Le président Michel Aoun, le Premier ministre Saad Hariri et le chef du Législatif Nabih Berry à Baabda, le 6 mai 2019. Photo Dalati et Nohra.
Le Premier ministre libanais Saad Hariri a tenté de calmer la grogne sociale lundi soir, mettant toutefois en garde contre une crise économique, à l'issue d'une réunion à Baabda avec le chef de l’État Michel Aoun et le président du Parlement Nabih Berry. Cette réunion est intervenue après qu'une grève ouverte a débuté dans différentes institutions officielles et offices autonomes, notamment la Banque du Liban. Cette grève, la première de ce type depuis la création de la Banque centrale en 1963, a amené la Bourse de Beyrouth à suspendre ses opérations "jusqu'à nouvel ordre".
"Les positions des présidents Aoun et Berry ainsi que la mienne sont les mêmes. Nous voulons entreprendre des réformes et elles ne seront dirigées contre aucun secteur. Nous voulons dire franchement aux Libanais qu'il y a une crise économique et que nous allons réglementer les choses dans les administrations de l’État, a déclaré M. Hariri. Nous sommes loin de la faillite, mais nous devons procéder à ces réformes. Nous ne pouvons plus maintenir le même rythme de dépense. Nous avons aujourd'hui une occasion en or de préparer un budget de réformes dans l'intérêt de tous les Libanais".
"Tous les secteurs vont contribuer au budget, y compris le secteur bancaire, et il n'est pas vrai que les réformes sont dans l'intérêt du programme CEDRE, mais dans l'intérêt des Libanais, a-t-il assuré. Je n'ai pas compris certaines des grèves préventives qui ont eu lieu et le fait de ne pas procéder à des réformes entraînera la perte de la grille des salaires et d'autres avantages".
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"La Banque centrale bénéficie d'une indépendance totale et j'ai discuté avec (le gouverneur) Riad Salamé et je lui ai dit de préparer une échelle des salaires spéciale pour la BDL, a poursuivi le Premier ministre. Nous ne porterons pas atteinte aux personnes à revenu limité. Vous remarquerez aussi que plus de 70% de ce qui se dit dans la rue ne figure pas dans le budget, que nous espérons terminer à la fin de la semaine".
Alors que le gouvernement a entamé depuis le début de la semaine dernière une série de réunions quotidiennes pour plancher sur l'avant-projet de budget pour l'exercice 2019, qui avait été présenté par le ministre des Finances Ali Hassan Khalil, les fonctionnaires, les militaires à la retraite et de nombreux groupes et syndicats ont lancé des mouvements de grève et organisé des sit-in. Ils craignent en effet que les mesures d'austérité annoncées dans ce projet de budget ne portent atteinte à leurs avantages et ne réduisent leurs salaires.
Le gouvernement a poursuivi lundi l'examen de l'avant-projet de loi sur le budget 2019. A l'issue de la réunion, le ministre de l'Information Jamal Jarrah a appelé les fonctionnaires "à ne pas prendre en considération les rumeurs" et "à respecter la circulaire administrative" émise plus tôt dans la journée par le Premier ministre. Celle-ci prévoit des sanctions à l'encontre des fonctionnaires grévistes. Selon M. Jarrah, le gouvernement a assuré que "les grèves et manifestations ont été pour la plupart organisées sur la base d'informations erronées", et dénoncé les "fuites" sans fondement "qui trompent l'opinion publique".
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13 h 40, le 07 mai 2019