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Économie - Conjoncture

Tourisme : l’été libanais sera-t-il chaud ?

Les professionnels espèrent poursuivre sur leur lancée après une saison hivernale marquée par une météo exceptionnelle.

Une plage à Okaïbé (Kesrouan). Photo DR

Contraints d’être prudents depuis le début du conflit syrien en 2011, les professionnels libanais du tourisme ont du mal cette année à dissimuler leur optimisme à l’approche d’une saison estivale qu’ils annoncent prometteuse.

Fin mai, le président du syndicat des hôteliers, Pierre Achkar, déclarait au quotidien Daily Star que les taux de réservation des principaux hôtels à Beyrouth pour cet été atteignaient déjà 50 %, pariant même sur un taux d’occupation oscillant, sauf mauvaise surprise, entre 70 et 90 % dans les prochains mois. Interrogé en même temps, le secrétaire général de l’Union des syndicats touristiques et président du syndicat des complexes balnéaires, Jean Beyrouthi, avait partagé le même enthousiasme.

« Les indications qui nous parviennent via les consuls libanais, notamment dans les pays du Conseil de coopération du Golfe (Arabie saoudite, Bahreïn, Émirats arabes unis, Koweït, Oman et Qatar), les hôteliers et les entreprises de location de voitures nous donnent beaucoup d’espoir », a renchéri auprès de L’Orient-Le Jour le président du syndicat des propriétaires de restaurants, cafés, boîtes de nuit et pâtisseries, Tony Rami.



(Lire aussi : Croissance : le tourisme, seul rescapé au premier trimestre, selon un rapport bancaire)



Pays du Golfe et européens
Pour le secrétaire général du syndicat des hôteliers, Wadih Kanaan, qui préside également la commission dédiée au tourisme au sein du Conseil économique et social, plusieurs facteurs peuvent justifier cet optimisme, si tant est que « les dirigeants libanais s’emploient à maintenir la stabilité du pays ».

Premier motif d’espoir invoqué, le fait que les autorités saoudiennes aient levé en février l’interdiction adressée fin 2017 à leurs ressortissants de se rendre au Liban (en marge de l’épisode de la démission avortée du Premier ministre Saad Hariri, resté bloqué à Riyad pendant plusieurs semaines). Le retour des touristes du CCG, dont le pouvoir d’achat est traditionnellement élevé (42 % des dépenses détaxées au Liban au premier trimestre ont été effectuées par des Saoudiens, Émiratis, Koweïtiens et Qataris, selon Global Blue), est déjà confirmé par les chiffres du ministère du Tourisme. Le nombre de touristes arabes, qui ont représenté 36,4 % des 375 815 visiteurs enregistrés à fin mars, a en effet augmenté de 16,4 % en rythme annuel, porté par la hausse du nombre de Saoudiens (+80 %), de Koweïtiens (+44,2 %) et d’Émiratis (+17,8 %).

Selon Wadih Kanaan, le Liban pourrait en outre bénéficier du fait que de nombreux touristes saoudiens ont annulé leurs vacances en Turquie, selon des informations rapportées par une partie de la presse saoudienne. Une désertion qui s’explique par la dégradation des relations diplomatiques entre les deux pays ces derniers mois, entre autres facteurs.

Plus nombreux à visiter le Liban depuis près de deux ans, les visiteurs européens (deuxième contingent de touristes à fin mars, avec 35 % du total) devraient également être au rendez-vous cette année. « Le Vatican a remis il y a près d’un an le Liban sur la liste de pèlerinages chrétiens après 12 ans d’absence, une décision qui est entrée en vigueur au début de l’année et dont le pays va profiter », précise Wadih Kanaan. Le Vatican publie chaque année cette liste qui compte une vingtaine de pays et qui est très prisée par les pèlerins et les touristes.



(Pour mémoire : Guidanian veut fermer les deux derniers offices du tourisme libanais à l’étranger)



Snowshoeing et ski-doo
Troisième argument enfin invoqué : le fait que le pays soit « prêt » à capitaliser sur cette affluence attendue. « La programmation des festivals est une fois de plus très riche cette année, avec de nombreux artistes et DJ internationaux attendus, et beaucoup de soirées prévues », se réjouit Tony Rami. « Les autorités ont par ailleurs pris des dispositions pour limiter les risques de congestion à l’aéroport international de Beyrouth, comme cela s’est produit ces deux dernières années », estime de son côté Wadih Kanaan. Lundi dernier, les ministres des Transports et du Tourisme, Youssef Fenianos et Avédis Guidanian, ont d’ailleurs inauguré le hall des départs de l’AIB, qui a été réaménagé dans le cadre des travaux d’élargissement des infrastructures de contrôle des passagers, lancés en février. « Il y a encore beaucoup à faire pour que le tourisme libanais fonctionne moins par à-coups et arrive à adopter un modèle plus durable, mais nous devrons profiter de cette amélioration de la conjoncture pour nous mettre dans le bon sens », conclut M. Kanaan.

La dynamique semble d’autant plus favorable que les professionnels du secteur viennent de conclure une saison hivernale « exceptionnelle » après plusieurs années de disette liées aux caprices de la météo. Selon les chiffres rapportés par les services de météorologie, les précipitations saisonnières allant de décembre 2018 jusqu’au 15 mai 2019 ont doublé par rapport à l’année précédente sur la même période, passant de 509,3 mm à 1 034,6 mm à Beyrouth et de 491,3 mm à 1 059 mm à Zahlé, selon les informations publiées. En montagne, la poudreuse a même dépassé les 3 mètres dans certaines régions, ce qui a permis aux stations de ski de tripler le nombre de jours skiables cette saison, de 35 à plus de 100 entre fin décembre et fin avril. Selon certains professionnels interrogés, les stations de ski ont également bénéficié de la hausse du nombre de touristes – notamment européens, en provenance d’Autriche, de Suisse et de France.

Pour Élie Fakhri, directeur de Cedars Ski Resort, la principale station des Cèdres (Liban-Nord), la saison a été « fructueuse », bien que le nombre important de tempêtes qui ont balayé le Liban cet hiver ait alourdi ses coûts d’entretien des pistes et des équipements. Il note que la succession de mauvaises saisons combinée à la détérioration de l’activité économique au Liban ces dernières années a contraint les propriétaires de stations de ski à consentir d’importants efforts sur les prix. Pour Nour Saab, directrice de Laklouk Village Vacances (Laqlouq, Mont-Liban), les professionnels ont également pu compter sur le succès de certaines activités autres que le ski, activités telles le « snowshoeing » (randonnée en raquettes sur la neige) ou le « ski-doo » (sorte de motoneige), qui ont eu du succès cette année. « En 2019, la fréquentation des personnes qui ne font pas de ski a augmenté dans notre domaine, qu’il s’agisse de fans de sports d’hiver ou de clients cherchant à trouver du repos loin de Beyrouth. » Contactés par L’Orient-Le Jour, les responsables de la station Mzaar Ski Resort, la plus fréquentée du Liban (Kfardébiane, Mont-Liban), n’ont pas répondu à nos sollicitations.



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Contraints d’être prudents depuis le début du conflit syrien en 2011, les professionnels libanais du tourisme ont du mal cette année à dissimuler leur optimisme à l’approche d’une saison estivale qu’ils annoncent prometteuse.Fin mai, le président du syndicat des hôteliers, Pierre Achkar, déclarait au quotidien Daily Star que les taux de réservation des principaux hôtels à...

commentaires (3)

Sauf mauvaise surprise soyons nous aussi optimistes .

Antoine Sabbagha

20 h 04, le 10 juin 2019

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Commentaires (3)

  • Sauf mauvaise surprise soyons nous aussi optimistes .

    Antoine Sabbagha

    20 h 04, le 10 juin 2019

  • ESPERONS QU'UN ABRUTI NE SE FERA PAS EXPLOSER DANS UN HOTEL PLEIN DE TOURISTES DU GOLF OU QUE DES MANIFESTATIONS ANTI ARABE ( PAS TROP PACIFIQUES ) AIENT LIEU DURANT LA CONFERENCE DE BAHREIN EN JUIN QUI DOIT DEFINIR LES PREMIERES IDEES D'UN ACCORD ENTRE ISRAEL ET LES PALESTINIENS AU NIVEAU ECONOMIQUE

    LA VERITE

    12 h 42, le 10 juin 2019

  • SOUHAITONS QUE LE PAYS COMMENCE A RESPIRER.

    LA LIBRE EXPRESSION

    06 h 51, le 10 juin 2019

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