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Dans le Chouf, Samy Gemayel vante la réconciliation druzo-chrétienne et critique implicitement Bassil

"Nous avons payé le prix fort tout au long de notre parcours alors que certains ne cherchent qu'à accéder au pouvoir. Il est temps de cesser cette quête du pouvoir et d'édifier un Etat, au lieu de sacrifier les principes et la population pour pouvoir accéder à un siège", martèle le chef des Kataëb à Rmeilé.

Le chef des Kataëb, Samy Gemayel. Photo d'archives AFP

Le chef du parti Kataëb, Samy Gemayel, a vanté dimanche la réconciliation entre chrétiens et druzes dans la Montagne du Chouf, profitant de l'occasion pour critiquer sans le nommer son rival chrétien, Gebran Bassil, ministre des Affaires étrangères et chef du Courant patriotique libre, en l'accusant de mener une surenchère pour mobiliser sa communauté.

"La réconciliation, la symbolique du Chouf, le nerf de Rmeilé et l'attachement à la terre me rendent humble", a lancé Samy Gemayel devant ses partisans, lors d'un discours prononcé à l'occasion de l'inauguration d'une permanence Kataëb à Rmeilé, dans le Chouf. "A tous ceux qui disent craindre de dormir dans le Chouf, nous leur disons de ne rien craindre, car nous n'hésitons jamais à dire la vérité, où que ce soit sur la terre libanaise, a-t-il ajouté. Nous n'avons pas peur du vivre-ensemble et de la politique de la main tendue dans l'intérêt du Liban. Nous n'avons pas peur de la vérité. Nous avons sacrifié des milliers de martyrs pour rester attachés à notre histoire et notre héritage. Nous ne craignons donc naturellement pas notre voisin et le fils de notre village", a souligné M. Gemayel en allusion aux habitants druzes de la Montagne. "Nous sommes venus au Chouf pour dire que rien ne peut ébranler la réconciliation, car c'est cette réconciliation des habitants et de l'histoire qui va bâtir l'avenir du Liban (...). Nous ne permettrons à personne de porter atteinte à cette réconciliation", a martelé le chef des Kataëb. 



(Lire aussi : Le clin d’œil de Bassil aux Kataëb : discours de circonstance ou initiative sérieuse ?)


"Justifier votre échec"

La réconciliation entre les druzes et les chrétiens dans la région a été scellée en août 2001, près de deux décennies après la guerre de la Montagne de 1983. Celle-ci avait opposé des miliciens druzes du Parti socialiste progressiste à d’autres chrétiens des Forces libanaises, après le retrait de l’armée israélienne du Chouf. Les affrontements entre les deux camps se sont soldés par la mort de plusieurs milliers de personnes, la destruction de maisons et d’églises. Les chrétiens de la Montagne ont, en outre, été forcés de quitter leurs villages. Ils n’y retourneront que dix-huit ans plus tard, avec la visite qualifiée d’« historique » du patriarche Nasrallah Sfeir effectuée du 3 au 5 août 2001 et l’accueil triomphal qui lui a été réservé dans la totalité des villages, notamment à Moukhtara.

"Ne vous cachez pas derrière les droits des communautés pour justifier votre échec, car tous les Libanais assument l'échec", a lancé en outre Samy Gemayel, dans une allusion aux récents discours à caractère communautaire, notamment celui tenu par Gebran Bassil. "Cessez d'instaurer la discorde entre les Libanais et la surenchère chrétienne. Je dis cela en tant que chef des Kataëb, ce parti qui a donné 6000 martyrs et qui a défendu la présence chrétienne au Liban", a martelé M. Gemayel, dans une critique plus claire à son rival du CPL. "Assez de surenchère, édifiez un Etat qui protège les chrétiens et les musulmans, et respectez la loi, la Constitution et les jeunes du pays en leur assurant la possibilité de rester dans le pays. Leur vie est leur avenir sont ici".

Et Samy Gemayel de conclure : "Nous avons payé le prix fort tout au long de notre parcours alors que certains ne cherchent qu'à accéder au pouvoir. Il est temps de cesser cette quête du pouvoir et d'édifier un Etat, au lieu de sacrifier les principes et la population pour pouvoir accéder à un siège".

Les détracteurs du chef du CPL l'accusent de vouloir accéder à tout prix à la présidence de la République, en succession du chef de l'Etat et fondateur de la formation, Michel Aoun.


(Lire aussi : Réfugiés syriens : Bassil et Joumblatt campent sur leurs positions)



La semaine dernière, Gebran Bassil avait mis à profit un dîner donné en son fief de Batroun pour adresser des messages politiques à son plus grand opposant depuis la mise sur pied du compromis présidentiel de 2016, à savoir le parti Kataëb. Le chef du CPL avait alors affirmé que son parti avait tenté de jeter les bases d’un partenariat à long terme avec la formation de Samy Gemayel, tant avant la tenue de la présidentielle que peu avant les élections législatives de mai 2018. Dans ces propos, le leader du courant aouniste tentait clairement de remettre sur le tapis de précédentes offres de rapprochement entre les deux formations, restées sans suite jusque-là.

Le chef du CPL entretien des relations difficiles également avec le chef des Forces libanaises, Samir Geagea, malgré l'entente politique qui lie leurs formation depuis 2016. M. Geagea est même allé jusqu'à accuser M. Bassil de contrôler le pays et de tenter de monopoliser les nominations dans les postes réservés aux chrétiens. Les relations entre Gebran Bassil et le leader druze Walid Joumblatt, ainsi que le Premier ministre Saad Hariri, sont tendues, sur fond de polémique communautaire. 

Ces derniers jours, Gebran Bassil avait suscité une polémique dans le pays et la région, en critiquant de manière virulente la présence des réfugiés syriens et de la main d'oeuvre étrangère au Liban. Il s'est toutefois défendu de tout racisme, tout en maintenant ses prises de position à ce sujet.


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Le chef du parti Kataëb, Samy Gemayel, a vanté dimanche la réconciliation entre chrétiens et druzes dans la Montagne du Chouf, profitant de l'occasion pour critiquer sans le nommer son rival chrétien, Gebran Bassil, ministre des Affaires étrangères et chef du Courant patriotique libre, en l'accusant de mener une surenchère pour mobiliser sa communauté."La réconciliation, la symbolique...

commentaires (2)

Tandis que Walid Joumblatt et Wi'am Wahab s'écharpent... Tandis que Gebran Bassil ratisse le Liban de long en large pour la présidentielle et hurle sur les déplacés syriens... Tandis que l'Iran et les Etats-Unis s'accusent mutuellement de tirer sur des tankers dans la mer d'Oman... Tandis que la cigale chante, la fourmi travaille... Natanyahu a inauguré aujourd'hui une nouvelle colonie sur le plateau syrien du Golan qui l'a baptisée "Ramat Trump" (la colline de Trump en hébreu) en l'honneur du président américain. (L'OLJ à 18h08)

Un Libanais

18 h 44, le 16 juin 2019

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Commentaires (2)

  • Tandis que Walid Joumblatt et Wi'am Wahab s'écharpent... Tandis que Gebran Bassil ratisse le Liban de long en large pour la présidentielle et hurle sur les déplacés syriens... Tandis que l'Iran et les Etats-Unis s'accusent mutuellement de tirer sur des tankers dans la mer d'Oman... Tandis que la cigale chante, la fourmi travaille... Natanyahu a inauguré aujourd'hui une nouvelle colonie sur le plateau syrien du Golan qui l'a baptisée "Ramat Trump" (la colline de Trump en hébreu) en l'honneur du président américain. (L'OLJ à 18h08)

    Un Libanais

    18 h 44, le 16 juin 2019

  • Pour arriver à ses fins la présidence de la République, Gébran Bassil est prêt à imiter Samson de la Bible en détruisant le Temple sur le peuple. Dans l'Histoire du Liban, aucune formation politique n'a offert un si grand nombre de héros, morts au champ d'honneur, morts pour le Liban. C'était une erreur d'inviter Gébran Bassil au dîner donné par les Kataeb à Batroun. Je le dis franchement. On n'invite pas un renard à un poulailler ou un loup à une bergerie ou une pieuvre à un filet de rougets barbets (sultan-ibrahim).

    Un Libanais

    16 h 45, le 16 juin 2019

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