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Liban - tensions

Qabr Chmoun : priorité à la relance du gouvernement, la crise en voie de règlement

Le directeur de la Sûreté générale intensifiera ses contacts avec les deux parties pour trouver une formule de compromis.

Walid Joumblatt à Samkaniyé, ce week-end. Photo DR

Les médiations menées principalement par le directeur de la Sûreté générale, le général Abbas Ibrahim, pour trouver une issue à la crise politique engendrée par les affrontements meurtriers interdruzes de Qabr Chmoun ont été relancées en fin de semaine dernière, après une visite vendredi d’une délégation du Hezbollah à Khaldé au domicile du député Talal Arslane, chef du Parti démocratique libanais (PDL), impliqué dans les accrochages face au Parti socialiste progressiste (PSP) de Walid Joumblatt. Des accrochages qui ont causé la mort de deux membres du PDL.

Une information a été diffusée en début de soirée par la chaîne MTV, et aussitôt démentie par des sources citées par la même chaîne, sur une solution qui ferait son chemin pour permettre à la justice de prendre son cours sur ces incidents et au Conseil des ministres de reprendre ses réunions. Il s’est avéré, selon nos informations, qu’une solution a effectivement été trouvée, mais attend l’aval du député Talal Arslane.

Pour rappel, le parti de Talal Arslane réclame que la Cour de justice (cour d’exception) se saisisse de l’affaire (ce qui nécessiterait un décret en Conseil des ministres), indépendamment de l’enquête menée par les services de renseignements des Forces de sécurité intérieure, dont il dit douter de l’impartialité. Il se refuse en outre de livrer à la justice des partisans impliqués dans les incidents, en estimant qu’il n’y avait que des témoins dans ses rangs et non des acteurs, le ministre Saleh Gharib (PDL) ayant été victime d’un guet-apens tendu par les partisans du PSP, selon la version du parti de Talal Arslane.

Le parti de Walid Joumblatt demande en revanche que l’enquête devant les FSI s’achève. Il a d’ailleurs livré huit de ses membres, dont trois ont été inculpés, pour que la juridiction compétente puisse être désignée sur base de ses résultats, fût-elle la Cour de justice, auquel cas un consensus en Conseil des ministres serait préférable au vote pour confier le dossier à cette cour d’exception.

L’issue trouvée hier par le ministre d’État pour les Affaires présidentielles, Salim Jreissati, agissant à la demande du président de la République Michel Aoun, tend à favoriser Walid Joumblatt. Il s’agit pour le PSP et le PDL de livrer à la justice leurs partisans respectifs impliqués dans les incidents de la Montagne, afin de paver la voie au transfert du dossier devant le tribunal militaire plutôt que la Cour de justice qui serait décidé par le Conseil des ministres en dehors de l’ordre du jour. Il est attendu que le PSP livre encore deux de ses partisans, et que le PDL accepte de livrer ses dix partisans aux enquêteurs. Pour ce qui est du Conseil des ministres, le scénario serait de trancher dans le sens du tribunal militaire après un vote de 15 voix contre 15 sur cette option, la mettant ainsi en échec.



(Lire aussi : La crise de Qabr Chmoun risque-t-elle de faire imploser le gouvernement ?)



Incertitude
Toujours selon nos informations, le Premier ministre Saad Hariri, qui avait pourtant œuvré pour la relance de l’exécutif à la faveur d’une réconciliation indépendamment de l’enquête judiciaire, ne réunira pas le Conseil avant d’être sûr de la solidité du compromis.

Ce qu’il manque est l’adhésion de Talal Arslane. De source indépendante, le Hezbollah serait intervenu pour mettre fin à la crise, dans l’intérêt entre autres de relancer l’exécutif. Il n’empêche qu’il tienne aussi à assurer une issue honorable à M. Arslane. C’est à cette fin qu’une délégation du parti chiite devrait lui rendre visite aujourd’hui à Khaldé, avant qu’il ne se prononce officiellement sur la question. La volonté du Hezbollah de ménager son allié expliquerait que la chaîne al-Manar ait démenti, en citant certaines sources, l’information de la MTV.

Le directeur général de la Sûreté générale, le général Abbas Ibrahim, s’est entre-temps rendu hier chez le ministre Gharib. Il a également rencontré l’ancien député Ghazi Aridi (PSP) chez le président de la Chambre Nabih Berry (qui avait poussé dans le sens d’un compromis) et doit encore s’entretenir avec Talal Arslane. Selon al-Manar, le général Ibrahim œuvrerait toujours pour élaborer un compromis. Le ministre des Finances Ali Hassan Khalil avait annoncé plus tôt dans la journée qu’il y avait « toujours possibilité d’aboutir à une entente sur les incidents de la Montagne ».



(Lire aussi : Qabr Chmoun : le président de la Chambre œuvre à un compromis politique)



Joumblatt et Arslane
Les tractations menées par le directeur de la Sûreté générale n’ont cependant pas trouvé d’issue concrète sur le terrain pour l’instant, comme le prouve l’attitude du chef du PSP et celle du chef du PDL, qui ont campé sur leurs positions, même si le ton était moins virulent que d’habitude. S’exprimant samedi à Samkaniyé (Chouf) dans le cadre d’une cérémonie annuelle des écoles de l’Association druze du Orfane, en présence notamment du cheikh Akl de la communauté, Naïm Hassan, Walid Joumblatt a évoqué la mémoire de son père, Kamal Joumblatt, estimant qu’il poursuivrait sur « la voie de la résistance, de l’unité, de la connaissance, de la science, de la raison, de l’ouverture, du dialogue, de l’arabité et de la Palestine ». « La voie tracée par Fakhreddine et Kamal Joumblatt demeurera tant que nous continuerons de respirer. Plus que jamais, nous ferons face aux défis », a-t-il ajouté. M. Joumblatt a également rendu hommage à la mémoire du patriarche Nasrallah Sfeir, « le patriarche de la paix », que sa communauté avait accueilli « en brandissant haut les drapeaux druzes le jour de la réconciliation de la Montagne et du Liban », en août 2001. La détermination du chef du PSP dans son discours a déteint sur ses cadres, qui ont lancé hier un hashtag sur Twitter : « Avec toi, nous relèverons le défi. » Les députés Hadi Abou el-Hosn, Fayçal Sayegh et Henri Hélou, notamment, ont ainsi exprimé leur soutien à M. Joumblatt dans ce cadre. Ce dernier a écrit à son tour sur son compte Twitter en soirée : « Que le calme prévale et tout se réglera par le dialogue. C’est mon conseil à mes camarades. » Auparavant, M. Joumblatt avait écrit dans la journée sur son compte : « Quand le pouvoir tranchera-t-il et se saisira-t-il de ceux qui sont recherchés » dans l’affaire de Qabr Chmoun ? Talal Arslane avait poursuivi samedi sur Twitter sa revendication d’obtenir un vote en Conseil des ministres sur la question du transfert du dossier devant la Cour de justice, « par respect pour le Conseil en tant qu’institution », appelant le Premier ministre à « assumer ses responsabilités, faute de quoi il sera accusé de collaboration dans la couverture de ce qui s’est produit ». « Ceux qui pensent que notre présence en Conseil des ministres ne sera qu’une promenade de santé pour manœuvrer contre notre revendication juste devront réviser leurs comptes », avait-il noté.




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commentaires (5)

Pas un seul mot sur Depardieu et sa rencontre avec Jomblatt

Sarkis Serge Tateossian

14 h 51, le 22 juillet 2019

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Commentaires (5)

  • Pas un seul mot sur Depardieu et sa rencontre avec Jomblatt

    Sarkis Serge Tateossian

    14 h 51, le 22 juillet 2019

  • QABR CHMOUN ET DEPARDIEU... EST-IL PAR HASARD UN INTERMEDIAIRE DANS LE PROBLEME ?

    LA LIBRE EXPRESSION

    12 h 34, le 22 juillet 2019

  • Puisqu'elle est là ( la photo) , on demandera qu'est ce qui lie joumgirouette à Depardieu ? Réponse : le goût du bon "vin" . POUR QABR CHMOUN ON EN PARLERA QUAND L'OLJ PRENDRA LA CHOSE AU SÉRIEUX .

    FRIK-A-FRAK

    09 h 33, le 22 juillet 2019

  • La cause (de Qabr Chmoun) n'est pas liée à l'effet (Depardieu) ici. Vous êtes en vacances l'OLJ??!

    Tina Chamoun

    08 h 58, le 22 juillet 2019

  • Allons allons les metteurs en page! Que vient faire cette photo avec ce titre? Y a du relachement par ici !!!

    Marie-Hélène

    00 h 52, le 22 juillet 2019

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