La mégacimenterie gelée, mais le danger des carrières persiste

Les habitants de Aïn Dara (caza de Aley) qui se sont mobilisés pour empêcher la construction d’une mégacimenterie dans leur localité, déjà défigurée par les carrières, ont finalement obtenu gain de cause : le ministre de l’Industrie, Wael Bou Faour, a décidé d’annuler le permis de construire de la mégacimenterie controversée des frères Fattouche. Les habitants se sont félicités de cette décision mais ont rappelé que le problème des carrières qui ravagent la montagne est toujours d’actualité.

« Les tentatives de mainmise sur la décision de Aïn Dara et sur l’ensemble de sa montagne sont tombées, ont affirmé les habitants dans un communiqué. Nous remercions M. Bou Faour qui œuvre depuis trois ans pour empêcher que cette cimenterie ne soit établie, parce qu’il est convaincu que ce projet aurait des répercussions graves sur l’environnement et la santé. »

(Lire aussi : Jreissati à une délégation de Aïn Dara : Plus de délais administratifs !)

Le communiqué a cependant souligné que « la partie la plus dangereuse de ce projet continue d’exister ». « Il s’agit des carrières des frères Fattouche et de leur milice armée qui, aux côtés d’autres propriétaires de carrières, occupent les terrains indivis de Aïn Dara et ses Waqfs au beau milieu de la réserve des Cèdres du Chouf, relève le communiqué. Nous demandons au ministre de l’Environnement, Fady Jreissati, d’œuvrer à mettre un terme à ces crimes environnementaux commis sur 2 millions et demi de m2 de terrains à Aïn Dara », souligne le texte. Le vice-président du mouvement du Renouveau démocratique Antoine Haddad, qui a également combattu le projet de la mégacimenterie, a pour sa part salué la décision du ministre de l’Industrie et remercié ce dernier ainsi que le chef du Parti socialiste progressiste, Walid Joumblatt. « Il s’agit d’une décision courageuse et responsable de la part de M. Bou Faour et qui constitue un pas essentiel face à la situation environnementale délétère », a déclaré M. Haddad dans un communiqué samedi. Interrogé hier par L’Orient-Le Jour, M. Haddad a estimé que la région « ne peut pas supporter l’existence d’une cimenterie ». « M. Bou Faour s’est basé sur un rapport du Conseil d’État qui détaillait les aspects négatifs de la mise sur pied de la mégacimenterie, a-t-il souligné.

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À la base, les frères Fattouche ont obtenu en 1996 une autorisation pour exploiter 2 000 m2, mais ils ont dépassé les 200 millions. Ils auraient dû arrêter leur activités lorsqu’un schéma directeur pour les carrières a été mis en place en 2000. M. Jreissati compte en établir un nouveau », a ajouté M. Haddad. Le ministre de l’Environnement avait abordé mardi dernier le sujet des carrières sauvages avec une délégation de Aïn Dara. M. Jreissati dispose de trois mois qui lui ont été accordés par le Conseil des ministres pour que son ministère complète un nouveau plan directeur des carrières. Le ministre avait demandé l’arrêt de l’utilisation de la dynamite durant les trois mois qui lui ont été accordés par le gouvernement tout en annonçant qu’il n’y aurait plus jamais de délais administratifs pour les carrières.C’est dans ce cadre que le chef du Parti démocrate libanais, Talal Arslane, a reçu hier une délégation de propriétaires de carrières à Aïn Dara. « Il faut avant tout travailler, lors des trois mois à venir, à mettre en œuvre toutes les décisions du ministère de l’Environnement pour qu’aucune carrière dans le village ne soit fermée », a-t-il dit.

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