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À La Une - Liban

Nasrallah accuse les Etats-Unis de vouloir pousser les Libanais à la guerre civile

Réagissant à la décision US sur le Golan, le secrétaire général du Hezbollah appelle les pays arabes à "retirer leur initiative de paix".

Le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, lors de son discours retransmis en direct, le 26 mars 2019. Capture d'écran

Le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, a répondu point par point mardi aux propos du secrétaire d'Etat américain, Mike Pompeo, lors de sa conférence de presse au ministère des Affaires étrangères à Beyrouth, estimant qu'il n'a "pas prononcé une seule phrase vraie et correcte". Dans son discours retransmis en direct, le dignitaire chiite a accusé les Etats-Unis de vouloir "monter les Libanais les uns contre les autres" et les pousser à une nouvelle guerre civile, dans le cadre de leur projet au Proche-Orient qui ne vise qu'à "servir les intérêts d'Israël". 

Le secrétaire d'Etat avait appelé lors de sa visite vendredi et samedi derniers les Libanais à se démarquer des "sombres ambitions" de l'Iran et du Hezbollah, considéré comme une organisation terroriste par Washington, ajoutant que les Etats-Unis et le monde entier étaient "prêts à aider" le Liban afin de faire face au danger que représente l'Iran et le Hezbollah pour "la démocratie et la diversité" caractéristiques du pays du Cèdre. De leur côté, les responsables libanais avaient affirmé que le parti chiite est un parti démocratiquement élu et qui dispose de plusieurs sièges au gouvernement et au Parlement. Hassan Nasrallah n'a d'ailleurs pas manqué de remercier le chef de l'Etat, Michel Aoun, le président de la Chambre, Nabih Berry, et le ministre des Affaires étrangères, Gebran Bassil, pour leurs prises de position à ce sujet. 


Énorme mensonge
Dans son discours prononcé sans grande agressivité, Hassan Nasrallah a souligné, avec une certaine ironie, que M. Pompeo a mentionné 18 fois le Hezbollah et 19 fois l'Iran dans "son texte écrit à l'avance" et lu à l'issue de sa réunion au ministère des Affaires étrangères, mais n'a jamais évoqué Israël. "Il n'y avait pas une seule phrase correcte" dans le communiqué lu par le chef de la diplomatie américaine, a-t-il estimé. "Les déclarations de Mike Pompeo nous ont poussés à avoir encore plus confiance en notre position" envers les Etats-Unis, a souligné Hassan Nasrallah, indiquant que "l'Amérique mène une bataille dans la région n'ayant pour objectif que de répondre aux intérêts d'Israël".

Le chef de la diplomatie américaine "a parlé de stabilité, de prospérité et des rêves du peuple libanais, mais il n'a pas mentionné une seule fois Israël, ni les massacres que commet ce pays, estimant que le Hezbollah est le seul problème du Liban depuis 34 ans", a-t-il souligné. Et d'insister sur le fait que Mike Pompeo n'a pas parlé d'"Israël qui viole la souveraineté libanaise tous les jours, construit des murs sur le territoire du Liban, interdit au Liban de bénéficier de ses ressources et menace de détruire le pays". "Rien de cela ne constitue un problème pour Pompeo qui appelle les Libanais à lutter contre le Hezbollah", a-t-il déclaré, estimant qu'il s'agit "d'un énorme mensonge". Et d'interroger ses adversaires politiques : "Vous qui estimez que le Hezbollah est un problème, s'agit-il du seul problème auquel le Liban fait face?"



(Lire aussi : Pompeo : Les États-Unis "prêts à aider" pour éviter le danger que représente l'Iran pour la démocratie libanaise)




"Grande stupidité"

En ce qui concerne la présence du parti chiite au Parlement, et répondant aux accusations américaines concernant "une intimidation directe des électeurs", qui aurait permis l'élection de députés du Hezbollah, le dignitaire chiite a déclaré que Mike Pompeo "ignore complètement ce qui se passe au Liban", soulignant qu'il dispose d'informations erronées.

Il a encore mentionné "la grande stupidité" de Mike Pompeo en ce qui concerne ses déclarations sur la présence d'usines de production de missiles, soulignant que c'est le triptyque "peuple, armée, résistance" et l'unité des Libanais qui empêchent Israël de lancer une nouvelle guerre contre le Liban. Il a affirmé que les Etats-Unis "empêchent l'armée libanaise de posséder certains types de missiles". 

Hassan Nasrallah a encore nié que les armes du Hezbollah vont à l'encontre des intérêts des Libanais et souligné que "tout le monde sait que le Hezbollah est parti se battre en Syrie afin de mettre un terme au projet américano-takfiriste" dans la région. "Tout le monde sait ce qu'il serait advenu du Liban si Daech (acronyme arabe de l'Etat islamique) avait pris le contrôle de la Syrie", a-t-il ajouté. 


"Monter les Libanais les uns contre les autres"
"L'objectif principal de la visite de Mike Pompeo était de monter les Libanais les uns contre les autres", a déclaré le leader chiite, les Etats-Unis étant "très gênés que le Liban soit sûr et stable". "Cela nous rappelle ce qu'il s'est passé lorsque le Premier ministre Saad Hariri a été emprisonné en Arabie saoudite, il y a un an, parce qu'ils souhaitaient alors (l'axe saoudo-américain, ndlr) lancer une guerre civile entre les Libanais", a-t-il souligné.

Hassan Nasrallah a souligné que le Hezbollah, bien que constituant "une puissante force militaire", n'a jamais troublé la paix interne du Liban. "Est-ce que nous empêchons la prospérité du Liban lorsque nous appelons à lutter contre la corruption ?", s'est-il interrogé, déclarant que son parti "est celui qui veille le plus à la stabilité et la paix" au Liban. En ce qui concerne les accusations de blanchiment d'argent et narcotrafic lancées par le diplomate américain, Hassan Nasrallah lui a reproché de "n'avoir aucune preuve". Il a également rejeté les accusations de vol et corruption des ressources de l'Etat, assurant que "personne n'a accusé le Hezbollah de vol" et que "les finances de l'Etat sont respectées."

"Nous sommes les plus convaincus par l'importance de la paix, du vivre-ensemble, de l'unité nationale, de l'armée et de la coopération", a-t-il souligné. Et de conclure que les "risques posés par la visite de Mike Pompeo, que beaucoup avaient prédits, ont pu être évités, grâce à la sagesse des responsables politiques". 



(Lire aussi : Bassil à Russia Today : Il y a un désaccord entre nous et Washington au sujet du Hezbollah)



Les Arabes appelés à "retirer leur initiative de paix"
Commentant par ailleurs la reconnaissance de la souveraineté d'Israël sur le Golan par Donald Trump, le secrétaire général du Hezbollah a déclaré que cette décision devrait pousser les pays arabes à "retirer leur initiative de paix", adoptée au sommet arabe de Beyrouth, en 2002, et qui est toujours en rigueur.

"La décision de Donald Trump est une étape importante du conflit israélo-arabe et représente une réelle menace pour nos droits et notre futur", a lancé le leader chiite dans un discours télévisé retransmis en direct, ayant pour titre : "Le Liban restera souverain, résistant et vainqueur".

Lors de la guerre israélo-arabe de 1967, Israël a conquis une grande partie du Golan syrien (1.200 km2), avant de l'annexer en 1981. Cette annexion n'a jamais été reconnue par la communauté internationale. La semaine dernière, le président américain, Donald Trump, avait annoncé son intention de reconnaître la souveraineté d'Israël sur le plateau du Golan, une décision qu'il a rendue officielle lundi avec la signature d'un décret, en présence du Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu. La Syrie, ses alliés russe et iranien ainsi que plusieurs États arabes ont rejeté cette décision, Damas qualifiant les États-Unis de "premier ennemi des Arabes".

"Cette décision est une insulte pour tout le monde arabo-musulman et des dizaines d'Etats qui considèrent toujours que le Golan est un territoire syrien occupé par Israël", a lancé Hassan Nasrallah. "Cette reconnaissance nous prouve que l'administration américaine ne reconnaît en rien les décisions du Conseil de sécurité, de l'ONU ni de la communauté internationale", a-t-il ajouté, soulignant que les États-Unis n'utilisent ces institutions que pour "servir leur propre projet". Il a encore estimé que cela "prouve que les décisions et institutions internationales ne sont pas capables de protéger les peuples et leurs droits en ce qui concerne la récupération des terres occupées et qu'elles ne sont capables que de +dénoncer+".

Pour Hassan Nasrallah, "la seule priorité des États-Unis est de renforcer, protéger et soutenir Israël". Le dignitaire a dans ce contexte estimé que la décision américaine porte un coup "au processus de paix en cours". Accusant le "silence des Arabes et des musulmans devant la décision de reconnaître Jérusalem comme capitale d'Israël d'avoir encouragé Donald Trump à prendre cette nouvelle décision, Hassan Nasrallah a craint que "peut-être qu'un jour, les États-Unis déclareront que la Cisjordanie fait également partie d'Israël".



(Lire aussi : Décision US sur le Golan : embarras pour les Arabes, bénéfices pour l'Iran)


Et de lancer : "La seule réponse à la décision américaine est que la Ligue arabe décide, lors du sommet de Tunis, de retirer son initiative de paix" au Proche-Orient, qui avait été lancé en 2002, et de "revenir au point de départ". "Face à cette décision, le seul choix qu'il reste aux Syriens pour récupérer le Golan, et au Liban pour récupérer les fermes de Chebaa et Kfar Chouba, et pour que soient respectés leurs droits sur les ressources pétrolières et gazières, c'est la résistance", a-t-il déclaré. 

Le chef de l'Etat libanais, Michel Aoun, avait déclaré plus tôt dans la journée, depuis Moscou, où il poursuit sa visite officielle, que la décision américaine constituait "un jour noir" pour le monde et "un acte arbitraire" contraire à la légalité internationale.

Le Hezbollah, allié du régime de Bachar el-Assad dans le conflit syrien, avait été accusé mi-mars par l'Etat hébreu de s'implanter secrètement sur le plateau du Golan afin d'y mener des opérations contre Israël. L'unité, qui selon Tel Aviv se fait appeler "Dossier du Golan", serait menée par des responsables du parti pro-iranien basés à Beyrouth, et le président  Assad n'en aurait pas été tenu informé, selon des sources israéliennes.



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Le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, a répondu point par point mardi aux propos du secrétaire d'Etat américain, Mike Pompeo, lors de sa conférence de presse au ministère des Affaires étrangères à Beyrouth, estimant qu'il n'a "pas prononcé une seule phrase vraie et correcte". Dans son discours retransmis en direct, le dignitaire chiite a accusé les Etats-Unis de...

commentaires (13)

Il n' y aura pas de guerre civile si vous confiez vos armes à l' armée libanaise...Qui ELLE vous protègera ( et non le contraire!) comme il est coutume et LOI dans tous les pays du monde..!

LeRougeEtLeNoir

15 h 53, le 27 mars 2019

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Commentaires (13)

  • Il n' y aura pas de guerre civile si vous confiez vos armes à l' armée libanaise...Qui ELLE vous protègera ( et non le contraire!) comme il est coutume et LOI dans tous les pays du monde..!

    LeRougeEtLeNoir

    15 h 53, le 27 mars 2019

  • MA AFSAHA AL KAHBA-OU INDAMA TOUHADIROU BIL AFAFF.

    Gebran Eid

    23 h 24, le 26 mars 2019

  • Le type de niaiserie que j'aime est de dire que ce discours est une perte de temps et d'effort. Un genre de "danse des sabres" qu'on voit aux mariages, du spectacle pour groupies... Bon, du point de vue pratique : voyons ce que les russes feront pour nous renvoyer le président avec les mains pleines. Pleines de bonnes choses, on espère, et plus grande utilité que les cadeaux américains.

    Wlek Sanferlou

    20 h 38, le 26 mars 2019

  • Hassan Nasrallah a souligné que le Hezbollah, bien que constituant "une puissante force militaire", n'a jamais troublé la paix interne du Liban. Il se fout carrement de la tete des gens. Il ne se souvient plus d'un certain 7 Mai????? La fable du chaperon rouge dans son integralite!

    sancrainte

    20 h 17, le 26 mars 2019

  • C'est vous HN qui veut pousser les libanais à la guerre civile. Pour une seule raison: vous ne cherchez pas l'intérêt ni des libanais ni de l'édification d'un ETAT.

    Achkar Carlos

    20 h 06, le 26 mars 2019

  • Hélas il est vrai que tous les partis et mouvements libanais ont fauté quelque part et n'ont pas tenu compte des intérêts supérieurs du Liban. Ce que nous pouvons se reprocher tous et le Hezbollah n'en fait pas exception.

    Sarkis Serge Tateossian

    20 h 01, le 26 mars 2019

  • J,AURAIS APPROUVE LE DISCOURS DU SAYED H.N. SI LE HEZBOLLAH N,INTERVENAIT PAS EN SYRIE, EN IRAQ ET AU YEMEN ET AILLEURS POUR LE COMPTE DE L,IRAN ET SI IL NE PRATIQUAIT PAS LES INTIMIDATIONS ET LES BLOCAGES DE TOUTE SORTE A LA MAISON AVEC COMME BUT LA MAINMISE IRANIENNE SUR LE PAYS. SONT-CE LES DECLARATIONS DE POMPEO QUI RISQUENT DE MENER A UNE GUERRE CIVILE OU LES INTERVENTIONS ET LES EXACTIONS COMMISES ?

    LA LIBRE EXPRESSION

    19 h 44, le 26 mars 2019

  • Il faut avoir un minimum d'objectivité et un peu d’honnêteté (à défaut d'être totalement honnête), on ne peut pas parler de paix ou créer une dynamique dans ce sens tant qu'on continue à ostraciser une partie et favoriser l'autre... Comment voulez-vous créer les conditions d'une paix, en demandant des concessions et des sacrifices toujours aux mêmes ? Pour restaurer une relation de confiance entre des peuples voisins, les efforts demandés ne peuvent être à sens unique. Le problème de l'Amérique est là !

    Sarkis Serge Tateossian

    19 h 38, le 26 mars 2019

  • J'aurai tellement souhaité entendre un seul dirigeant arabe condamner avec virulence, ne serait-ce que condamner. Est-il possible que Hassan Nasrallah puisse être le seul à le faire ? Ça montre bien qui défend le plus sincèrement le monde arabe, et qui est complice des usurpateurs de terre. Et on viendra vous dire empire ottoman, empire perse alors qu'on est en pleine tentative de constitution d'une empire sioniste.

    FRIK-A-FRAK

    19 h 17, le 26 mars 2019

  • Tartarin de Tabascon! Parole, parole, parole comme dirait Dalida.....

    IMB a SPO

    19 h 05, le 26 mars 2019

  • Lol.

    Christine KHALIL

    18 h 53, le 26 mars 2019

  • Oui c’est ça y a que les iraniens qui défendent les terres moyen orientales en achetant des armes d’israel contre pétrole

    Bery tus

    18 h 42, le 26 mars 2019

  • Et alors! Et s'ils se retirent? Donald Trump va pleurer? Netanyaha va se mettre en deuil? Et de quel processus de paix parle-t-on? Qui n'a jamais vraiment existé. Qui n'a jamais été qu'un leurre.Soyons sérieux! Les israéliens n'ont jamais voulu la paix. Ce qui les intéresse c'est la Terre. Et les arabes n'ont jamais été unis, solidaires et forts pour imposer la paix, pour imposer la restitution de la terre, pour imposer quoi que ce soit d'ailleurs! Quel gachis!

    Georges Airut

    18 h 18, le 26 mars 2019

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