Les graves crises politiques en Amérique latine et les catastrophes naturelles dans la région se sont imposées au pape François quelques heures avant de quitter dimanche le Panama, où il a rencontré pendant cinq jours des centaines de milliers de pèlerins pour les Journées mondiales de la jeunesse (JMJ).
Dans sa prière de l'Angélus, au dernier jour de sa visite, François a réclamé une "solution juste et pacifique pour surmonter la crise (au Venezuela), en respectant les droits de l'homme". Le Venezuela vit une des plus graves crises politiques de son histoire: le président socialiste Nicolas Maduro, qui a reçu le soutien de l'armée vénézuélienne, accuse les États-Unis d'inciter l'opposant de droite Juan Guaido, autoproclamé président, à perpétrer un "coup d'État".
Le pape a également lancé un appel à la paix en Colombie après l'attentat du 17 janvier, revendiqué par la guérilla guévariste de l'ELN (Armée de libération nationale) et qui a fait 20 morts, outre l'auteur de l'attaque, et 68 blessés. Il a dénoncé la "haine terroriste", avant d'énumérer le nom des victimes.
François a aussi "fermement condamné" le double attentat de dimanche contre la cathédrale de Jolo, sur une île du sud des Philippines: un "épisode de violence qui endeuille à nouveau cette communauté chrétienne" dans ce bastion de l'organisation islamiste Abou Sayyaf.
Il a également exprimé sa "peine" pour les victimes de deux catastrophes qui se sont produites récemment au Mexique et au Brésil, faisant plus de 150 morts au total, selon des bilans provisoires. Le 18 janvier, au moins 114 personnes ont été tuées dans l'explosion au Mexique d'un oléoduc dans l'Etat d'Hildago (centre), qui avait été percé pour voler du pétrole. Au Brésil, au moins 37 personnes ont été tuées et 300 autres sont portées disparues après la rupture vendredi d'un barrage minier dans l'Etat du Minas Gerais (sud-est).
Enfin, à l'occasion de la Journée internationale du souvenir de l'Holocauste commis par les nazis contre les juifs, le pape a appelé "à apprendre des pages noires de l'Histoire pour ne jamais recommencer les mêmes erreurs".
La veille, le pape avait continué à balayer devant sa porte en reconnaissant que l'Eglise catholique, durement mise en cause dans les scandales de pédophilie, n'avait "pas su écouter tant de cris" des victimes. Des prélats du monde entier doivent débattre au Vatican fin février de "la protection des mineurs" au sein de l'Église. "C'est un chemin de croix. Probablement le pire que l'on puisse imaginer", a reconnu le porte-parole par intérim du Vatican, Alessandro Gisotti.
François a entamé dimanche dès 8H00 (13H00 GMT) sa dernière journée au Panama par la traditionnelle grand-messe finale devant 700.000 personnes, selon les organisateurs). Il a appelé les jeunes fidèles à vivre dans le "présent" et ne pas "attendre (leur) heure" pour "réaliser le rêve que le Seigneur a rêvé pour vous".
La veille au soir, il avait mis en garde les jeunes pèlerins contre la tentation de vivre dans le monde virtuel de l'internet: "Il ne suffit pas d'être connecté toute la journée pour se sentir reconnu et aimé. Se sentir considéré et invité à quelque chose est plus important qu'être +sur le réseau+" internet", avait-il plaidé devant les fidèles rassemblés pour la "veillée" sur une immense esplanade près de l'aéroport international de Panama.
A la fin de la messe dominicale, un responsable du Vatican a annoncé que la prochaine édition des JMJ, rendez-vous lancé par Jean-Paul II en 1986, aura lieu à Lisbonne en 2022.
Après la messe, François a rendu visite au Foyer du Bon Samaritain, où sont accueillies des personnes porteuses du virus VIH/Sida. Selon l'organisation ONUSIDA, 36,7 millions de personnes vivaient en 2016 avec le virus dans le monde, dont 21.000 au Panama. Dans l'après-midi, le pape François devait rencontrer des bénévoles qui ont contribué à l'organisation des JMJ, avant de s'envoler pour Rome, son départ étant prévu à 18H00 (23H00 GMT).
Le chef spirituel des 1,3 milliard de catholiques dans le monde a également abordé samedi la crise des vocations sacerdotales, dont la baisse ne se dément pas. Voyant une certaine "lassitude de l'espérance", il a estimé que cette dernière pouvait naître du fait de "ne pas savoir comment réagir face à l'intensité et à la perplexité des changements que, comme société, nous traversons". La chute du nombre des vocations sacerdotales qui frappe l'Église depuis des décennies est loin d'être enrayée. Selon les statistiques du Vatican, elle pouvait compter sur 414.969 prêtres fin 2016, contre 415.656 en 2015 et 415.792 en 2014.
Pourtant, le pape François a jusqu'ici fait la sourde oreille à ceux qui préconisent de mettre fin au célibat des prêtres, voire d'ouvrir la prêtrise aux femmes.
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