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Affaire Benalla : rare convocation devant la justice de responsables de l'Elysée

Les trois responsables doivent être interrogés sur les raisons et les conditions ayant permis à l'ancien proche collaborateur du chef de l'Etat d'utiliser des passeports diplomatiques, qu'il était censé avoir rendus, jusqu'en décembre alors qu'il avait été licencié fin juillet par la présidence.

De gauche à droite : le directeur de cabinet Patrick Strzoda, le secrétaire général de la présidence Alexis Kohler et le chef de cabinet François-Xavier Lauch sont convoqués pour s'expliquer devant les juges chargés de l'affaire des passeports diplomatiques d'Alexandre Benalla. AFP / Thomas SAMSON AND FRANCOIS GUILLOT AND Bertrand GUAY

Trois collaborateurs d'Emmanuel Macron sont convoqués pour s'expliquer devant les juges chargés de l'affaire des passeports diplomatiques d'Alexandre Benalla, un ancien proche collaborateur du chef de l'Etat français à l'origine d'un scandale qui empoisonne la présidence depuis des mois.

Cette rare convocation de hauts responsables de la présidence, fixée au 10 avril au palais de justice de Paris, porte sur l'un des volets de l'affaire de l'ex-"chargé de mission" à l'Elysée Alexandre Benalla, limogé l'été dernier après la diffusion d'images le montrant en train de malmener des manifestants à Paris le 1er mai.

Les trois responsables doivent être interrogés sur les raisons et les conditions ayant permis à M. Benalla d'utiliser des passeports diplomatiques, qu'il était censé avoir rendus, jusqu'en décembre alors qu'il avait été licencié fin juillet par la présidence.

Le chef de cabinet François-Xavier Lauch sera entendu en tant que partie civile puisqu'il a déposé plainte contre Alexandre Benalla, dont il était le supérieur, pour "usage de faux" afin de se procurer ses passeports de service. Le secrétaire général de la présidence Alexis Kohler et le directeur de cabinet Patrick Strzoda sont pour leur part convoqués en tant que témoins, a précisé la présidence.

L'affaire Benalla est devenue, au fil des mois, un feuilleton dont n'arrive pas à se débarrasser le pouvoir. En décembre, La lettre du Continent, puis Le Monde, ont révélé que M. Benalla avait fait un voyage d'affaires au Tchad où il a rencontré le président Idriss Deby, trois semaines avant une visite d'Emmanuel Macron à N'Djamena. L'Elysée a dit avoir été informé de ce voyage a posteriori.

M. Benalla a reconnu avoir récupéré et utilisé ses passeports dans le cadre de ses nouvelles activités professionnelles, après avoir affirmé en septembre devant le Sénat les avoir laissés dans son bureau à l'Elysée. Selon Mediapart et Le Monde, M. Benalla a utilisé l'un de ses deux passeports diplomatiques pour entrer dans plusieurs pays africains.

Le ministère des Affaires étrangères dit avoir réclamé leur restitution à deux reprises depuis juillet. M. Benalla a assuré qu'ils lui avaient été rendus par un "membre de la présidence" (un "personnel salarié de l'Élysée", précisera-t-il au Sénat le 21 janvier) avec ses effets personnels, début octobre.

Devant la commission d'enquête du Sénat, Patrick Strzoda a révélé le 16 janvier que M. Benalla avait utilisé "presque une vingtaine de fois" ses passeports diplomatiques après son licenciement. Il le soupçonne par ailleurs, comme François-Xavier Lauch, d'avoir obtenu un passeport de service en juin grâce à un faux.

Le 18 janvier, Alexandre Benalla a été mis en examen (inculpé) pour l'usage abusif de ses passeports diplomatiques.



(Lire aussi : "La sécurité du président a été affectée" : une commission sénatoriale demande des poursuites contre Benalla)



"Pas le Rainbow Warrior"
Ces convocations sont "tout à fait normales, c'est un événement banal dans le cadre d'une instruction qui a été ouverte", a balayé jeudi la ministre de la Justice Nicole Belloubet.

"Normal" aussi pour François GrosDidier, membre Les Républicains (droite) de la commission d'enquête du Sénat qui a demandé la saisie de la justice. Pour lui, elle doit déterminer qui a "menti" entre M. Benalla et M. Strzoda.

Le député de gauche radicale Adrien Quatennens dénonce, lui, "un vrai feuilleton" et "incontestablement une affaire d'Etat" car "à mesure qu'on tire la pelote on voit qu'il y a toujours un épisode derrière", a-t-il dénoncé jeudi.

"Certainement pas d'affaire d'Etat!", a cependant estimé Vincent Crase, l'acolyte d'Alexandre Benalla lors des événements violents du 1er mai qui ont lancé l'affaire, interrogé par le journal Le Parisien à l'occasion de la parution de son livre "Présumé coupable" (Plon). Il met toutefois en cause les sommets de l'Etat. "J'ai l'impression que tous savaient et qu'ils se sont refilés la patate chaude", accuse-t-il.

Le Sénat dominé par l'opposition de droite a formellement transmis à la justice fin mars les cas de MM. Benalla et Crase, mais également de MM. Strzoda et Kohler, ainsi que celui du général Lionel Lavergne, chef du groupe de sécurité, les soupçonnant d'avoir "retenu une part significative de la vérité" devant sa commission d'enquête. Cette décision a été vécue comme une déclaration de guerre par le gouvernement et dans les rangs du parti présidentiel, qui a dénoncé un "procès politique".




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