prochaines années, de nouvelles centrales – la phase de préqualification a été ouverte le 12 juillet – et la mise en service de plusieurs unités flottantes de stockage et de transformation du gaz liquéfié (FSRU). Les offres de six candidats sont actuellement évaluées par le ministère.
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commentaires (3)
15h31 L'Egypte se dit prêt à aider le Liban dans les secteurs de l'énergie et de l'électricité. Si l'intermédiaire des bataux turcs-centrales électriques ne s'en mêle pas, cette offre est valable qu'il faut la saisir au plus vite.
Un Libanais
16 h 11, le 24 juillet 2019