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À La Une - polémique

Les livraisons d'armes françaises à l'Arabie saoudite à nouveau sur le tapis

Quinze jours après le rocambolesque épisode d'un cargo saoudien ayant renoncé à embarquer des armes françaises pour l'Arabie dans le port du Havre, un autre bateau, le Bahri Tabuk, doit prendre livraison de munitions pour les canons Caesar français, à destination de Jeddah, selon de nouvelles révélations du média indépendant Disclose.

Des memrbes des forces armées saoudiennes. Photo d'archives AFP / Ahmed Farwan

La controverse sur les livraisons d'armes françaises à l'Arabie saoudite a rebondi mardi après de nouvelles révélations du média indépendant Disclose affirmant qu'un chargement de munitions devait avoir lieu sur un cargo saoudien dans le port de Marseille-Fos (sud). Ces informations ont été vivement démenties en fin de journée par l'armateur du navire Bahri Tobuk. 

Selon Disclose, ce cargo saoudien doit prendre livraison de munitions pour les canons Caesar français, à destination de Jeddah, en Arabie saoudite. Une accusation éminemment sensible, ces armes pouvant être utilisées pour tuer des civils au Yémen, selon des ONG.

Pour Shipping Agency Service, la société représentant en France l'armateur saoudien Bahri, ce sont uniquement des générateurs électriques que le Bahri Tabuk compte embarquer mercredi : "Le navire va charger, pour le compte de (l'entreprise allemande) Siemens, des stations mobile d'électricité à usage civil, et cela représente 100% de sa marchandise", a insisté auprès de l'AFP un porte-parole de SAS, selon qui "les informations sur un chargement d'armes ou d'explosifs sont complètement bidon". "Ce sont des +fake news+, comme c'était déjà le cas au Havre", il y a deux semaines, quand un autre cargo saoudien du même armateur, le Bahri Yanbu, avait déjà été soupçonné de vouloir embarquer des armes françaises à destination de l'Arabie saoudite, a-t-il poursuivi. Ce navire avait finalement renoncé à accoster au port du Havre (Seine-Maritime, nord-ouest), après cette une polémique provoquée déjà par des accusations de Disclose.


(Pour mémoire : Macron dit avoir des « garanties » de Riyad sur les armes)


Cette nouvelle polémique sur les livraisons d'armes françaises à l'Arabie saoudite et leur potentielle utilisation dans le conflit au Yémen a donné lieu à une passe d'armes à l'Assemblée nationale mardi après-midi.

"Nous sommes en train de vérifier", a déclaré la ministre des Armées Florence Parly, interpellée à l'Assemblée sur ces munitions fabriquées par une filiale du groupe Nexter et leur possible départ pour le Golfe: "Et quand bien même ce serait le cas, cela serait-il étonnant ? Non, car nous avons un partenariat avec l'Arabie saoudite" a-t-elle poursuivi dans une ambiance houleuse, interrompue par un "vous mentez !" de François Ruffin, député de La France Insoumise (gauche radicale).

Dans un communiqué, Amnesty International a appelé la France à bloquer le départ de ce "bateau de la honte" pour l'Arabie saoudite, son chargement pouvant servir pour des "crimes de guerre" commis par les forces armées saoudiennes au Yémen. Dans ce texte, l'ONG affirme que le Bahri Tabuk serait arrivé à Fos-sur-Mer avec des véhicules blindés canadiens à bord. Il y a des "raisons légitimes" de penser que des munitions françaises vont aussi être chargées, poursuit Amnesty.

Cette nouvelle livraison, si elle est confirmée, relance le débat sur les ventes d'armes françaises à l'Arabie saoudite, à la tête d'une coalition qui intervient depuis 2015 au Yémen contre les rebelles houthis soutenus par l'Iran. Cette "sale guerre", selon la formule même des autorités françaises, a fait depuis 2015 des dizaines de milliers de morts et a entraîné l'une des pires crises humanitaires au monde, selon l'ONU.

"Oui c'est une sale guerre, oui il faut l'arrêter, oui il faut que les Saoudiens et les Emiriens arrêtent, oui il faut être extrêmement vigilant sur les ventes d'armes à l'égard de ces pays. C'est ce que nous faisons", a déclaré mardi sur France Inter le ministre des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian. "Nous respectons scrupuleusement" le traité sur le commerce des armes, a-t-il assuré.

Le port de Marseille-Fos "ne servira pas à charger des armes ou des munitions", a pour sa part assuré à l'AFP Laurent Pastor, un responsable syndical des dockers, promettant que le chargement serait "vérifié". Selon M. Pastor, le chargement du Bahri Tabuk a été présenté comme du "matériel civil pour un projet lié à l'énergie".

L'ACAT (Action des chrétiens pour l'abolition de la torture) France a indiqué avoir déposé mardi après-midi un référé-liberté contre l'autorisation de charger des armes qui aurait été délivrée au cargo Bahri Tabuk par la Direction générale des douanes et droits indirects (DGDDI). Cette association avait déjà déposé un recours contre le chargement du Bahri Yanbu au Havre, mais celui-ci avait été rejeté le 10 mai.




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La controverse sur les livraisons d'armes françaises à l'Arabie saoudite a rebondi mardi après de nouvelles révélations du média indépendant Disclose affirmant qu'un chargement de munitions devait avoir lieu sur un cargo saoudien dans le port de Marseille-Fos (sud). Ces informations ont été vivement démenties en fin de journée par l'armateur du navire Bahri Tobuk. Selon Disclose,...

commentaires (2)

Il faudra prouver que le manque de contrôle et l'opacité des transferts d'armement contre le YEMEN est vraiment illégal .

Antoine Sabbagha

19 h 43, le 28 mai 2019

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Commentaires (2)

  • Il faudra prouver que le manque de contrôle et l'opacité des transferts d'armement contre le YEMEN est vraiment illégal .

    Antoine Sabbagha

    19 h 43, le 28 mai 2019

  • Il n'y a que les armes françaises qui tuent des civils au Yémen ? La France n'est pas le seul pays qui vend des armes à l'Arabie saoudite, il y a aussi le Royaume-Uni, l'Allemagne, l'Autriche, la Suède, la Géorgie, la Slovaquie, la Turquie, la Chine, le Canada, l'Espagne, la Suisse, l'Italie, la Serbie, l'Afrique du Sud...

    Un Libanais

    19 h 05, le 28 mai 2019

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