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Liban - Commémoration du 13 avril

Offrejoie sur tous les fronts pour la promotion de la culture de la paix

Sur les escaliers du Musée national de Beyrouth, les représentants des différentes communautés religieuses ont récité en chœur une prière. Photo Adrien Simorre

Une prière commune entre représentants religieux, le franchissement d’une ligne de démarcation imaginaire, de la danse : à l’occasion du quarante-quatrième anniversaire du « dimanche noir », jour communément admis comme marquant le début de la guerre civile libanaise, l’ONG Offrejoie a, comme chaque année, joué la carte des images et des symboles forts. « Nous souhaitons que le 13 avril ne soit plus seulement un acte de commémoration de violences mais aussi une journée démontrant notre volonté de bâtir un avenir commun », explique Melhem Khalaf, membre fondateur d’Offrejoie, en marge de l’événement organisé à Beyrouth.

Cette année, les organisateurs ont voulu braquer les projecteurs sur d’autres villes du pays, comme à Saïda, Beiteddine et Tripoli, où rassemblements, marches et spectacles se sont tenus au fil de la journée. « L’objectif était d’organiser des manifestations qui ressemblent à chaque région », explique Melhem Khalaf. À Beyrouth, une quarantaine de personnes, dont seize représentants de communautés religieuses, ont assisté à un débat télédiffusé entre plusieurs personnalités reconnues pour leur engagement en faveur du dialogue intercommunautaire. Les religieux ont ensuite récité de concert une même prière, appelant à la paix et la fraternité entre les Libanais, devant un auditoire néanmoins peu nombreux.

Sur les marches du Musée national de la capitale, la nouvelle génération était représentée par la vingtaine de jeunes bénévoles de l’ONG, qui ont fait office de porte-drapeaux. « Je suis là pour que la guerre ne se reproduise pas », explique Joëlle, 21 ans, étudiante en orthophonie, active depuis 5 ans au sein d’Offrejoie. Par leur engagement, les jeunes citoyens espèrent devenir acteurs de la transformation de leur pays. « Je veux changer le Liban pour réduire la corruption et le vol qui attisent les rivalités entre les communautés », ambitionne Wajih, lycéen de 16 ans, vêtu du t-shirt de l’ONG au logo composé d’un cèdre et d’une colombe.

La journée du 13 avril 1975, durant laquelle l’attaque d’un bus palestinien – survenue quelques heures après l’assassinat d’un responsable Kataëb à Aïn el-Remmaneh – coûta la vie à vingt-sept personnes et pour laquelle il n’existe aucun récit officiel, a toutefois été peu évoquée. « Pour moi, cette date ne représente rien, d’ailleurs je ne sais plus si elle correspond au début ou à la fin de la guerre », reconnaît Wajih, qui dit lire un livre sur l’histoire du Liban pour comprendre « ce qu’on ne nous enseigne pas à l’école ». Cette mémoire encore chancelante semble peser sur la jeune génération, à l’image de Ghina, professionnelle de 25 ans dans le domaine de l’environnement et du développement local, qui refuse d’évoquer les événements du 13 avril, dont elle juge le récit « trop subjectif et religieux ».

Alors que les bénévoles s’affairent pour ranger les chaises et drapeaux blanc et écarlate, Sabri, réfugié palestinien, se fait plus grinçant. « Les politiques disent qu’ils veulent la paix, mais ils ne nous traitent toujours pas comme des êtres humains », souffle-t-il. Malgré la portée symbolique de telles manifestations, le Liban a encore de nombreuses plaies à panser.



Lire dans notre dossier spécial pour la 44e commémoration de la guerre libanaise :

La conflagration du 13 avril, apogée d’un long processus de crises en cascade, par Michel Touma

Pourquoi l’État n’arrive toujours pas à s’imposer 29 ans après la fin de la guerre, par Zeina Antonios

Ils ont couvert la guerre du Liban : cinq journalistes livrent leurs souvenirs les plus marquants, par Julien Abi Ramia et Matthieu Karam

Le 13 avril 1975 dans la presse : un "dimanche noir", plusieurs récits, par Claire Grandchamps

Sur Facebook, un féru d’histoire raconte la guerre du Liban « au jour le jour », par Zeina Antonios

Un musée de l’indépendance des Kataëb pour lutter contre l’amnésie, par Patricia Khoder

Le bus de Aïn el-Remmané, véhicule de nos mémoires tourmentées, le récit de Marwan Chahine

La difficile écriture historique de la guerre civile, le commentaire de Dima de Clerck

Avril 1975, sorties et rentrées des artistes, par Maya Ghandour Hert


Une prière commune entre représentants religieux, le franchissement d’une ligne de démarcation imaginaire, de la danse : à l’occasion du quarante-quatrième anniversaire du « dimanche noir », jour communément admis comme marquant le début de la guerre civile libanaise, l’ONG Offrejoie a, comme chaque année, joué la carte des images et des symboles forts....

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