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À La Une - conflit

Nouveaux raids meurtriers du régime syrien sur Idleb malgré un appel de Trump

Pour ajouter à la complexité du conflit, des bombardements israéliens contre des positions des forces prorégime en Syrie voisine ont tué 15 combattants, selon l'OSDH.

Des membres de la défense civile syrienne (les Casques blancs) évacuant un homme blessé pendant que des civils fuient la localité de Maaret el-Noomane, dans la province d'Idleb viée par les bombardements du régime, le 3 juin 2019. Photo AFP / Abdulaziz KETAZ

Le régime de Bachar el-Assad a de nouveau bombardé lundi la province d'Idleb en Syrie tuant six civils, ignorant un appel du président américain Donald Trump à mettre fin au "bombardement infernal" par l'armée syrienne et ses alliés de ce bastion jihadiste.

La Russie, qui aide militairement le régime Assad dans le pays en guerre, a affirmé que l'armée russe visait des "terroristes" à Idleb, une province du nord-ouest syrien en grande partie contrôlée par Hayat Tahrir al-Cham (HTS, ex-branche syrienne d'el-Qaëda) et ultime grand fief jihadiste en Syrie.

Depuis fin avril, le régime Assad et l'armée de l'air russe bombardent les secteurs jihadistes dans la province d'Idleb et d'autres également sous contrôle de HTS dans les provinces voisines de Hama, d'Alep et de Lattaquié. Si le régime n'a pas annoncé une offensive à proprement parler contre HTS, il poursuit ses bombardements et livre des combats au sol, grignotant des zones dans la région. Plus de 300 civils ont été tués ainsi qu'environ 700 combattants des deux camps en un mois, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

Lundi, les frappes aériennes du régime ont visé plusieurs secteurs de la province, tuant six civils dont quatre dans la localité de Maaret al-Noomane, soumise à des bombardements intenses ces derniers jours, a précisé l'ONG.
Au milieu des destructions, des Syriens fuyaient les bombardements du régime contre Maaret al-Noomane alors que des secouristes transportent des blessés ou évacuent survivants ou victimes des décombres, selon un correspondant de l'AFP sur place.


(Lire aussi : Les raids meurtriers à Idleb, prélude à une offensive majeure ?)



"Armes bannies"
Le Kremlin a justifié les raids, en accusant les jihadistes de bombarder des zones prorégime. "Les bombardements des terroristes en provenance d'Idleb sont inacceptables et des mesures sont prises pour neutraliser les positions d'artillerie".

La veille, M. Trump a appelé à cesser les frappes. "J'entends parler que la Russie, la Syrie (...) se livrent à un bombardement infernal dans la province d'Idleb en Syrie et tuent sans discrimination beaucoup de civils innocents", a écrit sur Twitter le président américain. "Le Monde observe cette boucherie. Quel est l'objectif, qu'est-ce que vous allez obtenir? ARRÊTEZ!".

Au moins 24 hôpitaux et cliniques, mais aussi 35 écoles, ont été touchés par les bombardements, selon l'ONU. Plus de 270.000 personnes ont été déplacées d'après la même source qui a mis en garde contre une aggravation de la crise humanitaire.

Human Rights Watch a accusé le régime syrien et Moscou d'utiliser des "armes bannies internationalement", en citant des "armes à sous-munitions, des armes incendiaires", mais aussi des "barils d'explosifs" largués généralement par des hélicoptères sur "des secteurs habités par des civils". "La Syrie et la Russie utilisent un cocktail d'armes internationalement bannies sur une population civile prise au piège", a affirmé dans un communiqué Lama Fakih, directrice par intérim pour le Moyen-Orient à HRW.




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Transfert de déplacés d'al-Hol
L'escalade dans la province d'Idleb, frontalière de la Turquie, est la plus grave depuis que Moscou et Ankara, parrain de certains groupes rebelles, ont annoncé en septembre 2018 un accord sur une "zone démilitarisée" devant séparer les territoires jihadistes et insurgés des zones gouvernementales attenantes. Cet accord, censé faire éviter à la province une offensive d'envergure du régime, n'a été que partiellement appliqué, en raison du refus des jihadistes de se retirer de la zone tampon.

Sur un autre plan, quelque 800 femmes et enfants syriens ont commencé à quitter le camp de déplacés d'al-Hol (nord-est), pour rejoindre leurs foyers, une première opération du genre menée par les autorités kurdes qui contrôlent de vastes régions du nord-est du pays. Dix-sept bus ont quitté le camp surpeuplé qui héberge des familles liées au groupe jihadistes Etat islamique (EI).
En outre, les autorités kurdes ont remis cinq orphelins norvégiens issus de familles liées à l'EI et présents dans le même camp à une délégation de leur pays venue les rapatrier.

Déclenché en 2011 par la répression de manifestations, le conflit en Syrie devenu complexe avec l'implication de plusieurs acteurs régionaux et internationaux, outre les groupes jihadistes, a fait plus de 370.000 morts et poussé à la fuite des millions personnes. Avec l'appui de la Russie, de l'Iran et du Hezbollah, le régime Assad a réussi à reprendre près de 60% du territoire.


(Lire aussi : Israël seul (pour l’instant) à répondre militairement à l’Iran)




"Missiles ennemis"
Pour ajouter à la complexité du conflit, des bombardements israéliens contre des positions des forces prorégime en Syrie voisine ont tué 15 combattants, selon l'OSDH : 7 prorégime de nationalité étrangère près de Damas, cinq combattants à Hama (centre) et trois soldats syriens à Qouneitra (sud).

Lundi avant l'aube, l'armée israélienne a tiré des missiles contre la base aérienne T4 dans la province centrale de Homs, où un soldat a été tué et deux blessés, tandis qu'un dépôt d'armement a été touché, selon l'agence officielle syrienne Sana. La nuit précédente, elle a ciblé des positions prorégime près de la capitale Damas et dans la province de Qouneitra (sud), disant agir après des tirs de roquettes en provenance de Syrie.

Les médias étatiques syriens ont eux fait état seulement de quatre soldats syriens tués. Selon Sana, la défense antiaérienne syrienne à Damas est entrée en action et a abattu des "missiles ennemis" tirés "depuis le Golan occupé" par Israël.

L'OSDH a affirmé que "des entrepôts et des positions" où sont stationnés des forces syriennes, des forces iraniennes et des combattants du Hezbollah ont été pris pour cible, notamment à Kesswa, une localité au sud-ouest de Damas visée plusieurs fois déjà.

L'armée israélienne a dit riposter à des tirs de roquettes provenant de Syrie samedi et visant le mont Hermon sur le Golan occupé. Elle a prévenu qu'elle "tenait pour responsable" le régime syrien de "chaque action entreprise contre Israël". "Nous n'allons pas tolérer des tirs contre notre territoire", a mis en garde dimanche le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu.
Israël confirme rarement ses frappes en Syrie, même si ces derniers mois il a revendiqué plusieurs tirs.



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