Le commandant en chef de l'armée libanaise, le général Joseph Aoun. Photo d'archives ANI
Le commandant en chef de l'armée libanaise, le général Joseph Aoun, a promis vendredi qu'il n'y aurait pas de répit avant la libération de tout le territoire libanais de l'occupation israélienne, dans une allocution à la veille du 19e anniversaire de la libération du Liban-Sud, après le retrait israélien en mai 2000.
"Le 25 mai 2000, fête de la libération et de la résistance, est un jour radieux dans l'histoire du Liban", a affirmé le général Aoun, dans son ordre du jour à la troupe à Yarzé. "Ce jour a consacré l'aboutissement d'années de lutte et de résistance de la part des Libanais contre l'ennemi israélien, des sacrifices qui ont abouti à la libération de la majeure partie de notre terre (...) et la libération se poursuivra dans les fermes de Chebaa et les hauteurs de Kfarchouba ainsi que la partie nord du village de Ghajar", a ajouté le chef de l'armée. "Aujourd'hui, je vous promets et je promets aux Libanais qu'il n'y aura pas de répit avant la libération de tout notre territoire de l'occupation israélienne et nous n'épargnerons pas de sang ou de sueur pour réaliser cet objectif", a souligné le général Aoun en s'adressant aux soldats.L'armée israélienne s'était retirée le 24 mai 2000 de la partie du Liban sud qu'elle occupait encore, mais le Liban estime qu'elle doit encore se retirer des fermes de Chebaa, situées sur les pentes occidentales du mont Hermon, occupés par Israël en juin 1967, ainsi que des hauteurs de Kfarchouba et de la partie nord du village de Ghajar pour que la libération soit complète.
Pour sa part, le chef de l'Etat, Michel Aoun, a affirmé que la commémoration du 25 mai "est une preuve vivante que la volonté des peuples l'emporte toujours sur les difficultés, l'injustice et l'occupation (...)".
"L'exploit de la libération n'aurait pas eu lieu sans l'esprit patriotique dont ont fait preuve les Libanais et le martyre qui a été érigé en arme face à l'oppression", a estimé le président de la République. "La résistance est un droit naturel à tout peuple dont le territoire, les eaux et les airs sont violés, et le Liban a offert au monde un exemple de la résistance populaire et de son efficacité face à la puissance militaire de l'ennemi", a ajouté le chef de l'Etat.
Michel Aoun est allié au Hezbollah, seule formation libanaise qui continue de détenir des armes après la fin de la guerre civile en 1990 et qui a confronté militairement Israël à plusieurs reprises, la dernière guerre remontant à juillet 2006. Toutefois, l'arsenal du parti chiite divise la classe politique et la population, entre ceux qui soutiennent qu'il conserve ses armes hors du cadre étatique, et ceux qui y sont opposés.
"Le Liban est attaché à l'application des décisions internationales qui garantissent sa paix et sa souveraineté, notamment la résolution 1701 (du Conseil de sécurité qui mit fin à la guerre de juillet 2006 avec Israël)", a réaffirmé le président Aoun. Il a toutefois accusé Israël de "continuer à violer cette résolution", appelant la communauté internationale à "demander à Israël de respecter cette résolution".
Le directeur de la Sûreté générale, Abbas Ibrahim, a de son côté mis en garde les agents de la SG contre Israël qui "continue de constituer une grande menace pour notre pays en raison de ses ambitions concernant nos frontières terrestres et maritimes et nos ressources".
"Cela nous intime de rester éveillés et d’œuvrer perpétuellement afin de faire front à Israël et mettre en échec ses plans qui visent à déstabiliser notre stabilité comme il l'a fait durant les années précédentes lorsque nous avons réussi à démanteler des dizaines de cellules d'espionnages à sa solde", a-t-il ajouté.
"La fidélité est devenue rare"
Le général Aoun a en outre abordé de manière indirecte la question des réductions des dépenses allouées à l'armée dans le cadre de la politique d'austérité budgétaire qu'entend mener le gouvernement du Premier ministre Saad Hariri.
"Dans ces temps où la fidélité est devenue rare et où le sacrifice pour la patrie se transforme en patrie sacrifiée, vous êtes restés fidèles au serment malgré les promesses non tenues à l'égard de l'armée", a regretté le général Aoun en parlant aux militaires. "(...) Les âmes des soldats martyrs ne peuvent être quantifiées avec des sommes d'argent, de même que la dignité des militaires et leurs familles", a conclu le général Aoun.
La question du maintien ou non de la mesure numéro 3 pour les forces armées libanaises fait débat en Conseil des ministres. La loi libanaise prévoit trois niveaux d’alerte, dits "mesures", allant de la plus faible (n° 1) à la plus élevée (n° 3) avec des compensations financières assorties à chaque échelon. Depuis 2006, le Liban est au troisième de ces échelons. L’enjeu est de savoir si ces niveaux d’alerte doivent être tous maintenus en l’état, et s’appliquer de manière uniforme à l’armée – qui dépend du ministère de la Défense – et aux forces de sécurité – qui sont placées sous la tutelle du ministère de l’Intérieur.
(Pour mémoire : « Nous arrivons à peine à boucler le mois », lancent, devant la BDL, les militaires à la retraite)
Par ailleurs, les militaires à la retraite manifestent depuis des semaines pour mettre en garde contre une atteinte à leurs retraites et indemnités dans le cadre du budget étudié. Ils ont annoncé jeudi pour leur part une poursuite de l'escalade de leur contestation face aux responsables "inflexibles".
L'avant-projet de budget d'austérité étudié par le gouvernement depuis deux semaines prévoit notamment une ponction mensuelle de 3 % sur les pensions de retraite des anciens militaires, qui servira à financer leur couverture maladie, et le plafonnement du total des indemnités perçues par les militaires (ainsi que par les autres fonctionnaires) au cours d’une année à l’équivalent de 75 % de leur salaire principal pour la même année.
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Les fermes de Chebaa sont le sujet principal de tous nos discours politiques. Les fermes de Chebaa est un territoire syrien de 20 km2 (10km de long sur 2km de large) considéré par Israél comme faisant partie du Golan syrien occupé puisqu'un drapeau syrien flottait sur le petit poste de gendarmerie lorsque Israél l'avait envahi en 1973. Croyez-vous que la Syrie va faire une guerre de 100 ans pour récupérer les 1210 km2 du Golan y compris les 20km2 des fermes de Chebaa annexés par Israél en 1981 ? Est-ce au Liban de libérer un territoire qui ne lui appartient pas ? Pour l'exemple : La France doit-elle faire la guerre à la Russie pour rendre la Crimée à l'Ukraine ?
13 h 44, le 25 mai 2019