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Liban - Liban-Nord

Partielle de Tripoli : vers une bataille... sauf entente de dernière minute

Pour les haririens, Achraf Rifi est « l’élément perturbateur » de la compétition.

Les députés sunnites du 8 Mars réunis hier. Photo ANI

On est en droit de s’attendre à une bataille électorale « chaude » à Tripoli, lors de la partielle destinée à pourvoir au siège sunnite vacant de la ville après l’invalidation, par le Conseil constitutionnel, de la députation de Dima Jamali, relevant du courant du Futur. Sauf que les observateurs n’excluent pas une possible entente élargie qui épargnerait à la capitale du Liban-Nord une nouvelle compétition épuisante, un an à peine après les législatives de mai 2018, et assurerait la réélection d’office de la candidate du Futur.

Il va sans dire que la bataille de la partielle de Tripoli représente une opportunité pour le Futur pour tenter de consolider sa prépondérance au sein de la communauté sunnite. C’est d’ailleurs là que réside l’importance de la décision de Mohammad Kabbara, autre député de Tripoli gravitant dans l’orbite des haririens, de rester à son poste « pour continuer à servir les habitants de Tripoli », comme on peut lire dans un communiqué publié vendredi. Le député mettait ainsi un terme aux rumeurs ayant circulé récemment dans certains médias. Selon ces spéculations, M. Kabbara envisageait de démissionner afin de paver la voie à son fils, Karim, pour faire son entrée à l’hémicycle.

Mais pour Moustapha Allouche, ancien député de la ville, la bataille électorale prévue, en principe, dans deux mois est à placer sous le signe de l’opposition au régime syrien. « Il est vrai que la compétition porte sur un seul siège. Mais, dans le fond, la compétition est articulée autour de la volonté – ou non – de soumettre la décision de Tripoli aux alliés du régime syrien », explique M. Allouche à L’Orient-Le Jour.


(Lire aussi : Partielle de Tripoli : tout le monde s’observe en attendant de trancher)


Le choix de Rifi

Si la formation de Saad Hariri bénéficie d’une importante base populaire à Tripoli, certains observateurs estiment que la campagne dirigée par le Hezbollah contre Fouad Siniora – avec, en toile de fond, l’affaire des fameux onze milliards de dollars dont l’emploi serait, selon les détracteurs du camp Hariri, douteux – pourrait bien aider le Futur à remporter la bataille de Tripoli. Sauf que M. Allouche ne voit pas les choses sous cet angle. Pour lui, il est « normal qu’une attaque aussi violente resserre les rangs de la communauté sunnite ». Il s’empresse, toutefois, de nuancer ses propos. « En dépit de l’appui de Nagib Mikati, ancien chef de gouvernement, et de Mohammad Safadi, ex-ministre des Finances, la bataille comporte certains éléments perturbateurs, notamment l’ancien ministre Achraf Rifi », explique l’ex-député. Et d’estimer qu’une éventuelle décision de M. Rifi de prendre part à la compétition pourrait donner une bouffée d’oxygène au camp du 8 Mars.

Moustapha Allouche exprimait ainsi des craintes quant à un possible partage des voix anti-8 Mars entre Dima Jamali, soutenue par le Futur, et le candidat qu’appuierait Achraf Rifi.

Quoi qu’il en soit, l’ancien ministre de la Justice et farouche opposant aux choix politiques de Saad Hariri depuis 2016 n’a toujours pas dit son dernier mot. Il entend annoncer sa décision finale le 14 mars, une date particulièrement symbolique pour le courant souverainiste auquel appartiennent aussi bien M. Hariri que son ancien allié. Cette lenteur, des observateurs l’expliquent par la possibilité, pour Achraf Rifi, d’arriver à conclure une entente avec le Premier ministre à l’issue d’éventuelles tractations politiques. D’autant que M. Rifi n’a pas tardé à exprimer son soutien indéfectible à Fouad Siniora, en sa qualité d’« homme d’État », comme il l’a décrit sur son compte Twitter.

Mais dans les milieux de l’ex-ministre, on est soucieux de mettre les points sur les « i » : Achraf Rifi n’a pas encore pris sa décision, mais pourrait fort probablement prendre part à la compétition, souligne-t-on à L’OLJ, avant de faire savoir que l’appui à Fouad Siniora ne saurait être interprété comme un soutien au Futur. L’ancien ministre de la Justice ne fait que stigmatiser les accusations de corruption lancées contre la communauté sunnite de la part du Hezbollah, souligne-t-on de même source.


(Lire aussi : Les détracteurs de Hariri accordent leurs violons avant la bataille)



Tout comme Achraf Rifi, la « Rencontre consultative », le sous-groupe rassemblant les députés sunnites hostiles à M. Hariri, continue d’accorder ses violons avant la bataille. À l’instar de M. Rifi, les députés en question temporisent toujours au sujet de la partielle, alors même que la décision du Conseil constitutionnel a été rendue à la faveur d’un recours présenté par Taha Nagi, candidat malheureux sur la liste parrainée par les Ahbache (islamistes prosyriens) et Fayçal Karamé, député de Tripoli et membre de la « Rencontre », lors des législatives de mai 2018.

Réunis hier au domicile de Fayçal Karamé, les députés sunnites du 8 Mars sont revenus à la charge, critiquant la décision du CC. « La convocation à une élection partielle dans la circonscription de Tripoli est une arnaque », souligne un communiqué publié à l’issue de la réunion.

Contactée par L’OLJ, une source proche de la « Rencontre consultative » confie que ce groupe n’a pas encore tranché la question de sa participation au scrutin tripolitain. Il attend que soit publié dans le Journal officiel le décret de convocation du collège électoral, précise-t-on, assurant toutefois qu’il n’est pas question de s’entendre avec Saad Hariri sur ce plan.


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ENTENTE POUR ELIRE DE NOUVEAU DIMA JAMALI ET FAIRE ECHOUER LE COMPLOT !

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06 h 05, le 06 mars 2019

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  • ENTENTE POUR ELIRE DE NOUVEAU DIMA JAMALI ET FAIRE ECHOUER LE COMPLOT !

    LA LIBRE EXPRESSION

    06 h 05, le 06 mars 2019

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