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À La Une - Liban

Le gouvernement met les fonctionnaires en grève face à leurs responsabilités

"Le gouvernement tient à l'indépendance de la Banque du Liban et ne souhaite pas s'immiscer dans ses décisions et ses politiques", affirme le ministre de l'Information à l'issue du Conseil des ministres.


Les ministres libanais réunis le 6 mai 2019 au Grand sérail. Photo Dalati et Nohra

Le gouvernement réuni lundi a appelé les fonctionnaires "à ne pas prendre en considération les rumeurs" et "à respecter la circulaire administrative" émise plus tôt dans la journée par le Premier ministre, Saad Hariri, et dans laquelle il rappelle que les fonctionnaires qui se mettent en grève s'exposent à des sanctions. Cette démarche intervient alors qu'une grève ouverte a débuté lundi dans différentes institutions officielles et offices autonomes, notamment la Banque du Liban. Cette grève, la première de ce type depuis la création de la Banque centrale en 1963, a amené la Bourse de Beyrouth à suspendre ses opérations "jusqu'à nouvel ordre".

Alors que le gouvernement a entamé depuis le début de la semaine dernière une série de réunions quotidiennes pour plancher sur l'avant-projet de budget pour l'exercice 2019 qui avait été présenté par le ministre des Finances Ali Hassan Khalil, les fonctionnaires, les militaires à la retraite et de nombreux groupes et syndicats ont lancé des mouvements de grève et organisé des sit-ins. Ils craignent en effet que les mesures d'austérité annoncées dans ce projet de budget ne portent atteinte à leurs avantages et ne réduisent leurs salaires. 

Le gouvernement a poursuivi lundi l'examen de l'avant-projet de loi sur le budget 2019. Ses membres doivent examiner les dispositions conflictuelles de l'avant-projet de budget concernant la réduction des dépenses dans la fonction publique ainsi que la question des comptes publics reconstitués et des lois de règlement.


(Lire aussi: Budget 2019 : le FMI fait « confiance » au gouvernement, assure Bteich)


A l'issue du Conseil des ministres, le ministre de l'Information, Jamal Jarrah, a affirmé que "le gouvernement tient à l'indépendance de la Banque du Liban et ne souhaite pas s'immiscer dans ses décisions et ses politiques". "Les informations qui fuitent sur le budget sont sans fondement et ne servent pas l'intérêt national", a-t-il également dit, soulignant que "les grèves ont eu lieu sur la base d'informations erronées". Il a aussi dénoncé des "fuites" sans fondement "qui trompent l'opinion publique". "Nous appelons les fonctionnaires à respecter la circulaire du Premier ministre et à ne pas prendre en considération les rumeurs, a encore dit le ministre. M. Hariri et tous les ministres sont prêts au dialogue afin de clarifier ce qui est ambigu". 

M. Jarrah a également affirmé que le gouvernement était en train d'approuver une série de réformes structurelles.

Réagissant à la démarche du chef du gouvernement, le député chiite de Baalbeck-Hermel, Jamil el-Sayyed, proche du Hezbollah et du régime Assad, a déclaré : "Le Premier ministre met en garde dans sa circulaire l'ensemble des fonctionnaires contre toute grève et les menace de conséquences judiciaires. Que penser alors de lui et d'autres qui se sont mis en grève lors de la formation du gouvernement après les élections législatives, paralysant le pays pendant sept mois ? La plupart des gens modestes sont pacifiques, mais ils peuvent devenir impétueux lorsque l'on touche à leur gagne-pain. Attention".

Le ministre de l'Industrie, Waël Abou Faour, a de son côté indiqué qu'il s'attendait à ce que le gouvernement achève l'étude du budget au terme de deux ou trois réunions cette semaine. 

Avant le Conseil des ministres, M. Ali Hassan Khalil avait assuré que son ministère "n'a pas l'intention de porter atteinte à la BDL ou à ses fonctionnaires", ajoutant qu'il était attaché à la hausse de la taxe sur les intérêts bancaires de 7 à 10%, "un point essentiel pour l'équilibre du budget".

Vendredi, le gouvernement avait étudié près d’une vingtaine d’articles du projet de budget, prévoyant pour la plupart une série de réductions d’amendes et de pénalités de retard pour les personnes ou institutions dans plusieurs domaines (taxes municipales, taxe mécanique, etc.). "Notre gouvernement doit mettre en place le budget le plus austère de l'histoire du Liban", avait plaidé en avril Saad Hariri, estimant que la "situation financière" du pays ne "permettait pas d'augmenter les dépenses publiques".


Photo Ani


Grèves,

Parallèlement aux réunions du gouvermement pour l'examen du budget, les grèves se sont poursuivies lundi, notamment au port de Beyrouth, à l'arrêt depuis 10 jours, à la Banque du Liban (BDL), ainsi qu'à la Caisse nationale de sécurité sociale. 

A l'issue d'une réunion entre le gouverneur de la BDL, Riad Salamé, et le président de la fédération des syndicats des employés de banque, Georges Hajj, les employés de la BDL ont décidé de poursuivre leur grève. Néanmoins, il a été décidé que les opérations de change et les transferts rouvrent. En fin de matinée, des employés en grève de la Banque du Liban s'étaient rassemblés à l'entrée du siège de la BDL, notamment pour protester contre la circulaire de M. Hariri. Le syndicat des employés de la BDL a appelé à une assemblée générale mardi.

Les professeurs de l'université libanaise ont, eux, annoncé qu'ils sont en grève ouverte jusqu'à l'adoption du budget. 


(Tribune : Budget : c’est à la classe dirigeante, et non au peuple, de payer pour ses erreurs)


L'Association des sociétés importatrices de pétrole a démenti les informations selon lesquelles les sociétés ont cessé la distribution aux stations-d'essence. "Ces informations sont dénuées de tout fondement", peut-on lire dans un communiqué.

Le président de la Confédération générale des travailleurs du Liban (CGTL), Béchara Asmar, a quant à lui été reçu par le président Michel Aoun et l'a remercié "pour avoir réactivé le dialogue avec le gouvernement au sujet des droits de la classe ouvrière dans le secteur public". "Je l'ai informé des appréhensions des travailleurs du secteur public, a indiqué M. Asmar. Nous devons en finir du budget de manière saine sans porter atteinte aux droits des personnes à revenus limités. Le président était réceptif".

Enfin, un sit-in est prévu mardi par les fonctionnaires de la CNSS devant le siège principal de cette institution à Beyrouth pour exprimer leur refus de toute incidence des mesures d’austérité sur leurs salaires.


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La question du titre devrait etre inverser : Quand nous le peuple allons-nous mettre nos politiciens vereux devant leurs responsabilites?

sancrainte

20 h 22, le 06 mai 2019

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Commentaires (5)

  • La question du titre devrait etre inverser : Quand nous le peuple allons-nous mettre nos politiciens vereux devant leurs responsabilites?

    sancrainte

    20 h 22, le 06 mai 2019

  • MALGRÉ QUE LE NORVÈGE EST UN PAYS RICHE, LES MINISTRES ET LES DÉPUTÉS PAYENT EUX MÊME TOUS LEURS DÉPENSES ET N'ONT PAS AUCUN AVANTAGE. NI CHAUFFEUR, NI VOITURE RIEN DU TOUT SUR LE COMPTE DE L'ÉTAT. COMMENÇANT PAR LES IMITER DÉJÀ.

    Gebran Eid

    13 h 25, le 06 mai 2019

  • La situation est simple : 1- Le pays tient encore debout par un miracle...(qui consiste à dire, bientôt la CEDRE, bientôt du forage de gaz dans la méditerranée) dans les deux cas rien n'est acquis ...et cela peut mettre du temps tant que nous continuons nos déboires inter-libanais! 2- Par conséquent nous devons faire des économies très importantes, cesser les gaspillages, éradiquer la corruption généralisée. Qua faisons nous réellement, pendant ce temps ? Nous crions tous : PAS TOUCHER A MES INTÉRÊTS .... 1- Le monde de la "politique", et "notables" tous refusent d'être concernés ou impliqués dans la corruption que nous savons tous qu'elle est généralisée, et si nécessaire, ils se font couvrir par les "patriarches" religieux. (par tous les moyens) 2- Les militaires à la "retraites prennent du service pour la circonstance et descendent dans la rue ... 3- Les employés de la BDL et demain, l'administration peuvent descendre dans la rue pour réclamer la préservation de leurs acquis. RESTE UNE QUESTION CRUCIALE A RÉSOUDRE Dans ces conditions ...que faisons nous maintenant ? On attend que les choses s'aggravent irrémédiablement et que les pays riches viennent nous donner un coup de pied dans le derrière ? Le pauvre ... il n'a ni syndicat ni "parrain" pour défendre ses intérêts ! Les partis politiques rouges, jaunes, vert ou noir, sont tous "pipeau", ils ne défendent que des intérêts dogmatiques et particuliers

    Sarkis Serge Tateossian

    12 h 41, le 06 mai 2019

  • CE NE SONT PAS LES AMENDES ET LES PENALITES QUI REDRESSERONT LES FINANCES DU PAYS MAIS LA COOPERATION ET LES SACRIFICES DE TOUT LE PEUPLE EN ATTENDANT LES POURSUITES JUDICIAIRES POUR RECUPERER LES VOLS... SI POSSIBLE... DES ABRUTIS CORROMPUS.

    LA LIBRE EXPRESSION

    12 h 01, le 06 mai 2019

  • Parce que Saad lui a pris ces responsabilités? Le gouvernement de 2010 aurait pu faire des miracles avec l'argent qui pleuvait, il a préféré ne pas toucher au model économique. Rien ne l'obligeait a faire le meme choix que ces prédécesseurs mais il ne l'a fait. Il est temps pour Saad et tout les autres de passer la main.

    Mounir Doumani

    11 h 53, le 06 mai 2019

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