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À La Une - Rapport

Employés de maison : Amnesty International exhorte le Liban à mettre fin aux abus

"Parfois, j'avais tellement faim (...) Je mélangeais de l'eau avec du sucre (...) et je la buvais", raconte une employée de maison, dans un témoignage rapporté par l'ONG.

Une employée de maison étrangère se tient devant une boulangerie dans le quartier de Mar Mikhaël à Beyrouth, le 23 avril 2019. Photo AFP / JOSEPH EID

L'ONG Amnesty International a exhorté mercredi le Liban à mettre fin au système de parrainage "abusif" des employés de maison et à leur exclusion du droit du travail.

Majoritairement des femmes, ces employés ne peuvent bénéficier d'un permis de séjour légal que par l'intermédiaire de leur employeur dans le cadre d'un système appelé "kafala". Gouvernantes, nounous et accompagnateurs de personnes âgées sont ainsi laissés à la merci de leur employeur et ne peuvent sortir ou quitter le pays sans leur autorisation, a déploré l'organisation basée à Londres.

Amnesty a appelé le Liban "à étendre aux employées de maison migrantes les protections offertes aux autres travailleurs" et à modifier le code du travail pour les protéger.

Le Liban accueille plus de 250.000 employés de maison originaires notamment de pays africains et asiatiques.

Dans un rapport publié mercredi, l'ONG, qui a interrogé 32 employées de maison depuis 2018, principalement dans la région de Beyrouth, évoque "une situation alarmante caractérisée par des atteintes systématiques aux droits humains". Parmi elles, dix femmes ont affirmé ne pas avoir le droit de quitter le domicile de leur employeur tandis que d'autres ont confié avoir été enfermées, parfois plus d'un an, insultées, battues ou avoir subi des traitements déshumanisants. "Parfois, j'avais tellement faim (...) Je mélangeais de l'eau avec du sucre (...) et je la buvais", raconte l'une d'elles.


(Lire aussi : Employeurs et employées de maison invités à signer un document réglementant leurs relations)


Six ont avoué avoir envisagé ou tenté de se suicider. Amnesty a recensé huit cas de travail forcé et quatre de traite d'êtres humains. Vingt-sept travailleuses ont déclaré avoir vu leur passeport confisqué par leur employeur.

Les heures supplémentaires sont la norme chez plus de la moitié des femmes interrogées et 14 d'entre elles ont affirmé à Amnesty ne pas avoir droit à leur journée de repos hebdomadaire.

Le ministère libanais du Travail a introduit en 2009 un contrat type pour les employés de maison, fixant à dix heures la journée de travail et consacrant un jour de repos par semaine, mais celui-ci est souvent rédigé en arabe, une langue qu'ils ne peuvent lire. Fin 2018, le gouvernement a affirmé avoir traduit le contenu dans plusieurs autres langues, sans préciser lesquelles, selon Amnesty.

Les conditions de logement sont également dénoncées dans le rapport. Seules quatre des travailleuses interrogées avaient leur propre chambre, tandis que les autres dormaient dans le salon, dans la cuisine, dans une pièce de rangement ou encore sur le balcon.

Les défenseurs des droits humains accusent souvent les autorités libanaises de faire preuve de laxisme face aux abus de certains employeurs. Ces dernières années, l'Ethiopie et les Philippines ont interdit à leurs citoyens de travailler comme employés de maison au Liban, mais certains trouvent toujours le moyen de s'y rendre. De nombreux pays arabes appliquent le système de la "kafala".


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L'ONG Amnesty International a exhorté mercredi le Liban à mettre fin au système de parrainage "abusif" des employés de maison et à leur exclusion du droit du travail.Majoritairement des femmes, ces employés ne peuvent bénéficier d'un permis de séjour légal que par l'intermédiaire de leur employeur dans le cadre d'un système appelé "kafala". Gouvernantes, nounous et accompagnateurs...

commentaires (9)

Si les employés deviennent indépendants de "leurs maîtres" (annulation du kafala) la situation se normalise d'elle même car l'employée pourrait choisir de travailler ailleurs et de changer d'employeur à la moindre mauvaise traitance. De l'autre côté si le marché est libéré les salaires vont augmenter. Est-ce que tout le monde serait d'accord? Amnesty n'en parle pas bien sûr.

Shou fi

14 h 55, le 28 avril 2019

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Commentaires (9)

  • Si les employés deviennent indépendants de "leurs maîtres" (annulation du kafala) la situation se normalise d'elle même car l'employée pourrait choisir de travailler ailleurs et de changer d'employeur à la moindre mauvaise traitance. De l'autre côté si le marché est libéré les salaires vont augmenter. Est-ce que tout le monde serait d'accord? Amnesty n'en parle pas bien sûr.

    Shou fi

    14 h 55, le 28 avril 2019

  • Que le nombre de ces employées mal-traitées soit minime ne change rien au fait que c'est inadmissible que nos autorités n'ayent rien fait depuis que ce problème existe, pour règler de façon humaine mais surtout légale leur situation en tant que travailleuses chez nous. Irène Saïd

    Irene Said

    17 h 06, le 24 avril 2019

  • Independament des bons et des mauvais employeurs ou des mauvais employes de maison qui viennent au Liban pour travailler, il y a un minimum de securite a donner aux deux partis il y a de tout dans ce monde evidement Mais la loi au Liban devrait interdire certaines choses 1) interdiction de confisquer un passeport a un employe de maison 2) reforme du systeme de kafala ( garantie) cad authoriser l'employe a changer d'emploiyeur a partir du moment ou le nouvel emploIyeur donne sa garantie au gouvernement quitte a trouver un juste milieu sur les frais que l'emploiyeur a paye pour obtenir cet employe 3) interdir de ne pas donner un jour de conge ou l'employe pourra quitter la maison sans aucune retenue 4)interdiction de travailler plus de 10 heures par jour soit 60 heures par semaine au maximum 5) Etablir un poste ou les plaintes pourront etre depose par l'employe sans risquer d'etre immediatement deporte mais lui laissant le temps de trouver un nouvel employeur Et je suis sur que le legislateur pourra trouver plein d'autres points en faveur des deux partis LE LIBAN D'ABORD DIT SEULEMENT QU'IL FAUT ARRETTER LES ABUS QUAND IL Y EN A POUR QUE LA REPUTATION DU PAYS NE SOIT PAS MIS EN CAUSE A CE SUJET ET QUE CEUX QUI VIENNENT TRAVAILLER AU LIBAN SOIENT TRAITES HUMAINEMENT

    LA VERITE

    15 h 44, le 24 avril 2019

  • OK il y a des employeurs qui abusent. Pourriez vous aussi rappeler ou montrer les employeurs qui ont un bon comportement avec la jeune femme qui travaille sous leur toit?? Ceux qui ont appris à respecter l'être humain. Quel qu'il soit. Des maisons où le respect mutuel et la bonne entente existent. Assez de tous nous faire passer pour de potentiels bourreaux. Désolée pour les jeunes femmes qui ont vécu ces situations dramatiques.

    Sybille S. Hneine

    15 h 04, le 24 avril 2019

  • Rien d'étonnant et il ne sert à rien de minimiser l'impact de ce drame en s'offusquant. Notre culture et notre éducation nous font croire que nous sommes des êtres supérieurs, dotés d'un savoir, d'une compétence et d'un ego bien supérieurs à ceux des autres races. Les noires et les employées de maison sont des esclaves et rien de plus normal que de les mépriser, de les maltraiter et de les ignorer. Toute une éducation à refaire au niveau de nos enfants, à la maison d'abord, dans les écoles ensuite. Un travail que chacun de nous doit faire.

    Citoyen

    13 h 17, le 24 avril 2019

  • Pour ceux qui ont des vies futiles, leurs "employés" de maison sont des esclaves et pour l'humain moyen, ce même employé est un égal qui fait des tâches de maison. Les perspectives sont différentes mais les différences sont gigantesques.

    Wlek Sanferlou

    12 h 55, le 24 avril 2019

  • Les animaux sont mieux traités dans les pays civilisés. Il ne sert à rien de nier les faits ou les minimiser. Les nier c'est s'enfoncer dans nos erreurs ... Regardons-nous dans un miroir et essayons d'être plus juste envers autrui, envers nous même. Les conditions abusives de cette fameuse "kafala" doit être abolie. L'esclavage est abolie depuis fort longtemps dans les pays qui se respectent.

    Sarkis Serge Tateossian

    10 h 30, le 24 avril 2019

  • ET D,ABOLIR LES RAISONS DES SUICIDES. LA MAJORITE DES LIBANAIS, COMME TOUS LES ARABES D,AILLEURS ET LES PAYS ISLAMIQUES, TRAITENT LES EMPLOYEES DE MAISON COMME DES OBJETS LEUR APPARTENANT ET PIRE ENCORE COMME DES ANIMAUX.

    LA LIBRE EXPRESSION

    10 h 14, le 24 avril 2019

  • On va finir par nous dire que le Liban est un grand camp de concentration, bientôt . Si ça avait été le cas, cela voudrait dire que les employées de maison sont vraiment maso . Il en arrive chaque jour de plus en plus . Maintenant qu'il y ait des idiots qui se comportent mal avec leurs personnelles, faut les remettre dans le droit chemin . S'attarder à nous raconter des histoires personnelles pour faire du sensationnel ne reflète pas la vérité, Ma mère a déjà pris une de ces employées la main dans son sac , ça ne veut pas dire que ce sont toutes des voleuses.

    FRIK-A-FRAK

    09 h 44, le 24 avril 2019

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