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À La Une - reportage

Des femmes évacuées de l'ultime réduit de l'EI en Syrie vantent le "califat"

"Je souhaite le retour du califat islamique et son expansion aux quatre coins du monde", déclare une jeune femme dissimulée derrière son niqab.

Des femmes et enfants ayant fui le dernier réduit de l'Etat islamique, dans la localité de Baghouz, dans le Nord syrien, à l'arrière d'un camion, le 22 février 2019. AFP / Bulent KILIC

Dans le désert syrien, une femme couverte de noir tout juste sortie du dernier réduit du groupe Etat islamique (EI) clame que le "califat" n'est pas fini, une autre promet de faire de son fils un futur jihadiste. A peine descendus des bus qui ont transporté vendredi 2.000 personnes depuis l'ultime bastion de l'EI, femmes, enfants et hommes sont conduits vers un premier point de rassemblement dans le désert oriental de la province de Deir ez-Zor. La rage au cœur, le regard défiant, certaines femmes n'hésitent pas à défendre haut et fort l'EI, désormais terré dans une zone de moins d'un demi-kilomètre carré dans le village de Baghouz.

"Mon fils grandira un jour et deviendra un jihadiste", lance en turc l'une d'entre elles à une équipe de l'AFP. Un sac vert sur le dos, elle poursuit nerveusement son chemin à travers la foule.

Tenu par les Forces démocratiques syriennes (FDS), une alliance kurdo-arabe soutenue par la coalition internationale anti-EI dirigée par Washington, ce poste improvisé sert à identifier, entre autres, les éventuels jihadistes.

Dans un coin, des femmes sont assises à même le sol, certaines avec leurs enfants, pendant que d'autres font la queue pour se faire fouiller minutieusement par des combattantes des FDS. "Nous sommes des sympathisantes de l'EI", martèlent trois d'entre elles, interrogées sur leur origine.

Allaitant son nouveau-né, une autre femme affirme venir de la province de Deir ez-Zor. "Qui a dit que nous avions faim là-bas ?", lance-t-elle fièrement, contredisant le récit de certaines familles, poussées par la faim à fuir la dernière poche de l'EI.


(Lire aussi : Les femmes du califat, des "épouses" aux "combattantes")


"Impuissantes" 
Nombreuses sont celles qui ne cachent pas leur amertume de voir le "califat" se réduire comme peau de chagrin.
A son apogée en 2014, l'EI régnait sur un territoire vaste comme la Grande-Bretagne. Désormais, l'organisation ultra-radicale ne contrôle plus que quelques pâtés de maisons aux confins orientaux de la Syrie.

"Les choses se sont (juste) compliquées", résume la jeune mère. "Nous ne voulions pas sortir à la base, et si l'ordre n'avait pas été donné par le calife, nous ne serions pas partis", poursuit-elle, faisant allusion au chef de l'EI, Abou Bakr al-Baghdadi, toujours porté disparu. "Je souhaite le retour du califat islamique et son expansion aux quatre coins du monde", renchérit-elle, dissimulée derrière son niqab.

En face, des hommes accroupis en file indienne attendent leur tour pour être fouillés. L'un d'eux, amputé en dessous de la taille, porte une prothèse de jambe et tente de suivre le mouvement en s'appuyant sur ses béquilles. D'autres profitent du temps mort pour prier.

Séparées de la gente masculine, les femmes attendent elles aussi, accompagnées de leurs enfants, parfois en bas âge, leurs valises et sacs à proximité.

Les FDS "veulent lancer une campagne (militaire) et nous, les femmes, sommes impuissantes", regrette l'une d'elles, interrogée sur les raisons qui ont poussé femmes et enfants de jihadistes à quitter massivement la dernière poche de l'EI cette semaine.  

Accusant l'EI d'utiliser les civils comme "boucliers humains", les FDS et la coalition anti-EI ont ralenti leurs opérations dans l'espoir d'en évacuer le plus grand nombre. Depuis mercredi, quelque 5.000 personnes ont quitté le réduit jihadiste.

"Nous avions juste peur des bombardements, pas d'autre chose. Pas même de la faim. Le califat islamique ne disparaîtra pas si Dieu le veut", lance Oum Abdel Rahmane, 25 ans. En compagnie de son mari, un jihadiste qui dit avoir abandonné le combat après avoir été blessé lors d'une bataille, la jeune femme ajoute : "Nous vivions bien, pour nous il n'y avait pas de radicalisme".



(Lire aussi : Urgence humanitaire face à l'afflux de civils quittant le réduit de l'EI en Syrie)


"Nous sommes heureuses" 
Interrogée sur le rôle et le sort du chef de l'EI, Oum Abdel Rahmane raconte : "Nous écoutions ses discours, ils étaient suivis par tout le monde". "Nous sommes honorés qu'il soit notre calife", ajoute-t-elle.

Baghdadi a fait une célèbre apparition publique, en juillet 2014, à la mosquée al-Nouri de Mossoul, grande ville du nord irakien, reprise en juillet 2017 à l'EI. Depuis, il ne s'est plus exprimé que dans des enregistrements sonores dont le dernier remonte à août 2018, huit mois après que l'Irak a déclaré avoir gagné sa guerre contre l'EI.

Si la colère et la défiance guident certaines des femmes évacuées de l'ultime poche jihadiste en Syrie, d'autres peinent à cacher leur joie. "Il n'était plus possible de rester à l'intérieur ni de sortir" à cause des montants vertigineux réclamés par des passeurs, raconte Sabah Mohamad Chehab, originaire d'Alep et mère d'une fille de trois mois. Certains passeurs demandaient jusqu'à 2.000 dollars par personne, précise-t-elle avant d'ajouter, de paire avec sa voisine : "Nous sommes heureuses d'être enfin sorties".



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Dans le désert syrien, une femme couverte de noir tout juste sortie du dernier réduit du groupe Etat islamique (EI) clame que le "califat" n'est pas fini, une autre promet de faire de son fils un futur jihadiste. A peine descendus des bus qui ont transporté vendredi 2.000 personnes depuis l'ultime bastion de l'EI, femmes, enfants et hommes sont conduits vers un premier point de rassemblement...

commentaires (8)

Ce sont des terroristes. Il faut les juger pour crimes contre humanité dans les pays où ils les ont commis. Ce n'est pas très compliqué.

Jean abou Fayez

22 h 57, le 24 février 2019

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Commentaires (8)

  • Ce sont des terroristes. Il faut les juger pour crimes contre humanité dans les pays où ils les ont commis. Ce n'est pas très compliqué.

    Jean abou Fayez

    22 h 57, le 24 février 2019

  • Faire revenir les femmes et les enfants dans leur pays d'origine est absurde au vu de ce que ces personnes affirment aujourdh'ui: apprendre a leurs enfants de devenir des djihadistes La seule solution malheureusement est de les enfermer dans cette region et enlever les enfants a ces meres horribles qui veulent faire de leurs enfants des martyrs et les confier a des aides sociale Les enfants de 5 ans et plus qui ont tue pour le Plaisir meme sous la contrainte de leurs parents devraient rester emprisonner avec leurs meres afin que la haine qu'ils ont en eux ne les fassent faire des attentats des leur jeune age

    LA VERITE

    17 h 14, le 24 février 2019

  • Si certains peuvent retourner en Europe ou en Amérique du Nord , ce sera un enfer pour eux ...il y a l’administration de ces pays qui ne pas leur faire de cadeau et il y a le peuple qui va les passer au mixeur. Mieux vaut qu’ils trouvent d’autres contrées pour ceux qui peuvent rester en liberté et vivants .

    L’azuréen

    14 h 27, le 24 février 2019

  • et des familles en France, réclament le retour de leurs filles et de leurs petits-enfants !! ils croient qu'avec "amour" ils vont retourner à la "normale" erreur ! pas de pitié

    Talaat Dominique

    13 h 37, le 24 février 2019

  • Le fanatisme n'a pas de remède et c'est la pire des maladies dont souffrent certains dans ce monde. Le fanatisme est l'aveuglement absolu.

    Sarkis Serge Tateossian

    10 h 51, le 24 février 2019

  • ABRUTIS OCCIDENTAUX, ACCUEILLEZ-LES DE NOUVEAU CHEZ VOUS ! REINTRODUISEZ LA SPORE DU MAL DANS VOS SOCIETES ! L,ABRUTISSEMENT VOUS AVEUGLE...

    LA LIBRE EXPRESSION

    10 h 34, le 24 février 2019

  • Idéologie, politicologue-religieuse, le "califat...universel" marque au fond du cœur les djihâds tes...et personne ne peut dire pour aucun djihâdiste qu'il va se séparer au moins mentalement de "son djihâd" Ils peuvent avoir perdu les terres rapidement conquises, mais n'abandonneront pas facilement leur "rêve de califat", califat qui va leur faire reconquérir tout le "pouvoir musulman authentique" qui leur a été volé par les occidentaux et leurs alliés faux musulmans, aujourd'hui au pouvoir D'une manière ou d'une autre, les djihadistes vont revenir...que peut il être fait pour les en dissuader? Un séjour en prison? des cures de de radicalisation?... On comprend l'hésitation des occidentaux à "accepter leur retour" dans les pays dont souvent ils sont devenus "des nationaux" administrative n'y, sans en partager la culture et l'histoire

    Chammas frederico

    10 h 21, le 24 février 2019

  • Ça tombe bien pour vous les femmes wahabites , l'Europe a BESOIN de vous , encore . D'autres missions vous attendent ailleurs .

    FRIK-A-FRAK

    09 h 34, le 24 février 2019

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