Le gouvernement libanais présidé par Saad Hariri, qui s'est réuni jeudi en Conseil des ministres au palais présidentiel de Baabda, sous la houlette du chef de l'Etat Michel Aoun, a décidé de créer une commission ministérielle chargée du suivi du plan présenté par la ministre de l'Energie et de l'Eau, Nada Boustani, pour la production du courant électrique.
Le cabinet, qui a planché sur un ordre du jour de 59 points, a en outre approuvé les nominations des membres du Conseil militaire, à la faveur du climat d’entente entre le Courant patriotique libre, dirigée par le chef de la diplomatie Gebran Bassil, et le Courant du Futur du Premier ministre Saad Hariri.
Le gouvernement a débuté sa réunion en abordant la question du plan pour la production du courant électrique, dit le plan Boustani, du nom de la ministre de l'Energie et de l'Eau qui est affiliée au Courant patriotique libre. Celle-ci s'est dite "ouverte à toutes les options, tant que celles-ci permettent d'assurer les offres les plus rapides et les moins chères pour la production du courant".
Le cabinet a ensuite décidé de créer une commission ministérielle présidée par M. Hariri, pour faire le suivi de ce dossier. Le ministre de l'Information, Jamal Jarrah, a fait savoir lors d'un point de presse à l'issue de la réunion que cette commission devra transmettre ses recommandations au gouvernement dans un délai d'une semaine. "Le gouvernement est d'accord sur les principes généraux (inclus dans ce plan) mais les détails nécessitent davantage d'étude", a souligné M. Jarrah.
Les nominations militaires
Sur le plan des nominations, les nouveaux membres du Conseil militaire sont: le général Amine el-Aaram (druze), chef d'Etat-major, le général Milad Ishaac (orthodoxe), inspecteur général, le général Elias Chamiyé (catholique), membre à plein temps au sein du Conseil militaire, et le général Mahmoud el-Asmar (sunnite), secrétaire général du Conseil supérieur de la Défense. Le général Georges Chreim restera quant à lui à la disposition du ministre de la Défense jusqu'à sa retraite.
En outre, le gouvernement s'est penché sur la question des carrières. Il a accordé un délai de trois mois au ministre de l'Environnement, Fadi Jreissati, pour présenter un plan directeur concernant cette question. Le dossier des carrières souffre traditionnellement d’une absence notoire de réglementation et de planification. Régi par un simple décret, souvent inappliqué, ce secteur endure du fait que de nombreuses exploitations fonctionnent avec des permis inadaptés ("bonification de terrains", "déplacement de stocks"…), ou sans permis du tout. Le dernier plan directeur élaboré par le ministère de l’Environnement date de 2009, il préconise de concentrer les carrières dans l’Anti-Liban, et il est inappliqué depuis ce temps-là. Le flou qui règne dans ce secteur mène à une dégradation environnementale visible sur de vastes portions du territoire.
Par ailleurs, le cabinet a examiné la question de l'élection législative partielle pour le siège sunnite de Tripoli qui aura lieu le 14 avril, après l'invalidation du mandat parlementaire de Dima Jamali, membre du Courant du Futur du Premier ministre. Les mesures de sécurité prévues à cet effet ont été passées en revue durant la séance.
(Lire aussi : Entre Hariri et Bassil, l’entente vacille, mais ne tombe pas, le décryptage de Scarlett Haddad)
Le budget de 2019
Le ministre de l'Information, Jamal Jarrah a également fait savoir en outre que le président Aoun a demandé que l'avant-projet de budget de 2019 soit finalisé le plus vite possible afin de le transmettre au gouvernement pour approbation.
Ce Conseil des ministres s'est tenu après un pic de tension dans les relations entre le Premier ministre, Saad Hariri, et le chef du CPL, Gebran Bassil. Ce dernier avait menacé jeudi dernier devant ses partisans de bloquer le gouvernement s’il n’obtenait pas satisfaction sur des dossiers aussi lourds que celui de la corruption, des réfugiés et de l’électricité. Cette accès de tension verbale entre le chef de la diplomatie et le Premier ministre serait le résultat d'une réunion tendue entre les deux hommes quelques jours auparavant. Toutefois, la tension était retombée à la faveur d'un entretien téléphonique entre MM. Hariri et Bassil, une désescalade confirmée par les blocs parlementaires des deux formations.
Parallèlement à la tenue du Conseil, plusieurs membres et volontaires de la Défense civile ont manifesté place Riad el-Solh, à proximité du siège de la présidence du gouvernement, demandant au cabinet de signer le décret portant sur leur titularisation. Ils ont menacé de recourir à des mesures d'escalade s'ils n'obtenaient pas gain de cause.
Enfin, sur le plan diplomatique, la présidence de la République a annoncé dans un communiqué que le chef de l'Etat, Michel Aoun, se rendra en Russie les 25 et 26 mars dans le cadre d'une visite officielle. Le président Aoun s'entretiendra avec son homologue russe, Vladimir Poutine, mardi prochain. Il aura des entretiens également avec divers responsables russes durant son séjour.
Pour mémoire
Hariri et Bassil à fleurets mouchetés autour des nominations
Pour Hariri, le compromis avec le CPL tient toujours aussi solidement
Bassil n’a pas voulu ébranler le compromis, selon le CPL
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PRIS DANS L,ENGRENAGE DE L,IRRESPONSABILITE ET DE LA CORRUPTION ON N,ENTEND PAS EN SORTIR...
LA LIBRE EXPRESSION
20 h 25, le 21 mars 2019