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Armement français au Yémen : face à la polémique, Macron "assume"

Des recours suspensifs ont été déposés par deux ONG pour empêcher le chargement d'armes à bord d'un cargo saoudien au Havre (ouest de la France).

Le président français Emmanuel Macron à son arrivée, le 9 mai 2019, à Sibiu en Roumanie pour le sommet sur l'avenir de l'UE post-Brexit. AFP / Daniel MIHAILESCU

Le président français Emmanuel Macron a dit jeudi "assumer" ses ventes d'armes à l'Arabie saoudite, assurant avoir la "garantie" qu'elles "n'étaient pas utilisées contre des civils" dans la guerre au Yémen.

M. Macron a fait ces déclarations alors que des recours suspensifs ont été déposés par deux ONG pour empêcher le chargement d'armes à bord d'un cargo saoudien au Havre (ouest de la France).

Pour l'heure, le navire Bahri Yanbu reste en rade. Il est ancré à une trentaine de kilomètres du port et "les conditions d'accueil techniques ne sont pas là. Il ne rentrera pas au port aujourd'hui" jeudi, selon une source portuaire.

L'Acat (Action des chrétiens pour l'abolition de la torture) et l'ONG Action Sécurité Ethique Républicaines (ASER) ont déposé des recours en urgence au tribunal administratif de Paris, qui devraient être examinés rapidement, pour empêcher le départ du cargo chargé d'armes. "L'Etat français ne peut ignorer que ces armes peuvent servir à commettre des crimes de guerre au Yémen, où plus de 400.000 civils sont potentiellement sous le feu", a déclaré l'avocat de l'Acat, Joseph Breham.

Plusieurs autres organisations comme Human Rights Watch, Amnesty International ou l'Observatoire des armements sont également opposées à ces ventes.

Interrogé à son arrivée à Sibiu (Roumanie) pour un sommet européen, Emmanuel Macron a rétorqué: "L'Arabie saoudite et les Emirats arabes unis sont des alliés de la France. Et ce sont des alliés dans la lutte contre le terrorisme. Nous l'assumons totalement". "Il y a un comité qui gère ces exports (...) dans lequel les choses d'ailleurs ont été durcies ces dernières années, et où nous demandons la garantie que ces armes ne puissent pas être utilisées contre des civils. Elle a été obtenue", a-t-il affirmé.


(Lire aussi : "Pas de preuve" que des armes françaises font des victimes civiles au Yémen, affirme Parly)

"Mensonge d'Etat"

Prônant la "transparence", Emmanuel Macron a admis qu'il était "tout à fait vrai que la France, depuis plusieurs années - au plus fort il y a cinq, six ans, dans les contrats qui ont été faits à l'époque - a vendu des armes à la fois aux Emirats arabes unis et à l'Arabie saoudite".

S'il n'a pas précisé les armes qui devaient être chargées au Havre, le site d'investigation Disclose a avancé que le navire devait prendre livraison de "huit canons de type Caesar" (camions équipés d'un système d'artillerie).

Le député communiste Jean-Paul Lecoq a affiché son scepticisme sur les déclarations présidentielles, lors d'un rassemblement d'une centaine de personnes au Havre pour dénoncer les ventes d'armes aux Saoudiens. "Quand on vend des armes à un pays, il en fait ce qu'il veut. (...) Les canons ne sont pas faits pour décorer le palais du cheikh", a ironisé le parlementaire, en parlant d'un "mensonge d'Etat".

Paris a invariablement affirmé que ces armements ne sont utilisés que de manière défensive et pas sur la ligne de front. Mais selon une note de la Direction du renseignement militaire (DRM), révélée par Disclose mi-avril, 48 canons Caesar produits par l'industriel français Nexter "appuient les troupes loyalistes (yéménites), épaulées par les forces armées saoudiennes, dans leur progression en territoire yéménite".

Une carte de la DRM estime que "436.370 personnes" sont "potentiellement concernées par de possibles frappes d'artillerie", dont celles des canons français.

"Il ne suffit pas de dire +j'ai des garanties+, il faut nous les montrer. De même, nous aimerions qu'on nous explique clairement, nettement, comment l'Arabie saoudite lutte contre le terrorisme au Yémen", a lancé Aymeric Elluin, d'Amnesty international France.


(Lire aussi : La France confirme un prochain chargement d'armes sur un cargo saoudien)



L'Acat conteste la décision de la Direction générale des douanes et droits indirects (DGDDI) d'autoriser le cargo Bahri Yanbu "à procéder à un chargement, exportation et transfert au sens de l'article 6 du Traité sur le commerce des armes, de matériels de guerre et matériels assimilés, dans le port du Havre, à destination finale de Jeddah en Arabie saoudite".

Emmanuel Macron a promis de s'engager "davantage", aux côtés des Nations unies, "dans la résolution du conflit au Yémen", "l'une des plus graves crises humanitaires que nous ayons aujourd'hui à affronter".

Riyad a pris la tête en 2015 d'une coalition militaire comprenant les Emirats arabes unis pour soutenir le président yéménite Abd Rabbo Mansour Hadi contre les rebelles houthis, qui ont pris le contrôle de vastes territoires. Ce conflit a entraîné la mort de dizaines de milliers de personnes, dont de nombreux civils, selon diverses organisations humanitaires.

Environ 3,3 millions de personnes sont toujours déplacées et 24,1 millions, soit plus des deux tiers de la population, ont besoin d'assistance, selon l'ONU.



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Le président français Emmanuel Macron a dit jeudi "assumer" ses ventes d'armes à l'Arabie saoudite, assurant avoir la "garantie" qu'elles "n'étaient pas utilisées contre des civils" dans la guerre au Yémen. M. Macron a fait ces déclarations alors que des recours suspensifs ont été déposés par deux ONG pour empêcher le chargement d'armes à bord d'un cargo saoudien au ...

commentaires (3)

Arrêtez les balivernes. Où était l'ACAT lors des massacres par des armes "étrangères", les enlèvements et l'exode aux quatre coins du monde des chrétiens de Syrie ? La France n'a pas à envoyer un soldat avec chaque obus vendus à tel ou tel pays. Aviez-vous demandé à l'URSS quelle était la destination des centaines de millions de kalachnikovs sortis des usines de l'Union soviétique et ses satellites ?

Un Libanais

21 h 56, le 09 mai 2019

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Commentaires (3)

  • Arrêtez les balivernes. Où était l'ACAT lors des massacres par des armes "étrangères", les enlèvements et l'exode aux quatre coins du monde des chrétiens de Syrie ? La France n'a pas à envoyer un soldat avec chaque obus vendus à tel ou tel pays. Aviez-vous demandé à l'URSS quelle était la destination des centaines de millions de kalachnikovs sortis des usines de l'Union soviétique et ses satellites ?

    Un Libanais

    21 h 56, le 09 mai 2019

  • CES ONGS ELLES FOURRENT LE NEZ PARTOUT ET VEULENT DICTER LA POLITIQUE AUX ETATS. QUE FONT-ILS D,AUTRE QUE CHASSER DES MOUCHES ?

    LA LIBRE EXPRESSION

    15 h 30, le 09 mai 2019

  • Honteux! Ou est la France championne des droits de l' home? Qu' a-t-elle fait dans le dossier Kashoggi depuis le début??

    LeRougeEtLeNoir

    12 h 37, le 09 mai 2019

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