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Liban - Partis

Embauches illégales : la polémique entre le CPL et les FL monte d’un cran

Ghassan Hasbani.

La polémique entre le Courant patriotique libre et les Forces libanaises est montée d’un cran hier, après la diffusion samedi soir par la OTV, chaîne officielle du CPL, d’un reportage accusant l’ancien ministre de la Santé, Ghassan Hasbani (FL), d’avoir embauché en une année « 532 fonctionnaires illégalement » après la parution, en août 2017, de la loi 46 sur la grille des salaires qui interdisait toute nouvelle embauche dans les ministères et les établissements publics pour ne pas alourdir les dépenses budgétaires. Selon le reportage, M. Hasbani aurait embauché « 457 personnes dans les hôpitaux publics » et « 75 contrôleurs de santé sur base de clientélisme et non des compétences, sachant que les FL ont eu la part du lion ».

Pour M. Hasbani, interrogé par L’Orient-Le Jour sur l’affaire, « les médias du CPL cherchent à remettre en question la performance des ministres FL et à ternir leur image ». Il souligne qu’« ils s’appliquent à mettre l’accent sur de petits dossiers pour détourner l’attention des gros dossiers ». Il explique dans ce cadre que les hôpitaux gouvernementaux sont « des administrations indépendantes qui ne sont pas soumises à l’autorité du ministre de la Santé, mais à celle des organismes de contrôle et au Conseil de la fonction publique, et par conséquent, ce sont les conseils d’administration de ces hôpitaux qui nomment leurs fonctionnaires, même si le ministre est opposé à ces nominations », poursuit-il.

Une décision ministérielle est toutefois nécessaire « dans des cas qui revêtent un caractère d’urgence, et ce pour une durée temporaire, le temps que des concours soient organisés par le Conseil de la fonction publique ». Aussi, « dans des cas exceptionnels, j’ai accepté que quelques embauches soient faites, notamment au sein du corps infirmier, pour combler un vide et pour que ces hôpitaux puissent fonctionner, comme dans le cas de l’inauguration d’une unité de soins intensifs pédiatriques à l’hôpital de la Quarantaine », note M. Hasbani. « Si je ne l’avais pas fait, les enfants seraient morts devant les portes de l’hôpital, déplore-t-il. De plus, le nombre des personnes embauchées n’a pas dépassé l’organigramme de l’établissement. »


(Lire aussi : Une polémique sur fond d’embauches illégales envenime les relations FL-CPL)



Une autorité de contrôle et non de décision

« Certaines de ces nominations ont même été faites en 2016 (lorsque Waël Bou Faour détenait le portefeuille) », selon un communiqué du bureau de presse des FL publié hier en réponse au reportage de la OTV, « mais les contrats n’ont été mis en application qu’en 2017 ». Le bureau de presse souligne en outre que « les hôpitaux gouvernementaux jouissent d’une indépendance financière ». « L’État contribue à hauteur de 12 milliards de livres libanaises annuellement qui sont distribuées en tant que contributions sur trente établissements publics, contre 2 000 milliards de dollars alloués annuellement à Électricité du Liban, poursuit le communiqué, sachant que les hôpitaux publics n’ont pas touché l’ensemble de leurs dus depuis 2002. Le cadre de ces hôpitaux n’est pas au complet et leurs départements augmentent. » Et l’ancien ministre de faire remarquer que « le coût du personnel dans les hôpitaux gouvernementaux pour faire fonctionner des départements vitaux comme les urgences et les soins intensifs est égal à celui de quelques secondes de gaspillage dans le secteur de l’électricité au quotidien ».

Le bureau de presse des FL a en outre affirmé que les chiffres avancés par la chaîne du CPL sur le nombre des personnes enrôlées « sont gonflés » avec pour objectif de « ternir l’image du ministre Hasbani et des FL ». « C’est ce que montre d’ailleurs cette persistance à parler des embauches faites par le ministère de la Santé comme si elles revêtaient un caractère politique et unilatéral », lance le bureau de presse des FL, donnant en exemple « le conseil d’administration de l’hôpital gouvernemental de Bouar (caza de Jbeil), réputé proche du CPL, qui a enrôlé dix personnes sans l’accord du ministre. Idem pour l’hôpital de Sir el-Denniyé qui a recruté vingt-quatre personnes, et l’hôpital de Nabatiyé qui a engagé onze personnes sans l’accord du ministre ».


(Pour mémoire : Recrutements abusifs dans la fonction publique : le point sur les chiffres)


Contrôleurs de santé

En ce qui concerne les contrôleurs de santé, M. Hasbani explique à L’OLJ que « le Conseil des ministres avait accepté leur nomination en 2016 ». « Certains d’entre eux ont travaillé bénévolement, le temps que le Conseil des ministres leur alloue un budget en 2017, précise-t-il. Le Conseil de la fonction publique tardant à organiser des concours à leur intention, leur contrat n’a pas été renouvelé au terme de l’année de travail. »

Et M. Hasbani d’insister : « Pourquoi insiste-t-on autant sur le ministère de la Santé, alors que les embauches dans d’autres secteurs ont été faites par milliers, sachant que les fonctionnaires dans les hôpitaux publics sont payés par ces établissements et non par l’État, alors que dans d’autre secteurs, c’est l’État qui couvre les salaires des fonctionnaires? » Il conclut en rappelant que le ministre actuel de la Santé, Jamil Jabak, avait expliqué longuement à la commission parlementaire des Finances et du Budget les raisons derrières ces nominations, défendant les décisions qui ont été prises.



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