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Liban - Décryptage

Entre Hariri et Bassil, l’entente vacille, mais ne tombe pas

À la veille de l’arrivée du secrétaire d’État américain à Beyrouth, le Liban officiel veut afficher un fonctionnement normal de ses institutions publiques. Le gouvernement doit se réunir aujourd’hui et entamer le processus des nominations, au moins militaires, alors que le président de la Chambre a convoqué le Parlement à une séance de questions au gouvernement, mercredi.

En principe, donc, le Liban aura tout l’air d’un pays qui fonctionne normalement. Mais ce n’était pas le cas il y a quelques jours au plus fort du conflit entre le Premier ministre Saad Hariri et le ministre des Affaires étrangères Gebran Bassil.

En quelques jours, M. Bassil a d’ailleurs eu plus de quatre apparitions médiatiques pour montrer à ceux qui en doutaient encore qu’il est un élément essentiel de la vie politique et publique interne, et que nul ne peut le contourner ou le dépasser. En définissant, dans ses apparitions médiatiques, les priorités de son parti et de son camp politique pour l’étape à venir qui sont au nombre de trois (la lutte contre la corruption, le retour des déplacés syriens et la situation économique), le chef du CPL a irrité le Premier ministre qui a considéré, selon ses proches, que les discours de Bassil montrent ce dernier comme l’homme fort du gouvernement au détriment du chef du cabinet. Certains propos de Bassil sur une possible chute du gouvernement au cas où le dossier des déplacés syriens ne serait pas traité comme il devrait l’être ont même été interprétés par certains « faucons » du courant du Futur comme une menace de rééditer la fameuse expérience de janvier 2011, lorsque le gouvernement présidé par Saad Hariri a été contraint à la démission par le départ d’un tiers de ses membres alors que le Premier ministre se trouvait à Washington.


(Pour mémoire : Hariri et Bassil à fleurets mouchetés autour des nominations)


Ce conflit entre Hariri et Bassil est intervenu au moment où le Premier ministre rentrait d’une visite en Arabie saoudite au cours de laquelle, selon des sources du courant du Futur, il aurait non seulement été reçu par le roi Salmane, mais il aurait aussi rencontré le prince héritier Mohammad ben Salmane, avec lequel il aurait eu une longue conversation. Toujours selon les sources précitées, le prince héritier saoudien aurait promis d’aider le Premier ministre libanais, surtout que ce dernier se sentirait quelque peu en retrait face à la solide alliance entre le président de la République et le Hezbollah. Selon les mêmes sources, Hariri aurait donc besoin d’un appui externe pour faire le contrepoids face au nouveau rapport des forces internes libanaises. Ce serait donc dans ce contexte que serait intervenue la réconciliation entre Saad Hariri et Achraf Rifi en vue du retrait de ce dernier de la course électorale pour la partielle de Tripoli, en faveur de la candidate du Futur Dima Jamali. Dans ce sillage, des analyses et des pronostics ont commencé à apparaître sur la fin de ce qu’on a appelé « le compromis présidentiel », qui consiste dans l’accord conclu entre le camp du chef de l’État et celui de Saad Hariri pour élire le premier à la tête de l’État et nommer le second à la tête du gouvernement, à la suite des consultations parlementaires.

En réalité, tous ces pronostics se sont avérés faux, car même si aujourd’hui, et cela est apparu dans le cadre des élections législatives, la balance politique est légèrement en faveur de l’alliance du 8 Mars et du CPL, le fameux « compromis présidentiel » reste solide, les deux parties qui l’ont conclu étant encore convaincues de son utilité et de la nécessité de le préserver.

Selon des informations recoupées, les deux parties (les commandements du CPL et du courant du Futur) ont compris qu’elles avaient besoin l’une de l’autre et que, sans leur coopération, le fonctionnement des institutions resterait paralysé et la situation générale irait de mal en pis. Les deux parties sont conscientes de leurs divergences sur de nombreux sujets, mais elles savent qu’elles peuvent les mettre de côté lorsqu’il s’agit de l’intérêt du pays. Et en dépit de toutes les promesses qui lui ont été faites, le Premier ministre s’est retrouvé bien seul à plusieurs reprises dans des situations très délicates, et c’est surtout le Liban et le camp du président en particulier qui lui ont tendu la main à ces moments-là. De même, le CPL et le camp présidentiel savent parfaitement que les tiraillements régionaux et internationaux ont un grand impact sur l’intérieur libanais et, par conséquent, la présence de Saad Hariri à la tête du gouvernement constitue un facteur de stabilité.

Concernant la réconciliation entre Saad Hariri et Achraf Rifi, grâce à la médiation de l’ancien ministre Rachid Derbas et de l’ancien Premier ministre Fouad Siniora, elle serait dictée par des considérations purement internes, les deux hommes ayant finalement besoin l’un de l’autre à Tripoli.

Pour toutes ces considérations, même si elle vacille, l’entente entre les deux camps reste solide, en dépit des tentatives de leurs alliés respectifs – et d’autres parties – de les éloigner l’un de l’autre.


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commentaires (7)

Loi de physique: pour tomber il faut être plus haut que le point de chute. Cette condition n'est pas remplie. Alors? vous dites! Eh bien alors, Vacillons donc!

Wlek Sanferlou

21 h 52, le 21 mars 2019

Tous les commentaires

Commentaires (7)

  • Loi de physique: pour tomber il faut être plus haut que le point de chute. Cette condition n'est pas remplie. Alors? vous dites! Eh bien alors, Vacillons donc!

    Wlek Sanferlou

    21 h 52, le 21 mars 2019

  • Quel triste panorama politique que celui du Liban de 2019 ! Dans quel lamentable bazar vit le peuple de ce pays ? Exitent-t-ils encore des "pauvres d'esprit", pour croire à la possibilité d'une réhabilitation de l'Etat de Droit et de l'Economie Nationale...? Dans cet "arche de Noé" libanais, comment réussir un tel pari, face à un chapelet de décideurs ignorants, opportunistes, arrogants et corrompus...? Pour beaucoup de citoyens, il y a une impression de tomber des nues et de friser le drame irréversible, face à ses querelles de clocher permanentes !

    Salim Dahdah

    13 h 25, le 21 mars 2019

  • "Un ministre, ça ferme sa gueule; si ça veut l'ouvrir, ça démissionne". Jean-Pierre Chevènement, le 22/3/1983, ministre sous la présidence Mitterrand.

    Un Libanais

    12 h 15, le 21 mars 2019

  • Notre gendre national préféré, comme beau-papa, n'a qu'une obsession: le fauteuil présidentiel de Baabda et il s'imagine y arriver avec le culot...! Irène Saïd

    Irene Said

    09 h 39, le 21 mars 2019

  • IL NE FAUT PAS PLUS DE PROPOS IRRESPONSABLES BASILIOTES POUR DYNAMITER LA CEDRE ET PARTANT L,ECONOMIE ET LES FINANCES DU PAYS ! FAUT LE DIRE TRES CHERE MADAME SCARLETT HADDAD...

    LA LIBRE EXPRESSION

    09 h 02, le 21 mars 2019

  • vacille mais ne tombe pas …. oui oui elle ne tombe pas mais avec le president pas avec bassil madame, d'ailleurs hariri lui meme l'a dit !!!

    Bery tus

    03 h 29, le 21 mars 2019

  • Oui Gebran Bassil est indispensable, voire incontournable et il le vocifère bien haut parce que y en a qui ne le savent pas encore.

    Marionet

    00 h 58, le 21 mars 2019

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