Rechercher
Rechercher

À La Une - justice

Dans sa première interview depuis son arrestation, Ghosn dénonce un "complot et une trahison"

Lors de l'entretien, accordé au Nikkei dans la prison de Tokyo, le magnat de l'automobile balaie les accusations décrivant son règne de 19 ans comme "une dictature". 

Carlos Ghosn lors d'un événement à Paris, le 29 septembre 2016. Photo d'archive AFP / ERIC PIERMONT

Carlos Ghosn, incarcéré à Tokyo pour des malversations financières présumées, a pris la parole mercredi pour la première fois dans la presse, s'en prenant ouvertement aux dirigeants de Nissan qu'il accuse de "complot et de trahison". Il s'agit du tout premier entretien qu'il accorde à la presse dans la prison de Tokyo où il est détenu depuis son arrestation le 19 novembre. L'interview est parue mercredi sur le site internet du quotidien économique japonais Nikkei.

Le tribunal a autorisé le 11 janvier les visites autres que celles de ses avocats et du personnel consulaire de la France, du Liban et du Brésil, les trois pays dont il est citoyen.

Carlos Ghosn l'a martelé : les dirigeants de Nissan ont voulu lui faire payer "le projet d'intégrer" Renault, Nissan et Mitsubishi Motors, qui avait été abordé avec le patron de Nissan, Hiroto Saikawa, en septembre 2018. A ce sujet, le dirigeant de 64 ans a dit n'avoir "aucun doute" sur le fait que les charges portées contre lui, qu'il a de nouveau rejetées, sont le résultat "d'un complot et d'une trahison".

Nissan a aussitôt réagi en rappelant que M. Saikawa avait "déjà catégoriquement réfuté la notion de +coup d'Etat+". L'enquête menée dans le secret par le groupe depuis l'été 2018 a "mis au jour des preuves significatives et convaincantes de malversations", a ajouté le constructeur japonais dans une déclaration transmise à l'AFP.


(Lire aussi : Renault-Nissan : la vie après Carlos Ghosn)

 


"Je ne fuirai pas, je me défendrai"
Au cours de cet entretien, l'ex-magnat de l'automobile a par ailleurs balayé les accusations décrivant son règne de 19 ans comme "une dictature". "Les gens ont traduit leadership fort par dictateur, déformant la réalité pour se débarrasser de moi", a-t-il déclaré.

Carlos Ghosn fait l'objet de trois inculpations pour abus de confiance et minoration de revenus aux autorités boursières sur la période 2010 à 2018. Lors de son unique comparution devant un tribunal le 8 janvier, il s'est dit accusé à tort. Ses avocats ont déposé plusieurs demandes de libération sous caution, en vain, la justice mettant en avant un risque de dissimulation ou destruction de preuves et de fuite.

"Je ne fuirai pas, je me défendrai", a-t-il dit mercredi. "Toutes les preuves sont chez Nissan, et Nissan interdit aux employés de me parler". Interrogé sur sa vie au centre de détention, l'ex-PDG de l'alliance Renault-Nissan a indiqué connaître "des hauts et des bas" mais "aller bien".

Selon son équipe de défense, il pourrait rester en prison jusqu'à son procès, qui n'aura pas lieu avant des mois. Il risque jusqu'à 15 ans de prison.


"Je ne suis pas avocat"
Concernant les accusations d'abus de confiance, Carlos Ghosn a affirmé que le versement de près de 15 millions d'euros à un milliardaire saoudien, Khaled Juffali, issu de la "réserve du PDG", avait été approuvé "par le responsable de la région" et d'autres cadres. Idem pour l'achat de luxueuses résidences à Rio de Janeiro et à Beyrouth, que Nissan l'accuse d'avoir payé illégalement. Il a été validé par le service juridique de l'entreprise, affirme M. Ghosn, expliquant qu'il lui "fallait un endroit sûr où il pouvait travailler et recevoir des gens à la fois au Brésil et au Liban".

Nissan reproche par ailleurs à son ancien patron d'avoir reçu une rémunération totale de 7,82 millions d'euros de la part de la filiale néerlandaise Nissan-Mitsubishi B.V. (NMBV). Là aussi, il plaide "une déformation de la réalité". "Ai-je fait quelque chose d'inapproprié? Je ne suis pas avocat", a-t-il lancé. "Tout le monde était au courant, pourquoi ne me l'ont-ils pas dit" si c'était illégal ?

Le Franco-Libano-Brésilien a perdu tous ses titres depuis son interpellation surprise qui a plongé l'alliance dans la tourmente. Il a été révoqué fin novembre de la présidence des conseils d'administration de Nissan et Mitsubishi Motors, et a démissionné la semaine dernière de Renault.



Lire aussi
Renault : le tandem constitué de Senard et Bolloré aux commandes

Dans l'attente d'une décision, Carlos Ghosn promet de rester au Japon si libéré

Affaire Carlos Ghosn : Paris dément avoir proposé une fusion Renault-Nissan

De Carlos Ghosn aux gilets jaunes : la responsabilité en question

Dans une lettre à HRW, Carole Ghosn dénonce le traitement « cruel et inhumain » infligé à son époux

Carlos Ghosn, incarcéré à Tokyo pour des malversations financières présumées, a pris la parole mercredi pour la première fois dans la presse, s'en prenant ouvertement aux dirigeants de Nissan qu'il accuse de "complot et de trahison". Il s'agit du tout premier entretien qu'il accorde à la presse dans la prison de Tokyo où il est détenu depuis son arrestation le 19 novembre. ...

commentaires (5)

Malheureusement il paye pour l'accord Renault, Nissan et Mitsoubishi. Il faut se méfier de la race jaune . On dit que les Chinois , même les autres asiatique, ils préfèrent les jaunes , ils tolèrent les blancs alors les noirs n'en parlons pas ils ne sont pas des êtres humains

Eleni Caridopoulou

20 h 20, le 30 janvier 2019

Tous les commentaires

Commentaires (5)

  • Malheureusement il paye pour l'accord Renault, Nissan et Mitsoubishi. Il faut se méfier de la race jaune . On dit que les Chinois , même les autres asiatique, ils préfèrent les jaunes , ils tolèrent les blancs alors les noirs n'en parlons pas ils ne sont pas des êtres humains

    Eleni Caridopoulou

    20 h 20, le 30 janvier 2019

  • Au delà du dossier juridique, l'on découvre que le droit de l'accusé est relatif et la préemption d'innocence encore plus. De quoi réfléchir avant d'aller au Japon et encore plus dans un restaurant Sushi!

    PPZZ58

    19 h 53, le 30 janvier 2019

  • Un vrai complot contre l'Homme qui a pu relever le défi. Triste .

    Antoine Sabbagha

    17 h 00, le 30 janvier 2019

  • Carlos, on pense à vous, dans ces moments difficiles. J'irai au Japon pour vous remonter le moral, avec des oranges bien sûr, et surtout, tenez bon, vous qui êtes bâti en bois de cèdre. Pour avoir une idée plus précise sur les conditions de détention de notre compatriote : https://www.challenges.fr/monde/la-prison-de-carlos-ghosn-vue-par-un-ancien-detenu_

    L'ARCHIPEL LIBANAIS

    12 h 36, le 30 janvier 2019

  • Vous voyez que ça peut arriver, le complot, dans des institutions et des pays placés au dessus de tout soupçon juridiques. Mais il est évident que c'est un complot contre le génie.

    FRIK-A-FRAK

    11 h 21, le 30 janvier 2019

Retour en haut