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Liban - Décryptage

Les remous au sein du CPL : attaquer Bassil pour cibler Aoun ?

« Chaque fois qu'un leader chrétien est mort, les Libanais ont pleuré doublement, d'abord pour sa disparition, ensuite pour l'affaiblissement, à plus ou moins brève échéance, du parti qu'il avait fondé. Moi, je souhaite qu'à ma mort ceux qui m'aiment pleurent seulement ma disparition. C'est pourquoi j'ai voulu fonder un parti et lui donner des structures et des institutions qui peuvent survivre et tenir la route. » Ces propos, c'est le général Michel Aoun qui les a tenus dans le cadre d'une réunion interne aux partisans du Courant patriotique libre. Les membres du parti ont ainsi compris à quel point le CPL est cher au cœur du « général » et combien il tient à en faire un parti viable et moderne qui réponde aux aspirations et aux attentes de ses nombreux partisans. Dans son long parcours atypique, Michel Aoun avait en effet estimé, il y a quelques années, qu'il était temps de donner aux nombreux militants qui ont lutté à ses côtés ou sur ses directives – d'abord dans le cadre de l'armée et de ses supporters, puis dans la clandestinité et en défiant les autorités en place, et enfin ouvertement après son retour d'exil – un véritable parti politique qui leur permette de poursuivre le combat pour un Liban démocratique et souverain. C'est ainsi qu'est venue l'idée du CPL, dont le statut a été élaboré après avoir examiné les modèles des grands partis démocratiques dans le monde.

Au bout de longues réunions, la formation est finalement née et a commencé à prendre forme, en cherchant à appliquer son règlement interne. C'était pourtant un grand défi pour les militants habitués à agir avec une certaine liberté, rendue nécessaire par les exigences de la clandestinité, dans le respect des règles de l'engagement partisan. De plus, les militants de la première heure ont mûri. Certains se sont fatigués, d'autres ont commencé à songer à assurer leur avenir et celui de leurs familles. Quelque part, « le phénomène aouniste » en a pris un coup, puisque, entre l'enthousiasme militant et l'engagement partisan, il y a un grand pas que certains ont hésité à franchir, alors que d'autres n'en ont pas compris les véritables enjeux. Si un parti veut durer et surmonter les crises et les changements politiques, il doit respecter son règlement intérieur, surtout si celui-ci prévoit des procédures de changement. Pendant toute cette période de genèse, Michel Aoun n'est pas intervenu, même s'il suivait de près tous les détails. Avec toute l'affection qu'il porte à ses nombreux partisans, il pensait qu'avec le temps une sélection naturelle se ferait et que les plus habilités à le faire prendraient les postes de responsabilité. Toutefois, les choses ne se sont pas passées comme cela, et, spontanément ou non, des vents de fronde ont commencé à souffler, alors qu'une campagne sans précédent le ciblait personnellement, surtout depuis son alliance avec le Hezbollah, conclue officiellement en février 2006.

Certains ont reproché à Michel Aoun d'avoir accepté le compromis qui a porté le ministre Gebran Bassil à la tête du CPL. L'avenir jugera si cette démarche était nécessaire ou non, mais dans la confusion politique qui régnait dans le pays et face à l'exacerbation des attaques contre le général Aoun lui-même, sur fond de dossier présidentiel, ce dernier a voulu éviter l'éclatement de conflits internes qui auraient menacé la cohésion de son parti naissant. De plus, depuis l'apparition de Gebran Bassil sur la scène politique, ce dernier a pris en charge les dossiers les plus épineux, et, dans l'optique du « général », il a réussi à les gérer avec efficacité, qu'il s'agisse des ministères les plus compliqués (l'Énergie et les Télécommunications ou encore les Affaires étrangères) ou des négociations politiques ardues, avec notamment le Hezbollah et même avec le courant du Futur, à travers ses rencontres régulières avec le chef du bureau de Saad Hariri, Nader Hariri. Même les ministres en dehors du bloc parlementaire du Changement et de la Réforme reconnaissent que Gebran Bassil est l'un des rares à entrer au Conseil des ministres avec des dossiers complets. Travailleur, intelligent et loyal, autant de qualités qui ont fait de lui la personne la plus apte à lancer ce nouveau parti qu'est le CPL, dans une période particulièrement délicate.

Bien entendu, cela ne signifie pas que l'homme a un parcours sans faute et que les contestations ne sont pas parfois justifiées, sachant qu'elles sont menées par des personnes-phares du « phénomène aouniste », dont elles sont devenues un peu le symbole. Mais il y a aussi quelque chose d'anormal dans l'ampleur de la campagne menée contre Gebran Bassil, au point qu'on ne peut que se demander si, au fond, la véritable cible n'est pas Michel Aoun lui-même. Même si le premier a commis des maladresses à l'égard de ses compagnons, les critiques qui lui ont été adressées semblent démesurées. Brusquement, les médias se sont fait l'écho en long et en large de la moindre voix dissidente au sein du CPL, ne laissant que de petites places aux divisions et aux troubles internes dans les autres partis... Est-ce simplement parce que tout ce qui touche au CPL intéresse le public ou parce que cette couverture médiatique a des objectifs cachés, notamment celui de malmener Michel Aoun, en cherchant à discréditer Bassil ?

La campagne menée contre le général Aoun et le CPL a même tenté d'utiliser le charisme et la popularité du général Chamel Roukoz, pour le présenter comme une alternative à Gebran Bassil, mais l'officier à la retraite a très vite fermé la porte à ceux qui l'ont sollicité, déclarant à toutes les occasions qu'il n'a rien à voir avec le CPL, qui a un chef et des structures. Il a même affirmé qu'il ne compte pas former un autre parti politique pour faire face au CPL ou pour accueillir les dissidents.
Aujourd'hui, les turbulences se sont un peu calmées, les médias passent à autre chose et les militants sont devant un choix : soit ils respectent le règlement intérieur du parti et œuvrent pour le changement à travers les structures existantes, soit ils tournent la page. Mais le parti, lui, continuera son chemin, car tel est le vœu de Michel Aoun.

 

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commentaires (11)

ATTAQUER BASIL... POUR CIBLER AOUN... LA BALISTIQUE REDEFINIE BIEN QUE BAFOUEE... PRIX NOBEL BIEN AISE... OU FOUTAISE ?

LA LIBRE EXPRESSION

11 h 57, le 21 août 2016

Tous les commentaires

Commentaires (11)

  • ATTAQUER BASIL... POUR CIBLER AOUN... LA BALISTIQUE REDEFINIE BIEN QUE BAFOUEE... PRIX NOBEL BIEN AISE... OU FOUTAISE ?

    LA LIBRE EXPRESSION

    11 h 57, le 21 août 2016

  • Faute de corneille on se contente de merle....

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    19 h 29, le 20 août 2016

  • Hahaha si ce n'est pas glorifier des personnes alors qu'est ce comme article? Hahahaha tout le contraire de ce que le libansis intelligente veut fuir !!

    Bery tus

    16 h 00, le 20 août 2016

  • Quand on n'est pas capable ni de voir ou d'entendre, de comprendre l'évidence criante de ce qui se passe actuelllement dans notre pays, le Liban...on fait comme le troupeau de moutons-suiveurs-bêleurs: honneur à l'idole "divinement inutile" ! Irène Saïd

    Irene Said

    15 h 32, le 20 août 2016

  • Pour moi, la liberté d'expression est sacrée, mais comme toutes les libertés, il y a des limites à ne pas franchir. Glorifier quelqu'un qui a livré ses électeurs à un autre parti qui s'était déclaré membre du parti iranien de Wilayet el-Fakih, cela s'appelle comment ? Patriotisme ou trahison ? Le maréchal Pétain avait livré la France à Hitler en 1940, toute la France a oublié Pétain.

    Un Libanais

    14 h 29, le 20 août 2016

  • Si Scarlett a parlé du CPL du Phare AOUN dans cet article c'est qu'il n'y a matière à parler d'aucun autre en ce moment au Liban. On va pas les citer pour pas leur foutre la honte mais face à cette équipe qui attire la jalousie du fait d'une alliance qui le fait incontournable comme son allié de la résistance on dira y a pas photo. Dans le fond c'est vrai si c'est pas le Phare AOUN à la tête du pays, sérieusement qui d'autres ??????

    FRIK-A-FRAK

    13 h 03, le 20 août 2016

  • Un article de glorification de M Aoun et de M Bassil Bravo Mm Haddad mais habitez vous le Liban ou Mars? Excellent ministre qui nous a fourni eau electricite et internet 24/24, excellent ministre qui nous a fait sortir du monde Arabe lors des votes important, excellent ministre parti en Amerique du Sud pour rallier la communaute Libanaise avec un resultat nul, et finalement un chef impose et non elu pour un "grand " parti democratique " Vous avez tous les droits d'etre pro CPL mais SVP n'envolivez pas un parti qui est responsable de ne pas avoir de President Chretien au Liban depuis plus de deux ans car le DEMOCRATIQUE Mr Aoun dit : C'est MOI ou PERSONNE Un parti tres democratique ..............

    LA VERITE

    11 h 51, le 20 août 2016

  • Rien n'est plus loin de la verite et l'objectivite que cet article. "Certains ont reproché à Michel Aoun d'avoir accepté le compromis qui a porté le ministre Gebran Bassil à la tête du CPL": vous appelez cela un compromis????? demandez a alain aoun une definition du mot "compromis". "Depuis l'apparition de Gebran Bassil sur la scène politique, ce dernier a pris en charge les dossiers les plus épineux": de un, cette "apparition" s'appelle en fait un mariage. de deux, il n'a rien pris en charge, michel aoun lui a tout donné. "il a réussi à les gérer avec efficacité, qu'il s'agisse des ministères les plus compliqués (l'Énergie et les Télécommunications ou encore les Affaires étrangères)": ah bon? c'est ca vos standard pour gerer avec efficacite l'electricite et les telecoms?? moi j'ai tjrs pas d'electricite, ni d'internet, ni de telephonie. "Travailleur, intelligent et loyal, autant de qualités qui ont fait de lui la personne la plus apte à lancer ce nouveau parti qu'est le CPL": madame, vous savez tres bien qu'on trouve bcp de gens avec ces qualites. d'ailleurs mon concierge est travailleur, intelligent et loyal. vous en voulez comme chef du cpl? "Est-ce simplement parce que tout ce qui touche au CPL intéresse le public ou parce que cette couverture médiatique a des objectifs cachés, notamment celui de malmener Michel Aoun": quand on veut laver plus blanc que blanc et qu'on finit par avoir les mains sales, c'est normal d'essuyer des critiques.

    George Khoury

    10 h 33, le 20 août 2016

  • HAHAHAHA ! UN PARTI AVEC STRUCTURES (FAMILIALES) ET DES INSTITUTIONS (GENDRISSIMALES) QUI PEUVENT LUI SURVIVRE... J,AI TELLEMENT RI EN LISANT LE PREMIER PARAGRAPHE DE BARATIN... PUIS AUX ECLATS EN LISANT TOUT LE BARATIN QUI SUIT ... POUR PONDRE UN TEL ARTICLE IL M,AURAIT FALLU AVOIR PERDU LES QUATRE CHEMINS DE LA LOGIQUE...

    LA LIBRE EXPRESSION

    08 h 52, le 20 août 2016

  • "Aujourd'hui, les turbulences se sont un peu calmées, les médias passent à autre chose et les militants sont devant un choix : soit ils respectent le règlement intérieur du parti et œuvrent pour le changement à travers les structures existantes, soit ils tournent la page. Mais le parti, lui, continuera son chemin, car tel est le vœu de Michel Aoun." ! A vos ordres, "Maréchale Scarlett" !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    07 h 24, le 20 août 2016

  • Ode a la gloire du grand hableur!!! Madame vous prenez des tons lyriques pour vouloir nous faire croire que le CPL est vraiment LE parti democratique-phare a donner en exemple. De la publicite basse classe! Dire que des experts du CPL sont alles etudies et voir comment fonctionnent les grands partis democratique de l'etranger. Quelle rigolade! Le CPL a delegue le MEILLEUR DE SES CANCRES. Assurement. Lenine etait plus democratique que ce parti a la traine et la botte du hezebbbb. L'unique reconfort en lisant votre article est que le CPL disparaitra sans trace ausune des la mort de son chef-fuyard qui ira rendre ses comptes aux vrais martrs-soldats de Souk ElGharb et autres lieux ou le vrai patriotisme a brille et continuera a etre le symbole de ce qu'est un CEDRE.

    sancrainte

    03 h 14, le 20 août 2016

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