Les membres de la congrégation de l'église évangélique de Zion à Batticaloa (dans l'est du Sri Lanka), encore sous le choc des attentats de Pâques, rendent hommage depuis à leur héros - l'homme qui a, au prix de sa vie, empêché un kamikaze d'entrer dans leur église.
Une semaine après les attentats, des dizaines de personnes font encore la queue pour présenter leurs condoléances à la veuve de Ramesh Raju, et la route qui mène à sa maison est flanquée d'affiches et de photos représentant cet homme de 40 ans, père de deux enfants. En ce matin de Pâques, l'église était bondée et les gens continuaient à arriver. Ramesh Raju s'était porté volontaire pour aider à contrôler la foule. Voyant arriver un homme qu'il ne connaissait pas, chargé de deux sacs, il est allé lui dire de les laisser dehors. Après une courte dispute, la bombe a explosé, tuant Ramesh Raju et 28 autres personnes, dont 14 enfants, qui se trouvaient dehors. Mais les 600 personnes déjà à l'intérieur de l'église ont été sauvées.
La majorité des 253 personnes tuées dans les attentats de Pâques sont des fidèles des deux autres églises visées par la kamikazes. La ville de Batticaloa, sur la côte est de l'île, était la seule cible en-dehors de la région de Colombo, la capitale, sans doute parce que le mouvement National Thowheeth Jama'ath (NTJ), que le gouvernement estime responsable des attentats, est originaire de cette région.
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"C'était un homme bien", ajoute son père, qui le décrit comme "le pilier" de leur grande famille. "C'était le principal soutien de notre famille, de ses trois jeunes sœurs et de son jeune frère", explique cet homme de 63 ans. Son fils lui avait parlé par téléphone quelques minutes avant l'explosion, et lui avait dit qu'il le rappellerait après le service. Mais quand le téléphone a sonné à nouveau, c'était un paroissien qui annonçait à Velusami que son fils était mort dans l'explosion.
Une sœur de Raju a également été tuées, ainsi que son mari et son fils de 20 mois.
"J'ai perdu mon petit-fils, mais en même temps je suis tellement fier que mon fils ait sauvé tellement d'enfants, pour que d'autres familles n'aient pas à vivre ce que nous vivons", ajoute encore cet ouvrier à la retraite, les larmes aux yeux.
Raju était également un exemple de succès pour sa communauté, dans cette ville majoritairement musulmane, ayant créé sa propre entreprise à 28 ans et en vivant depuis avec succès, marié à son amour de lycée, devenue institutrice. "Maintenant qu'il n'est plus là, je ne sais pas comment nous allons nous en sortir, mais je prie et demande à Dieu de nous aider", conclut son père.
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