Le conflit qui oppose les habitants de Aïn Dara, village dans le caza de Aley, aux hommes de Pierre Fattouche, promoteur de la mégacimenterie al-Arz qu’il compte construire à proximité du village, a pris un tour nouveau hier, cinq personnes ayant été blessées lors d’un accrochage entre les deux parties.
Dans les faits, la municipalité de Aïn Dara « a mis en place dans le cadre de ses prérogatives des barrages de terre pour entraver l’accès des camions et de gros véhicules à la mégacimenterie de Pierre Fattouche ainsi qu’aux carrières, d’autant qu’il s’agit à la base d’une route agricole », selon des sources qui suivent le dossier de près. Hier matin, « des individus armés, qui seraient liés à M. Fattouche, ont essayé de rouvrir la route par la force », ajoute-t-on de même source. Les habitants du village et des membres de la municipalité ont alors observé un sit-in pour les empêcher de le faire. « C’est alors que des éléments armés, venus du côté des carrières, ont attaqué les manifestants et tiré en l’air, affirment ces mêmes milieux. Cinq personnes ont été blessées. Un homme, Samir Yammine, a été atteint d’une balle à la jambe et a été hospitalisé. Quatre autres hommes, dont le moukhtar Antoine Badr, ont été légèrement blessés, les balles ayant ricoché sur les cailloux. De plus, les forces de l’ordre et les militaires, qui se sont déployés en force, ne sont intervenus que lorsqu’il y a eu des blessés. Au début, ils suivaient la scène de loin, sachant que les individus armés étaient venus à bord de plus de dix jeeps. Les forces de l’ordre ont arrêté trois hommes armés. »
Les habitants de Aïn Dara s’opposent à l’édification de cette mégacimenterie en raison de son impact sur l’environnement et leur santé, « mais parce que ce projet va également changer leur mode de vie », d’autant que le village sera transformé en zone industrielle et que cette cimenterie est dangereuse, souligne, à L’Orient-Le Jour, Antoine Haddad, vice-président du mouvement du Renouveau démocratique et habitant de Aïn Dara. Il affirme que le conseil municipal et les habitants du village sont déterminés à poursuivre leur combat pour empêcher la construction de cette usine.
Le président du conseil municipal de Aïn Dara, le général Maroun Badr, a appelé « tous les responsables à soutenir les habitants du village dans leur opposition à la construction de cette usine et face aux hors-la-loi dans ce pays ».Par ailleurs, Abdallah Haddad, habitant du village, a souhaité sur son compte Facebook que « les autorités locales et les autorités ministérielles et judiciaires concernées remplissent leur devoir pour rétablir la suprématie de la loi ». Il a en outre expliqué que « le parquet a été notifié de la situation il y a une semaine et qu’une nouvelle notification lui a été adressée hier à 14h30 ».
Commentant les incidents d’hier soir, le leader du Parti socialiste progressiste (PSP), Walid Joumblatt, s’est demandé pour quelles raisons l’État est absent à Aïn Dara. « Est-ce l’État des janjawid (en référence aux miliciens du Darfour au Soudan) de la bande de Fattouche et Co. qui attaque les habitants par les pierres et les armes, a-t-il écrit sur son compte Twitter. Où est l’État, alors qu’on a mis la main sur les terrains domaniaux et les propriétés privées de Aïn Dara avec la présence de bandes armées. Jusqu’à quand, Monsieur le Président, le chaos continuera-t-il à régner durant votre mandat ? »
À l’heure d’aller sous presse, les habitants et le conseil municipal de Aïn Dara étaient toujours sur les lieux du sit-in, déterminés à empêcher les hommes de Pierre Fattouche de rouvrir la route.
Pour mémoire
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commentaires (5)
KELCHI BI SE3ROU BI LEBNEN OU KEL WAHAD ELOU SI3ROU MNEL ZGHIR LA AKBAR WAHAD BE LEBNEN ! HAYDA LEBNEN !
LA LIBRE EXPRESSION
16 h 33, le 11 juin 2019