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Liban - Partis

Une polémique sur fond d’embauches illégales envenime les relations FL-CPL

Waël Bou Faour prononçant son allocution à Rachaya. Photo ANI

Contraintes en semaine de montrer une façade de cohésion, dictée par l’urgence de voir les composantes du gouvernement fédérées pour donner ne serait-ce que l’illusion de l’action, les parties politiques s’en donnent désormais à cœur joie pour évacuer les tensions refoulées. C’est dans cette optique que l’on peut placer la double polémique qui a opposé, ces deux derniers jours, le Courant patriotique libre (CPL) aux Forces libanaises (FL) d’une part, et d’autre part le PSP au Hezbollah.

Bien que les deux controverses aient pour origine des problématiques différentes, elles n’en sont pas moins symptomatiques des relations troubles qu’entretiennent entre eux aussi bien les FL et le CPL – deux formations en compétition quasi permanente pour s’attirer la plus grande part de la rue chrétienne – que le Hezbollah et le PSP, dont le rapport est marqué par des discordes sous-jacentes sur fond de divergences stratégiques qui refont surface à intervalles plus ou moins réguliers.

La querelle entre les FL et le CPL a éclaté après un reportage produit par la OTV, la chaîne de télévision du CPL, qui a mené campagne le week-end dernier contre la ministre d’État pour le Développement administratif May Chidiac, accusée de se livrer à des « embauches discrétionnaires indirectes que les FL s’étaient pourtant évertuées à dénoncer ». À l’heure où le gouvernement est censé pratiquer une politique d’austérité, et surtout respecter la décision prise il y a deux ans de geler les recrutements de fonctionnaires sauf besoins exceptionnels, les accusations visant Mme Chidiac et sa formation politique sont d’autant plus graves qu’elles surviennent après une série de dénonciations portant sur plusieurs milliers de fonctionnaires intégrés à l’administration, principalement en temps électoral, en dépit de la décision de gel.

Dans son reportage, la OTV a fait référence à l’initiative lors du Conseil des ministres de jeudi dernier de Mme Chidiac, qui avait demandé au gouvernement l’autorisation d’engager des effectifs au sein de commissions spécialisées pour renflouer son équipe d’experts. La requête de la ministre avait suscité l’objection d’Élias Bou Saab, ministre de la Défense proche du CPL, qui avait demandé un surplus de temps pour examiner les détails de la requête, d’autant que, selon lui, le coût d’un tel recrutement n’a pas été précisé dans le dossier.

Dans un long communiqué publié samedi, les FL ont répondu du tac au tac au CPL en soulignant que la requête de May Chidiac « ne viole pas la décision du gel » des embauches, fondant leur propos sur le fait que la ministre avait préalablement « obtenu l’aval du Conseil de la fonction publique » pour ces recrutements, qui sont d’ailleurs « de courte durée ». Le texte ajoute que la OTV a « omis d’ailleurs de mentionner le fait que la ministre a soumis par la même occasion au Conseil de la fonction publique une liste de personnes préalablement embauchées illégalement ». Une manière de jeter la pierre sur d’autres parties que les FL se sont abstenues de nommer, accusant la OTV de « chercher à les couvrir » en s’attaquant à leur ministre.


(Pour mémoire : Recrutements abusifs dans la fonction publique : le point sur les chiffres)


Jabak vs Bou Faour
Si la controverse FL-CPL s’est cristallisée autour d’une rivalité sur fond de lutte contre la corruption dont les différentes parties politiques s’évertuent à devenir les champions, la polémique entre le PSP et le Hezbollah, qui a été aussitôt endiguée, devait prendre sa source dans ce que le PSP a considéré être une infiltration politique sournoise du Hezbollah dans une localité d’allégeance joumblattiste.

C’est une visite du ministre de la Santé, Jamil Jabak, relevant du Hezbollah, en début de semaine à l’hôpital gouvernemental de Rachaya qui a été le détonateur d’une guerre verbale entre le ministre de l’Industrie, Waël Bou Faour, député de la localité, et M. Jabak, qui sillonne depuis sa prise de fonction les hôpitaux aux quatre coins du pays et dont la tournée à Rachaya a été vue d’un mauvais œil par le PSP. M. Bou Faour a évoqué samedi, à l’occasion de l’annonce de « l’ouverture prochaine d’un service de cardiologie » à l’hôpital de Rachaya, « un raid affectueux effectué » sur le même hôpital, accusant en substance implicitement le Hezbollah de chercher à s’en saisir pour mieux s’implanter dans la région. M. Bou Faour a indiqué que « certains croient que le PSP s’est affaibli », laissant entendre que pour eux, le parti serait devenu « une proie » facile. « Cette région a clairement défini ses choix et son allégeance au Parti socialiste progressiste de Walid Joumblatt », a-t-il dit.

Recourant au même ton ironique, le ministre de la Santé a aussitôt riposté : « Nous allons demander au ministre (des Affaires étrangères) Gebran Bassil de nous fournir un visa pour le présenter à M. Bou Faour. » M. Jabak a précisé que sa tournée à Rachaya a pour objectif de « consolider la coexistence entre les Libanais ». « Si M. Bou Faour estime qu’il s’agit d’une invasion, nous lui présenterons alors nos excuses », a ajouté le ministre.

Par la suite, Waël Bou Faour devait préciser, dans un entretien accordé à la chaîne LBCI, qu’il ne visait pas le Hezbollah en particulier mais d’autres « parties ». De source proche du PSP, on apprenait que M. Jabak s’était rendu auprès de l’ancien député druze de la région, Fayçal Daoud, proche du 8 Mars et rival de M. Joumblatt dans la région, et que c’est lui qui était visé par les propos du ministre de l’Industrie. Une manière pour M. Bou Faour de désamorcer la bombe lancée, et dont les échos sont vite parvenus au Hezbollah, qui a aussitôt riposté en annulant une réunion qui était prévue en cours de semaine entre le PSP et Hussein Khalil, conseiller politique du secrétaire général du parti Hassan Nasrallah. Selon la LBCI, la réunion a fini par être reprogrammée à la suite de contacts effectués par M. Bou Faour avec le parti chiite.



Pour mémoire

La commission des Finances et le défi des 4 695 embauches illégales


Contraintes en semaine de montrer une façade de cohésion, dictée par l’urgence de voir les composantes du gouvernement fédérées pour donner ne serait-ce que l’illusion de l’action, les parties politiques s’en donnent désormais à cœur joie pour évacuer les tensions refoulées. C’est dans cette optique que l’on peut placer la double polémique qui a opposé, ces deux derniers...

commentaires (7)

Exactement comme mon petit-fils et ses camarades en classe de dixième...

Georges MELKI

12 h 41, le 15 avril 2019

Tous les commentaires

Commentaires (7)

  • Exactement comme mon petit-fils et ses camarades en classe de dixième...

    Georges MELKI

    12 h 41, le 15 avril 2019

  • Je préfère que les 4695 embauches illégales profitent de la manne de l'argent public, au lieu qu'une seule personne en profite sous toutes les formes de la corruption légales et illégales : bateaux turcs-centrales électriques, voyages et tourisme aux quatre coins de la planète Terre y compris en Nouvelle-Zélande, hydrocarbures offshore, déplacements électoraux hebdomadaires et tutti quanti...

    Un Libanais

    11 h 31, le 15 avril 2019

  • Pourquoi ils n’utilisent pas les fonctionnaires existants d'abord?

    Shou fi

    09 h 50, le 15 avril 2019

  • LES EMBAUCHES ILLEGALES FAITES DOIVENT ETRE ANNULEES CAR CONTRAIRES AUX ENGAGEMENTS DE LA CEDRE ET A LA LOI CONTRE LES EMBAUCHES DE 2017.

    LA LIBRE EXPRESSION

    09 h 48, le 15 avril 2019

  • polémique stérile de caniveau pour cacher les véritables enjeux. On a affaire à une bande d'irresponsables ou de gamins de bacs à sable Et en principe l'accord du CEDRE prévoit une diminution des postes de fonctionnaire, sans avoir une véritable enquête sur la situation il est quand même de notoriété publique qu'il y a bien 50% de trop

    yves kerlidou

    09 h 25, le 15 avril 2019

  • Ah...les commissions d'experts "spécialisés"...encore des prétextes faciles pour embaucher des copains et des copines ! La plupart du temps, ces commissions font un petit tour dans les ministères concernés, touchent leur salaire, et puis s'en vont expertiser dans d'autre lieux, et on entend plus parler d'elles...ni des résultats de leur travail. Ainsi, les méninges de nos responsables de tous bords continuent de fonctionner à plein temps pour le bénéfice des copains et copines appartenant à leurs partis et communautés. L'Etat Libanais...dans tout ça ? Y'en a pas, seulement des partis dont chacun se prétend le seul valable pour gérer les affaires de ce pays ! Irène Saïd

    Irene Said

    08 h 46, le 15 avril 2019

  • Haha psp peureux lool

    Bery tus

    05 h 59, le 15 avril 2019

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