Les réactions se multipliaient jeudi après l'exercice d'autocritique inédit auquel le président français Emmanuel Macron s'est livré en admettant la veille dans une interview télévisée ne pas avoir "réussi à réconcilier le peuple français avec ses dirigeants" et en promettant "une manière différente" de gouverner à l'avenir. Assis dans un hangar du porte-avions Charles de Gaulle, le président de la République, a également estimé que l'exécutif n'avait pas apporté assez de "considération" aux Français depuis le début de son mandat en mai 2017.
"Je n'ai pas réussi à réconcilier le peuple français avec ses dirigeants", a-t-il souligné lors d'un entretien à TF1, à trois jours de la mobilisation des "gilets jaunes", ces automobilistes qui vont manifester contre la hausse du prix des carburants. "Nos concitoyens aujourd'hui veulent trois choses : qu'on les considère, qu'on les protège, qu'on leur apporte des solutions. Pas des déclarations. Des solutions. La considération, on ne l'a sans doute pas assez apportée", a insisté M. Macron, souvent accusé par l'opposition d'être hautain et éloigné des préoccupations des Français.
"Nombre de Français, depuis le début du quinquennat, lui ont reproché un tel manque de considération à leur égard. Le président a toujours fermé les yeux, persuadé d'être dans le vrai.(...) Aujourd'hui, il ouvre enfin les yeux", décrypte jeudi Laurent Bodin, dans l'éditorial du journal régional l'Alsace.
L'exercice n'a cependant pas convaincu l'opposition, à droite d'abord où le patron des Républicains Laurent Wauquiez a estimé que le président ne pouvait pas "à la fois reconnaître qu'il commet des erreurs et ne rien corriger". Et à gauche, où le député de la France insoumise François Ruffin a regretté de ne pas avoir "entendu le mot justice" alors que "les gens sont blessés par un sentiment d'injustice qui vient de (sa) politique".
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Nouvelle méthode, cap inchangé
Au cours des derniers mois, le chef de l'Etat avait déjà à plusieurs reprises affirmé qu'il ne réussissait "pas tout". Mais pour la première fois, il a déclaré aussi clairement sa volonté de "décider peut-être d'une manière différente. Pas tout à Paris. En demandant à nos directions d'administrations centrales, aux ministres, à ceux qui les conseillent, d'aller se confronter au terrain beaucoup plus".
Le président "se livre - ce qui est rare chez lui - à un mea culpa, après une semaine à essuyer les récriminations dans l'Est et le Nord", souligne le Parisien.
Lors de son périple "mémoriel" de la Grande Guerre, qui l'a conduit la semaine dernière dans les régions parfois sinistrées du nord et de l'est de la France, M. Macron dit avoir été confronté directement à la "colère" et à "l'impatience" de certains. "Considérer c'est entendre quand les gens se plaignent, pour les amener dans cette transformation. Mais les respecter", a ajouté M. Macron, qui a régulièrement été critiqué ces dernières mois pour ses saillies jugées méprisantes à l'égard des Français.
En octobre, interpellé par des retraitées sur leurs faibles pensions et sur l'abaissement des limitations de vitesse sur les routes, M. Macron avait par exemple cité le général de Gaulle qui disait : "Vous pouvez parler très librement, la seule chose qu'on n'a pas le droit de faire, c'est de se plaindre". "Le pays se tiendrait autrement s'il était comme ça", avait-il ajouté. Il avait également été critiqué en invitant en septembre un jeune horticulteur au chômage à "traverser la rue" pour trouver un travail.
Mais à des promesses de nouvelle méthode, le président a opposé un cap inchangé, accompagnant cette mise au point par un long exercice pédagogique s'attardant notamment sur l'utilité de l'impôt. "Le cap sur lequel je me suis engagé devant les Françaises et les Français consiste à avoir une politique de transformation en profondeur du pays", a soutenu le président de la République, selon qui "on ne le fera pas en un an, il prendra le temps de ce quinquennat".
Pour mémoire
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Bonjour, le président Emmanuel Macron se heurte à une situation difficile en Europe et en méditerranée. Sa politique fiscale fragilise les recettes en dépit des observations répétées de la cour des comptes. Les inégalités augmentent dans le pays et l industrie est mal protégée de la volatilité des mouvements financiers. Ce n est pas nouveau, mais l homme semble prisonnier d un système de pensée. Philippe
06 h 08, le 16 novembre 2018