Le Vatican a retiré lundi la référence à la "psychiatrie" dans la déclaration faite la veille par le pape François, interrogé sur l'homosexualité, soulignant que le souverain pontife ne voulait pas évoquer cette question comme "une maladie psychiatrique". AFP / WMOF18 / MAXWELL
Le Vatican a retiré lundi la référence à la "psychiatrie" dans la déclaration faite la veille par le pape François, interrogé sur l'homosexualité, soulignant que le souverain pontife ne voulait pas évoquer cette question comme "une maladie psychiatrique".
Le pape argentin avait recommandé dimanche le recours à la psychiatrie lorsque des parents constatent des penchants homosexuels dès l'enfance chez leur progéniture, au cours d'une conférence de presse dimanche dans l'avion qui le ramenait d'Irlande à Rome.
Il est nécessaire de tenir compte de l'âge des personnes, avait expliqué le pape, interrogé sur ce qu'il dirait à des parents constatant les orientations homosexuelles de leur enfant. "Quand cela se manifeste dès l'enfance, il y a beaucoup de choses à faire, par la psychiatrie, pour voir comment sont les choses. C'est autre chose quand cela se manifeste après vingt ans", avait dit Jorge Bergoglio.
Le mot "psychiatrie" a été retiré du verbatim publié lundi par le service de presse du Vatican, "pour ne pas altérer la pensée du pape", a expliqué à l'AFP une porte-parole du Vatican. "Quand le pape se réfère à la +psychiatrie+, il est clair qu'il le fait comme un exemple qui rentre dans les différentes choses qui peuvent être faites", a-t-on expliqué de même source. "Mais avec ce mot, il n'avait pas l'intention de dire qu'il s'agissait d'une maladie psychiatrique, mais que peut-être il fallait voir comment sont les choses au niveau psychologique", a ajouté cette porte-parole.
Ce n'est pas la première fois que le Vatican retouche des déclarations faites par le pape, lors de la traditionnelle conférence de presse qu'il donne dans l'avion du retour de ses voyages à l'étranger. Selon l'agence I.Media, spécialisée sur le Vatican, le service de presse du Saint-Siège avait en 2007 retiré une phrase entière prononcée par Benoît XVI. Dans cette phrase alors supprimée, il affirmait au sujet de Mgr Oscar Romero, archevêque de San Salvador, assassiné en 1980: "Je ne doute pas que lui-même mérite d'être béatifié, mais nous devons considérer le contexte".
"Je ne dirai pas un mot"
Lors de sa conférence de presse, le pape François a par ailleurs refusé de commenter les déclarations d'un ex-ambassadeur du Vatican à Washington, l'archevêque Carlo Maria Vigano, qui l'accuse dans une lettre ouverte d'avoir annulé des sanctions contre le cardinal américain Theodore McCarrick, en faisant fi de signalements de son "comportement gravement immoral avec des séminaristes et des prêtres".
"Je ne dirai pas un mot là-dessus. Je pense que le communiqué parle de lui-même", a déclaré le souverain pontife aux journalistes. "Lisez attentivement le communiqué et faites-vous votre propre jugement", leur a-t-il conseillé.
"La corruption a atteint le sommet de la hiérarchie de l'Eglise", affirme dans sa lettre Mgr Vigano, en allant jusqu'à demander la démission du pape. Cette lettre, confirmée par son auteur, a été publiée samedi dans plusieurs publications catholiques américaines de tendance traditionaliste ou ultra-conservatrice ainsi que dans un quotidien italien de droite.
L'ancien nonce apostolique aujourd'hui à la retraite y met aussi en cause nommément nombre de hauts prélats de la Curie romaine. "Le Vatican n'a aucun commentaire immédiat", a déclaré une porte-parole du Saint-Siège interrogée sur les accusations de Mgr Vigano.
Le cardinal McCarrick, 88 ans, a été accusé fin juillet d'abus sexuels et interdit d'exercer son ministère, un scandale qui a ébranlé la hiérarchie de l'Eglise catholique américaine. Le pape a aussi accepté sa démission de son poste de cardinal, un fait quasi-inédit dans l'histoire de l'Eglise. L'homme a été accusé d'abus par un adolescent, des faits remontant à des décennies mais qui n'étaient pas connus publiquement.
(Lire aussi : En Irlande, le pape François demande pardon aux victimes d'abus)
La visite de deux jours du pape François en Irlande a été très focalisée sur les abus commis au sein de l'Eglise, que ce soit des abus sexuels ou les filles-mères auxquelles on a retiré les enfants pour les faire adopter. L'Eglise catholique est dans la tourmente avec des accusations mettant en cause des actes pédophiles commis en toute impunité par des membres de son clergé pendant des décennies, de l'Irlande aux Etats-Unis en passant par le Chili, et des appels des victimes à agir pour que les responsables soient sanctionnés.
Lors d'une messe géante à Dublin dimanche, le pape a égrené une longue liste de "pardons" aux victimes d'abus commis par le clergé ou des institutions religieuses en Irlande, et notamment aux "enfants qui furent éloignés de leur mères" parce qu'elles avaient été enceintes hors mariage. Le souverain pontife a aussi pointé du doigt "des membres de la hiérarchie de l'Eglise" qui ont "gardé le silence".
Depuis 2002, plus de 14.500 personnes se sont déclarées victimes d'abus sexuels commis par des prêtres en Irlande, et la hiérarchie de l'Église irlandaise est accusée d'avoir couvert les agissements de centaines de prêtres. L'ampleur de ces scandales explique en partie la perte d'influence de l'Eglise sur la société irlandaise ces dernières années.
Repère
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commentaires (4)
CHER PAPE FRANCOIS, L,HOMOSEXUALITE EST UNE CHOSE ET L,ABUS SEXUEL DES PRETRES SUR DES ENFANTS UNE AUTRE !
LA LIBRE EXPRESSION
20 h 11, le 27 août 2018