Arrestation
Le 19 novembre 2018, Carlos Ghosn est arrêté à son atterrissage à Tokyo. Son bras droit Greg Kelly est lui aussi interpellé. Tous deux sont placés en garde à vue dans une prison du nord de Tokyo.
Des perquisitions ont lieu au siège de Nissan à Yokohama, dans la banlieue de Tokyo, et dans le luxueux appartement tokyoïte de M. Ghosn.
Le dirigeant franco-libano-brésilien, 64 ans, est soupçonné d'avoir omis de déclarer une grande partie de ses revenus aux autorités boursières pendant cinq ans, entre 2010 et 2015.
Le président exécutif de Nissan, Hiroto Saikawa, affirme que M. Ghosn est soupçonné "de nombreuses autres malversations". "C'est un problème que tant d'autorité ait été accordée à une seule personne", déclare-t-il.
Révoqué chez Nissan et Mitsubishi
Les gouvernements français et japonais réaffirment leur soutien à l'alliance.
Le 26 novembre, le CA de Mitsubishi Motors limoge à son tour M. Ghosn.
(Lire aussi : Affaire Ghosn et bénéfices en berne, Nissan dans une mauvaise passe)
Première inculpation
Le 10 décembre, MM. Ghosn et Kelly sont inculpés pour dissimulation de revenus entre 2010 et 2015. Leur garde à vue est prolongée, pour le même motif mais concernant la période 2015-2018.
Le 13, le CA de Renault confirme Carlos Ghosn à son poste de PDG, jugeant sa rémunération française conforme à la loi.
Le 17, le CA de Nissan échoue à désigner un remplaçant à Carlos Ghosn.
Nouveau mandat d'arrêt
Le 21 décembre, M. Ghosn est mis en garde à vue sur de nouvelles charges, d'abus de confiance: il est accusé d'avoir tenté de faire couvrir par Nissan des pertes sur des investissements personnels au moment de la crise économique de 2008, ce qu'il dément. Il est aussi soupçonné d'avoir effectué des virements d'un compte de la compagnie au bénéfice d'un ami saoudien.
Greg Kelly est libéré sous caution le 25 décembre.
Comparution au tribunal
Le 8 janvier 2019, Carlos Ghosn comparaît pour la première fois devant le tribunal de Tokyo. Amaigri et menotté, il affirme avoir été "faussement accusé et détenu de manière injuste".
Le juge justifie sa garde à vue prolongée par un risque de fuite et d'altération des preuves.
Le 10, un CA extraordinaire de Renault le maintient à sa tête.
Nouvelles inculpations, libération rejetée
Le lendemain, M. Ghosn est mis en examen pour abus de confiance et pour avoir minoré ses revenus dans des rapports boursiers de Nissan entre 2015 et 2018.
Le 16 janvier, prenant acte des décisions de la justice japonaise, l'État français demande la désignation d'un successeur à Carlos Ghosn.
Départ de Renault
Le 22 janvier, une requête de libération sous caution de M. Ghosn est rejetée. Le lendemain, celui-ci démissionne officiellement de la présidence de Renault.
Le CA du constructeur français intronise un tandem pour le remplacer: le patron de Michelin, Jean-Dominique Senard, prend la présidence du groupe, et Thierry Bolloré la direction générale.
Interview depuis sa prison
Le 31 janvier, Carlos Ghosn, interrogé dans un parloir de sa prison par l'AFP et Les Echos, répond pour la première fois depuis son arrestation à des journalistes de médias non-japonais. "On m'a refusé la libération sous caution, ce ne serait normal dans aucune autre démocratie du monde", dit-il. Il avait donné la veille sa première interview en captivité au quotidien économique japonais Nikkei.
(Lire aussi : Dans sa première interview depuis son arrestation, Ghosn dénonce un "complot et une trahison")
"Bénéfice personnel" à Versailles
Le 7 février, Renault annonce signaler à la justice française que son ancien patron a reçu pour son "bénéfice personnel" un avantage en nature d'une valeur de 50.000 euros dans le cadre d'une convention de mécénat signée avec le Château de Versailles en 2016.
Démission de son principal avocat
Le 13 février le principal avocat de Carlos Ghosn, Motonari Otsuru, un ancien procureur, annonce se retirer du dossier. Son confrère Masato Oshikubo fait de même.
Une nouvelle équipe est immédiatement choisie, menée par le vétéran Junichiro Hironaka, surnommé "l'innocenteur".
(Pour mémoire : En changeant d'avocat, Carlos Ghosn mise sur une défense plus musclée)
Libération sous caution
Le 28 février, la nouvelle équipe des défenseurs de M. Ghosn dépose une troisième demande de libération avec un nouvel argumentaire censé convaincre le juge que les risques de fuite ou d'altération de preuves sont infondés.
Le 5 mars, un juge approuve cette demande de libération sous caution. Rejetant l'appel du procureur, le tribunal de Tokyo confirme la remise en liberté sous caution -- un milliard de yens (8 millions d'euros) -- de l'ex-PDG, sous strictes conditions.
Le 6 mars Carlos Ghosn est libéré après plus de 100 jours de détention. Il sort de la prison vêtu d'un blouson, portant un masque sanitaire blanc, une casquette bleue et des lunettes, avant de s'engouffrer dans une voiture gris clair banalisée.
Dans un communiqué publié plus tôt, il se dit "innocent" et "résolument déterminé" à se "défendre vigoureusement".