Un ouvrier démolit un abri en dur dans un camp de réfugiés syriens à Ersal, dans la Békaa, sur ordre des autorités libanaises, le 10 juin 2019. AFP / JOSEPH EID
L'ONG Human Rights Watch (HRW) a dénoncé vendredi une "pression illégitime" exercée par les autorités libanaises sur les réfugiés syriens pour qu'ils retournent dans leur pays, déchiré depuis 2011 par une guerre meurtrière. L'organisation critique notamment de l'ordre donné par les autorités aux réfugiés de détruire leurs abris en dur à Ersal, une région de la Békaa frontalière de la Syrie, mais aussi les nombreuses arrestations et expulsions de nombre d'entre eux.
A Ersal, les autorités libanaises, qui craignent une installation permanente des réfugiés, leur ont ordonné de démolir avant le 1er juillet des constructions considérées comme illégales, autorisant uniquement l'utilisation de bois et de bâches en plastique. Des familles ont dû détruire leurs abris en parpaings. L'armée est intervenue pour détruire une vingtaine de constructions encore debout à l'expiration du délai lundi dernier.
Bill Frelick, directeur de la division Droits des réfugiés chez HRW, a appelé à ce que ces "mesures répressives" soient "vues pour ce qu'elles sont : une pression illégitime sur les réfugiés syriens pour qu'ils quittent le Liban". "Beaucoup de ceux concernés par ces mesures ont des raisons de craindre de retourner en Syrie : (ils risquent) d'être arrêtés, torturés ou maltraités par des branches des services de renseignements", a-t-il ajouté, cité dans un communiqué.
Des jeunes hommes ont également fait part à l'AFP de leur crainte d'être enrôlés dans l'armée à leur retour. Une famille qui a dû détruire son abri a confié à l'AFP qu'elle ne retournerait pas en Syrie, la maison familiale ayant été détruite par la guerre.
Au total, quelque 35.000 réfugiés syriens au Liban sont potentiellement concernés par ces démolitions, selon le Haut commissariat de l'ONU pour les réfugiés (HCR). Parmi eux, quelque 15.000 personnes, dont au moins 7.500 enfants, à Ersal.
Avec une population de quatre millions d'habitants, le Liban accueille entre 1,5 million et deux millions de Syriens, chassés par la guerre qui ravage leur pays depuis 2011, dont près d'un million sont inscrits comme réfugiés auprès de l'ONU. Régulièrement, des responsables gouvernementaux dénoncent violemment la présence des réfugiés, souvent jugés responsables du marasme économique du pays.
"Le Liban ne devrait pas créer des pressions qui, cumulées, contraignent les réfugiés à retourner dans leur pays de manière non volontaire", a déclaré M. Frelick. Ces pressions incluent selon lui "des arrestations et expulsions, la fermeture de magasins, la confiscation ou la destruction de véhicules non enregistrés, en plus des restrictions de longue date comme les couvre-feux, les barrières à l'éducation, au logement et au travail".
Illustrant ce contexte tendu, quelque 600 réfugiés ont été chassés début juin du village de Deir el-Ahmar, dans le nord de la Békaa, après une altercation qui a dégénéré, selon Amnesty International. Aucun des villages alentours n'a accepté d'accueillir les réfugiés, qui ont toutefois fini par trouver où s'installer.
Déclenché en 2011, le conflit en Syrie a fait plus de 370.000 morts et des millions de déplacés et réfugiés.
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L'ONG Human Rights Watch (HRW) a dénoncé vendredi une "pression illégitime" exercée par les autorités libanaises sur les réfugiés syriens pour qu'ils retournent dans leur pays, déchiré depuis 2011 par une guerre meurtrière. L'organisation critique notamment de l'ordre donné par les autorités aux réfugiés de détruire leurs abris en dur à Ersal, une région de la Békaa...
commentaires (7)
PUISQUE VOUS AVEZ TANT A COEUR LE BIEN ETRE DES REFUGIES SYRIENS... OU EN TROUVERAIENT-ILS MIEUX QUE DANS VOS PAYS OCCIDENTAUX. ALLEZ, FAITES DES QUOTAS ET REPARTISSEZ-LES CHEZ VOUS ET CHEZ VOS VOISINS. D,AILLEURS LES BETISES OCCIDENTALES EN CE DOMAINE SONT A LA MODE. OU PAYEZ PLUS AUX TURCS POUR QU,ILS LES HEBERGENT CHEZ EUX.
LA LIBRE EXPRESSION
16 h 32, le 06 juillet 2019