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Liban - Partis

Le directoire politique du CPL décrié par des vétérans aounistes

D’anciens cadres et fondateurs de la formation se regroupent ce soir au Metropolitan pour donner le coup d’envoi de leur mouvement politique.

La gestion du directoire politique du CPL est remise en question par un groupe d’anciens cadres de la formation. Photo Hassan Assal

Près de 80 membres fondateurs et anciens cadres du Courant patriotique libre (CPL) se réunissent cet après-midi à 17 heures à l’hôtel Metropolitan à Sin el-Fil pour lancer un nouveau rassemblement politique, brandissant les valeurs et normes de ce qu’ils appellent le « vrai CPL », telles que la liberté, la souveraineté, l’indépendance, mais surtout la démocratie.

C’est ainsi que Kamal Yazigi, un militant de la première heure au sein du parti, explique à L’Orient-Le Jour la décision de plusieurs partisans et cadres hostiles au directoire actuel de la formation de se rassembler et d’unifier leurs efforts pour opérer une percée au sein du microcosme politique libanais.

L’unification des militants aounistes de la première heure dans le cadre d’une structure politique bien définie ne saurait être dissociée d’un contexte politique particulièrement significatif, tant pour le CPL que pour son actuel chef, Gebran Bassil. Et pour cause : depuis le 27 août 2015, date de l’accession de ce dernier à la tête du parti mis sur pied par le général Michel Aoun, nombreuses sont les voix qui se sont élevées aussi bien à l’extérieur du CPL que dans ses rangs, pour stigmatiser ce que les détracteurs de M. Bassil appellent « le népotisme politique » à la faveur duquel Michel Aoun a, selon eux, « légué » le CPL à M. Bassil. C’est d’ailleurs à partir de ce point que Kamal Yazigi commence à relater les faits ayant mené le groupe auquel il appartient à se transformer en un rassemblement éminemment politique.

« Entre les années 2005 (date du retour de Michel Aoun au Liban au terme de ses quinze années d’exil en France) et 2015, nous avons formé une opposition au sein du CPL, tentant d’opérer les réformes nécessaires à même de rectifier le tir au sein du parti, et de le rendre compatible avec nos aspirations », souligne l’ancien militant CPL, qui ajoute qu’au fil du temps, l’opposition CPL a constaté « un penchant vers l’héritage politique », raconte-t-il, faisant valoir que c’est ce qui a poussé certains membres de ce mouvement à jeter l’éponge, à l’heure où le directoire n’a pas manqué d’en radier d’autres. Mais ce n’est pas uniquement pour cette raison que les opposants ont claqué la porte du parti fondé par Michel Aoun. Il y a aussi l’importance de préserver les valeurs que le CPL a brandies pendant des années et inculquées à des générations de Libanais. « Nous sommes le vrai CPL, et non des usurpateurs. Nous lançons demain (aujourd’hui) un rassemblement politique axé sur l’indépendance, la souveraineté, la liberté et la démocratie, ainsi que la proximité avec les gens les plus faibles », lance Kamal Yazigi, assurant que ce nouveau regroupement rassemble des gens qui convergent sur des principes politiques, et veut donner espoir aux nouvelles générations quant à la possibilité du changement envers et contre tous les obstacles. « Il s’agit d’un groupement politique sans chef, sans aucune tête, où chacun peut s’exprimer, et qui cherche à s’affirmer sur l’échiquier politique. »

Outre ses dimensions politique, partisane et symbolique, l’événement d’aujourd’hui intervient des années après une série de limogeages de plusieurs opposants, notamment en 2016. Ces décisions avaient ciblé nombre de figures de proue de la résistance aouniste à l’occupation syrienne, à l’instar d’Antoine Nasrallah ou Ziad Abs, pour ne citer que ces personnes.

À ce sujet, Kamal Yazigi soutient que certaines personnes visées par ces décisions ainsi que certains démissionnaires ont tenu des réunions pendant des années pour définir les grandes lignes de leur action. « Et c’est maintenant le moment propice pour mener notre mouvement à un niveau plus élevé d’organisation et de se confirmer comme faisant partie de l’échiquier politique », estime l’ex-responsable CPL.


Naïm Aoun craint un « effondrement du CPL »
M. Yazigi est rejoint sur ce point par Naïm Aoun, neveu du chef de l’État et hostile au directoire actuel du CPL. M. Aoun avait lui-même claqué la porte du parti en 2016. « Nous n’avons jamais arrêté nos contacts, mais aujourd’hui, nous sommes devant une nouvelle étape, marquée par un éveil populaire important », déclare-t-il à L’OLJ, ajoutant à ce tableau « la très mauvaise conjoncture économique, ainsi que la déception que le CPL a causée dans les rangs de l’opinion publique ». « Il est de notre devoir de mettre les gens en garde contre les illusions et de les convaincre de la vérité que nous connaissons », insiste-t-il.

Sans s’en prendre nommément à Gebran Bassil, Naïm Aoun critique le parti et ses choix sans mâcher ses mots : « Le directoire s’est éloigné des principes que le CPL a toujours brandis. Aujourd’hui, il y a des mensonges que reflètent parfaitement les flagrantes divergences entre les paroles du parti et ses actes. Et c’est ainsi que s’explique la baisse de l’appui populaire à cette formation, qui s’était manifestée lors des législatives », déplore-t-il, stigmatisant le fait que « les ministres et députés du CPL n’ont pas leur mot à dire dans les affaires partisanes ». « Comment peuvent-ils s’exprimer au nom des gens et plaider pour leurs droits, alors qu’ils ne peuvent même pas jouir des leurs ? » s’interroge encore M. Aoun, sans cacher ses craintes quant à un probable « effondrement du CPL » qui serait provoqué par « les erreurs du directoire ». À celui-ci, Naïm Aoun adresse ce message : « Rien ne reste intact indéfiniment. Et les choses ne peuvent pas continuer telles qu’elles sont aujourd’hui. »

En dépit de toutes leurs divergences, le CPL et ses détracteurs convergent sur le fait que « certaines figures du parti ont un autre point de vue ». C’est ainsi qu’Eddy Maalouf, député CPL du Metn, interprète, via L’OLJ, le mouvement politique hostile à sa formation. « Nous avons divergé sur l’approche des dossiers politiques. Et ils sont libres de se rassembler », dit-il, rappelant que « les gens ont voté pour 18 adhérents au parti et onze de leurs alliés lors des législatives ».



Pour mémoire
Les remous au sein du CPL : attaquer Bassil pour cibler Aoun ?


Près de 80 membres fondateurs et anciens cadres du Courant patriotique libre (CPL) se réunissent cet après-midi à 17 heures à l’hôtel Metropolitan à Sin el-Fil pour lancer un nouveau rassemblement politique, brandissant les valeurs et normes de ce qu’ils appellent le « vrai CPL », telles que la liberté, la souveraineté, l’indépendance, mais surtout la démocratie....

commentaires (5)

Sonnez hautbois, résonnez musettes ! Il serait président le divin beau-fils ! Le 6 février 2006 Michel Aoun, en signant la Feuille d'entente avec Hassan Nasrallah s'était assuré la présidence de la République pour lui et pour ses descendants. La prochaine occasion, ce sera le tour du gendre. C'est cela, ce qu'on appelle la monarchie anti-constitutionnelle. Le Hezbollah est fidèle à sa promesse. Dès aujourd'hui, nous pouvons dire : Oumou ta n'hanni.

Un Libanais

20 h 48, le 06 avril 2019

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Commentaires (5)

  • Sonnez hautbois, résonnez musettes ! Il serait président le divin beau-fils ! Le 6 février 2006 Michel Aoun, en signant la Feuille d'entente avec Hassan Nasrallah s'était assuré la présidence de la République pour lui et pour ses descendants. La prochaine occasion, ce sera le tour du gendre. C'est cela, ce qu'on appelle la monarchie anti-constitutionnelle. Le Hezbollah est fidèle à sa promesse. Dès aujourd'hui, nous pouvons dire : Oumou ta n'hanni.

    Un Libanais

    20 h 48, le 06 avril 2019

  • Ce n’est pas un directoire. C’est un héritoire... (ne cherchez pas, je viens de l’inventer)

    Gros Gnon

    20 h 05, le 06 avril 2019

  • Que ces 80 dissidents- opposants nous racontent comment un rassemblement sans queue ni "tête" ,va réussir à impacter le public en général et les partisans et sympathisants du CPL en particulier ? A mon humble avis je leur dirais que le projet ,peu innocent , de ces transfuges va foirer avant même de voir le jour .

    Hitti arlette

    19 h 11, le 06 avril 2019

  • UN JOUR, SANS LE SYMBOLE AOUN, LE CPL SE DESINTEGRERA ! ET BASSILO PARTIRA !

    LA LIBRE EXPRESSION

    09 h 47, le 06 avril 2019

  • Certes, pas sympa pour un sou le Bassil, ses détracteurs non plus. Ils ont tous mangé dans le même plat, mais il y en a qui ont l’appétit féroce, d’autres qui ont les yeux plus gros que le ventre, position conciliable chez beaucoup, mais inconciliable chez ces gens là. Quand le glas sonnera, ils s’en iront dare dare et disparaîtront comme ils sont venus. En attendant il faut limiter leurs dégâts. Georges Tyan

    Lecteurs OLJ 3 / BLF

    07 h 38, le 06 avril 2019

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