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À La Une - justice

Renault : Ghosn perd une partie de sa rémunération et change son équipe de défense

L'homme d'affaires franco-libano-brésilien s'engage à "rétablir" son "innocence" et à "faire la lumière sur les circonstances" qui ont conduit à son "injuste détention".

L'homme d'affaires franco-libano-brésilien Carlos Ghosn a changé, mercredi 13 février 2019, son équipe de défense dans un nouveau rebondissement d'une saga qui secoue le monde des affaires depuis trois mois. Photo d'archives. REUTERS/Benoit Tessier

Le patron déchu de l'alliance Renault-Nissan Carlos Ghosn, détenu dans une prison de Tokyo pour des malversations financières présumées, a été privé mercredi par le Conseil d'administration du constructeur automobile français de son indemnité de non-concurrence et de sa rémunération en actions, soit environ 30 millions d'euros, au moment où il muscle son équipe de défense.

"Le Conseil a décidé à l'unanimité (...) de renoncer au bénéfice de l'engagement de non-concurrence souscrit par M. Ghosn et, en conséquence, de ne pas lui verser l'indemnité correspondante égale à deux ans de rémunération fixe et variable", a déclaré Renault dans un communiqué.
Cette clause, qui interdirait à M. Ghosn de travailler pour un concurrent pendant une période de deux ans, représente environ quatre millions d'euros, selon des estimations du cabinet de conseil aux investisseurs Proxinvest réalisées à partir des rapports annuels du groupe français.

L'ancien patron perd également ses droits à "l'acquisition définitive" des actions qui lui ont été attribuées entre 2015 et 2018 en tant que PDG car la "condition de présence au sein de Renault (...) n'est pas remplie". Ces actions comprennent d'une part "une rémunération variable pour les exercices 2014 à 2017" et d'autre part "des plans d'attribution d'actions de performance pour les années 2015 à 2018", a expliqué le constructeur automobile.

De 2015 à 2017, Renault attribuait chaque année 100.000 actions de l'entreprise à M. Ghosn, qu'il pouvait percevoir quatre ans plus tard, avec toutefois une condition de présence dans l'entreprise et une condition de performance en tant que dirigeant. Sur l'année 2018, le groupe lui a attribué 80.000 actions.

La perte de ces droits représente environ 21,6 millions d'euros au cours actuel de l'action (à peu près 57 euros), toujours selon Proxinvest, auxquels s'ajoutent quatre millions d'euros au titre de la part différée de la rémunération variable entre 2014 et 2017. C'est donc une rémunération totale de 29,6 millions d'euros qui échappe à Carlos Ghosn, incarcéré au Japon depuis novembre pour des malversations financières et abus de confiance présumés.


(Lire aussi : Dans sa première interview depuis son arrestation, Ghosn dénonce un "complot et une trahison")


"Rétablir mon innocence"
L'avocat français de Carlos Ghosn, Me Jean-Yves Le Borgne, n'a pas exclu de contester la décision de Renault. "Nous verrons le moment venu" si elle "est ou non conforme au contrat passé", a-t-il déclaré, assurant que la rémunération de son client ne relevait pas de "l'arbitraire" mais de "dispositions contractuelles".

Bruno Azière, un responsable syndical dans le groupe automobile, a dit de son côté "accueillir positivement les décisions" prises par Renault, notamment la non-activation de la clause de non-concurrence".
"C'est une décision qui nous paraît extrêmement sage et pertinente au regard de la situation de Carlos Ghosn et du contexte social actuel", notamment le mouvement des "gilets jaunes", a réagi Charles Pinel, un associé de Proxinvest, auprès de l'AFP.

Plus tôt dans la journée, le bâtisseur de l'alliance automobile Renault-Nissan-Mitsubishi Motors avait décidé de changer son équipe de défense. Son cabinet d'avocats avait annoncé sans explications que Motonari Otsuru, un ancien procureur qui assurait sa défense, avait remis sa démission, ainsi que son confrère Masato Oshikubo.

M. Ghosn expliquait peu après "avoir décidé" d'engager Me Junichiro Hironaka, célèbre au Japon, au moment d'aborder "la phase du procès". "Je suis impatient de pouvoir me défendre, avec vigueur, et ce choix représente pour moi la première étape d'un processus visant non seulement à rétablir mon innocence, mais aussi à faire la lumière sur les circonstances qui ont conduit à mon injuste détention", a-t-il dit dans une déclaration envoyée à la presse.

Selon Jean-Yves Le Borgne, ce changement d'avocat vise à "donner un caractère peut-être plus vigoureux à sa défense" au Japon. C'est Carlos Ghosn qui "a décidé de solliciter un nouvel avocat" et non son ancien conseil qui a pris la décision d'abandonner la défense de l'ex-PDG, a-t-il assuré.

Me Hironaka a désormais la délicate mission de défendre l'ancien capitaine d'industrie naguère vénéré dans l'archipel nippon pour avoir sauvé le constructeur japonais Nissan de la faillite et qui y est aujourd'hui vilipendé.

M. Ghosn a démissionné fin janvier de ses fonctions de PDG chez Renault. Il est encore simple membre du conseil d'administration de l'entreprise, fonctions qu'il devrait également perdre à la prochaine assemblée générale des actionnaires prévue pour le printemps.



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commentaires (4)

on lui supprime quelque milliers d'euros, alors qu'il a fait de ce groupe le N° 1 mondial et gagner des millions Ils ne savent pas quoi inventer pour lui faire des reproches. Jusqu'à ce jour, Nissan comme Renault n'ont fourni aucune preuve des accusations portées sur cette homme. Cette injustice n'a pas de fin ?????

FAKHOURI

19 h 10, le 14 février 2019

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Commentaires (4)

  • on lui supprime quelque milliers d'euros, alors qu'il a fait de ce groupe le N° 1 mondial et gagner des millions Ils ne savent pas quoi inventer pour lui faire des reproches. Jusqu'à ce jour, Nissan comme Renault n'ont fourni aucune preuve des accusations portées sur cette homme. Cette injustice n'a pas de fin ?????

    FAKHOURI

    19 h 10, le 14 février 2019

  • Attendre la fin de ce calvaire, de cette injustice. Encore combien de temps ?

    Sarkis Serge Tateossian

    01 h 13, le 14 février 2019

  • LE COMPLOT NISAN DE L,ECHEC CONTRE GHOSN DU SUCCES NE DOIT PAS PASSER...

    LA LIBRE EXPRESSION

    19 h 36, le 13 février 2019

  • Sûrement ils ont été menacés, n'oubliez pas que la mafia japonaise est la pire des pires

    Eleni Caridopoulou

    12 h 42, le 13 février 2019

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