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À La Une - Témoignage

"Il m'a manipulée": une ex-religieuse française dénonce les abus sexuels d'un prêtre

Née en Ukraine, arrivée en France à 23 ans pour rejoindre une école d'évangélisation avant d'entrer au Carmel, Claire Maximova a rapidement perdu pied dans un monastère "mourant".

Une religieuse embrasse la main du pape François, le 6 février 2019 au Vatican. Photo AFP / Andreas SOLARO

"Il m'a manipulée": une ancienne carmélite dénonce dans un livre des abus sexuels allant jusqu'au viol imposés par un prêtre alors qu'elle était religieuse, appelant l'Eglise catholique à une "prise de conscience".

Le pape François a reconnu mardi que des prêtres et des évêques avaient agressé sexuellement des religieuses, et a exprimé sa volonté "d'avancer" sur cette question. Ces propos sont "un espoir" mais "il y a beaucoup à faire", selon Claire Maximova, une ancienne sœur qui a raconté son histoire dans un livre, "La tyrannie du silence" (éditions Le Cherche Midi).

Née en Ukraine, arrivée en France à 23 ans pour rejoindre une école d'évangélisation avant d'entrer au Carmel, elle a rapidement perdu pied dans un monastère "mourant" où elle a notamment le sentiment que toutes ses initiatives sont bridées. "J'étais complètement aplatie, j'ai perdu ma personnalité", résume cette femme blonde à la voix délicate. Elle rencontre alors un prêtre charismatique, auprès de qui elle trouve un appui spirituel. Jusqu'au jour où, au parloir, il cherche à l'embrasser, dit-elle. Elle cesse alors tout contact mais, deux ans plus tard, alors qu'elle a trouvé un travail à l'extérieur, elle se tourne à nouveau vers lui.

Vulnérable, isolée, "je lui étais servie sur le plateau", estime-t-elle. Selon son récit, il lui impose alors des agressions sexuelles, allant jusqu'au viol, sur une période d'un an et demi. "A chaque fois, il me dit que c'est la dernière fois, qu'il ne recommencera jamais". Dans ses lettres, "je lisais ce qui me convenait et je fermais les yeux sur ce qui ne me convenait pas, tout simplement parce que je n'avais pas le choix", assure-t-elle. "Pour comprendre que j'étais sous emprise, cela m'a pris du temps", ajoute-t-elle, estimant avoir été "manipulée".


(Lire aussi : Les religieuses "esclaves sexuelles", un nouveau coup pour l'Eglise catholique)

"Naufragée" de l'Église

En 2017, choquée par la réaction du supérieur du prêtre à qui elle raconte son histoire, elle décide de porter plainte: une enquête préliminaire est en cours, confirme à l'AFP le parquet compétent. Le prêtre et son responsable, à l'étranger, n'étaient pas joignables vendredi.

Un procès canonique a aussi été engagé, mais l'ancienne religieuse n'en a pas de nouvelle. Depuis, celui qu'elle désigne comme son agresseur, dont elle ne dévoile pas le nom dans son livre, est toujours "prieur", c'est-à-dire supérieur d'un monastère.

"J'ai donné ma vie à l'Église depuis l'âge de 15 ans, [je suis] éjectée, et lui, avec tout ce qu'il a fait, il brille sous les applaudissements, il est protégé", regrette-t-elle.

A 44 ans, devenue enseignante, elle a "beaucoup de mal à aller à la messe", et ne se confesse plus. Pour autant, elle ne se voit pas "quitter l'Église" où elle a "vécu des choses très belles". "Je suis un peu comme un naufragé qui nage autour du Titanic et qui dit: +j'aurais bien aimé remonter mais...+", décrit-elle.

Avec son livre, elle a voulu "apporter des éclairages" aux autres victimes. Elle a tenu à le faire à visage découvert car, insiste-t-elle, "Ce n'est pas à moi d'avoir honte, c'est à lui". Elle appelle aussi à une véritable "prise de conscience". Chez les fidèles, "les mentalités ont progressé" mais si les responsables de l'Église "commencent à dire qu'ils ont pris conscience, au niveau des actes, je ne vois rien qui bouge".


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